Interview de François Hollande par les industriels de l’exploitation animale

Hier, nous parlions du droit, et nous remarquions qu’il n’y a pas d’effet « Oscar ». Voyons maintenant ce qu’il en est de l’économie de l’exploitation animale.

Là encore, nous n’avons aucune illusion, mais la pétition en faveur de la modification du statut des animaux, lancée par 30 millions d’amis, avait fait grand bruit dans les médias (voir « Manifeste » sur le statut juridique des animaux en France).

De notre côté, nous avions remarqué les aides massives à l’industrie de l’exploitation animale, cela forçait au réalisme (voir Sommet de l’élevage : un milliard d’euros par an en soutien aux éleveurs).

Et de ce fait, on peut constater qu’hier, soit la veille de l’ouverture du salon de l’agriculture, le site « France agricole » a publié une interview du président François Hollande. Bien entendu, celui-ci se positionne totalement au service de l’exploitation animale….

Voici par exemple une question – réponse, celle en tout dernier.

Vous n’envisagez donc pas d’abandonner la consommation de viande ?

Je mange de la viande régulièrement et avec plaisir ! Beaucoup de Français voudraient sans doute pouvoir en manger davantage. Il faut savoir expliquer aux enfants l’origine de ce que nous mangeons. C’est notre devoir de parents et d’éducateurs.

C’est lamentable, mais en définitif simplement « politique », car ce qui compte ce n’est pas François Hollande, mais une tendance historique, qui concerne l’industrie de l’exploitation animale des prochaines années, que personne ne veut remettre en cause.

Voici par exemple une réponse du président, qui synthétise la stratégie d’élargissement mondial de l’exploitation animale.

Rappelons ici que de notre côté à LTD, nous ne pensons pas du tout que les choses s’améliorent et que la protection animale se développe, mais qu’au contraire il y a l’expansion mondiale de l’exploitation animale.  La production mondiale de « viande » va par exemple doubler d’ici 2050…

Cette tendance est très clairement visible dans la manière dont est ici expliqué la ligne de l’industrie de l’exploitation animale française :

« J’ai agi pour que le marché de la charcuterie chinois soit désormais ouvert aux entreprises françaises, il s’agit d’une avancée majeure. Je suis également attentif à la procédure chinoise sur les vins européens qui nous concerne directement. Le potentiel est gigantesque.

La Chine doit nourrir une population de plusieurs centaines de millions de consommateurs dont les exigences en termes de diversité et de qualité se rapprochent de plus en plus des nôtres.

Ensuite, il y a la question des investissements chinois que l’on doit regarder avec attention mais aussi intérêt. Si j’ observe ce qui s’est fait pour le lait, c’est une bonne nouvelle pour la Bretagne de savoir que cette entreprise chinoise créera d’ici à deux ans, 300 emplois, en alliance avec un grand groupe coopératif français. L’essentiel de la production sera destiné au marché chinois.

Permettez-moi de citer un autre pays : l’Arabie Saoudite. Grâce aux bons rapports que nous entretenons avec elle, nous avons favorisé l’apport de capitaux à la reprise de Doux avec des conséquences favorables pour l’emploi. De plus en plus de marchés s’ouvrent à nos producteurs. Je pense à la Turquie pour la filière bovine. »

Ce qui est dit ici est on ne peut plus clair. Le modèle « à la française », bref celui des pays « industrialisés » en général, doit se généraliser. Cela signifie encore plus de viande, encore plus de lait… Encore plus d’exploitation animale.

Nous avons déjà parlé de l’intensification de cette exploitation. A ce titre, l’exploitation des cochons va même être facilitée…
François Hollande résume cela ainsi :

« le ministre de l’Agriculture a décidé, avec son collègue de l’Environnement, d’introduire un régime plus simple pour accélérer les décisions de modernisation de certaines d’exploitations.

Il a commencé par le plus difficile : l’élevage porcin où les projets d’investissement vont relever d’une procédure d’enregistrement et non plus d’un mécanisme d’autorisation. »

Dans un même ordre d’idées, lorsqu’on l’interroge sur le « projet des 1.000 vaches », en Picardie, qui est un élevage de vaches géant, avec un méthaniseur de puissance industrielle, François Hollande refuse bien entendu d’opposer petite exploitation et grande exploitation.

Ici il se positionne entre le petit et le grand capitalisme, ce qui montre bien que de toutes façons le petit capitalisme n’est pas substantiellement différent du grand. On notera que dans la réponse, il en profite pour faire l’apologie de la « production animale »…

« Jusqu’à récemment quand j’entendais « mille vaches » je pensais à un plateau de mille vaches dans le Limousin, une région magnifique et dont la production animale fait la fierté. Ce dont vous parlez n’a rien à voir. Il s’agit d’une usine. Non pas que nous n’ayons pas besoin de structures économiques importantes. Mais à ce niveau-là se posent nécessairement des problèmes pour l’environnement et pour le voisinage.

Des décisions ont d’ailleurs été prises par l’autorité préfectorale pour faire respecter le droit. Dans le même temps, je me refuse à opposer les agricultures entre elles car notre modèle repose sur leur diversité et la complémentarité. »

Enfin, pour finir, le président de la république aborde la question du statut juridique des animaux.

Et là, aussi odieuse soit sa réponse, elle a le mérite du réalisme. Les animaux sont, à ses yeux, en quelque sorte « fabriqués » pour être tués. Alors pourquoi toucher à cette question ? L’animal n’est qu’une « marchandise » comme il l’explique ouvertement, et quel capitaliste a intérêt à abîmer sa marchandise ?

« Notre pays a le don d’ouvrir des débats pour nous opposer fébrilement… et je ne parle pas que des animaux ! Nous sommes en fait unis sur un certain nombre de principes et de valeurs.

En France, nous aimons les animaux. Et les premiers qui les aiment ce sont ceux les éleveurs qui les soignent. Un agriculteur qui maltraiterait son cheptel détruirait son propre patrimoine.

A juste raison beaucoup d’efforts ont été réalisés pour le bien-être animal sans qu’il soit nécessaire de le traduire par une loi. Dans le code rural notamment, l’animal est déjà considéré comme un être sensible.

Pourquoi ajouter d’autres considérations ? Car, pour appeler les choses par leur nom, l’élevage aboutit à un moment à ce que l’animal soit abattu. Aussi, nous devons veiller à faire respecter des conditions qui ne le fassent pas souffrir. »

Tout cela est la preuve que, à moins de tout changer, rien ne changera…