« Prison avec sursis pour avoir étranglé son chien »

Le dramatique sort du pauvre chat Oscar, qui a connu le martyr à Marseille, a posé dans l’opinion publique la question du droit des animaux. Nous l’avons maintes fois formulé : le « droit » n’est que le fruit d’un rapport de force, il n’existe pas autrement.

Voir les choses naïvement ne peut amener qu’illusion et déception. Voici justement un article de Ouest France qui est intéressant, parce qu’il traite d’un procès justement. Y a-t-il un effet « Oscar » ? La réponse est non.

« Animaux maltraités. Prison avec sursis pour avoir étranglé son chien

Sans faire l’amalgame avec le lanceur de chat de Marseille, le tribunal correctionnel de Saint-Malo a condamné une femme de 30 ans pour cruauté.

Une jeune Malouine s’était vantée début décembre d’avoir étranglé et noyé Flobio, un petit chien papillon âgé de trois ans. Son ex-concubin l’avait dénoncée.

Lors de son interpellation, la prévenue présentait une alcoolémie de 2,50 gr, sur fond de troubles de la personnalité.

« C’était soi lui, soi moi », déclare-t-elle à la barre. « Je ne sais pas ce qui m’a pris ce jour-là : j’étais déprimée. »

La SPA dénonce « une lâcheté »

La SPA s’était constituée partie civile, obtenant 650 € d’indemnisation. « Les cruautés envers les animaux sont le lot quotidien de l’association qui fait intervenir un vétérinaire deux fois par semaine, sans recourir à l’euthanasie. »

Le procureur a admis la situation de détresse morale de la jeune femme, qui a été condamnée à deux mois de prison avec sursis. »

Comme on le voit, il n’y a eu, en pratique, pas de peine concrète – mais le problème saute aux yeux. Cette personne a des troubles, la condamner n’a aucun sens – mais ne pas condamner un odieux meurtre est intolérable aussi.

C’est là le cœur d’un problème fondamental : même si on change le droit, ce qui est selon nous impossible dans cette société – la société, elle, est ce qu’elle est.

Même si l’on fait en sorte que des personnes maltraitant les animaux doivent servir dans des refuges – ce qui demande un encadrement gigantesque car on ne peut pas laisser les gens faire n’importe quoi, il faut également des financements conséquents, etc. – il y a le problème social : dans une société individualiste, en crise, avec des gens pétant les plombs, on ne résout pas les problème de manière simplement éducative : il faut un arrière-plan social.

Or, la situation est ce qu’elle est : la misère augmente, l’individualisme se diffuse comme moyen de s’en sortir, le social-darwinisme s’impose comme idéologie de la survie du plus fort.

A ce titre d’ailleurs, nombre de médias ont affirmé ces derniers temps que le nombre d’adoptants avait particulièrement augmenté, la SPA de Paris connaissant une hausse de 8 % d’adoptions.

Nous ne croyons pas une seconde que cela reflète la situation véritable, que ce soit une tendance réellement marquée en France. La SPA de Paris, qui a connu des déboires incessants, s’est sans doute ressaisi sur certains points, internet aide, et il est vrai que les refuges sont davantage visibles grâce à internet.

Cependant, il est difficile de croire que dans une société de plus en plus individualiste et barbare, il y ait une contre-vague spontanée aussi simplement que cela…

Et ce procès en est le témoin. L’injustice règne en maître – et nous ne voulons pas dire ici que, dans les conditions présentes, cette personne aurait dû être condamnée, il faut voir la réelle dimension de la question.

Ce qui signifie en clair : tant que le véganisme n’est pas une valeur hégémonique, une valeur considérée comme option positive par la majorité, et dans un cadre démocratique où les grandes entreprises de l’exploitation animale auront été écrasées – rien n’est possible.

Pour notre plus grand désespoir à court terme, mais pour notre plus grand espoir à moyen terme, et dans tous les cas comme seule option réaliste…