Manif à Nantes, dans l’esprit d’Astérix

Avec largement plus de 20 000 personnes hier à Nantes, la manifestation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été un succès.

Le mouvement contre l’aéroport ne faiblit pas depuis ce fameux « tournant » à partir duquel, en fait, nous avons sur LTD cessé d’en parler parce que selon nous, le modèle idéologique de ces gens était désormais devenu le village d’Astérix (voir Manifestation à Notre-Dame-des-Landes: fin du début ou début de la fin?, ou encore Le visage morbide de l’exploitation animale à Notre-Dame-des-Landes).

Il n’y aucune exagération à dire cela. On peut même dire de quelle bande dessinée d’Astérix il s’agit : Le Domaine des dieux, qui est d’ailleurs prévu en film pour la fin de l’année 2014.

Dans cette bande dessinée, le village est confronté à la « menace » du « domaine des dieux » s’installant dans la forêt, une résidence moderne dont les habitants font leurs emplettes dans le village, amenant des modifications culturelles massives.

Si bien entendu la destruction de la forêt est mauvaise, reste que le repli identitaire sur un mode de vie « traditionnel » est odieux et l’obstacle fondamental au triomphe de la nouvelle éthique qu’est le véganisme.

La lutte contre l’aéroport est une lutte idéaliste, voire ouvertement réactionnaire : elle met en avant un passé idéalisé, elle défend la petite production paysanne, le « bon » petit producteur avec son lopin de terre et son tracteur… Et elle est le refuge de gens n’ayant aucune valeur écologiste à part, au mieux, la préservation de la biodiversité. D’ailleurs rien n’est plus abstrait que la formule « contre l’aéroport et son monde ».

Nous ne voyons donc plus rien de progressiste dans la lutte contre l’aéroport, et on devine facilement la ligne de ce mouvement quand on sait qu’il y a eu 530 tracteurs, ainsi que 65 cars de toute la France organisés par 200 collectifs.

La lutte contre l’aéroport est un symbole romantique et ceux qui sont mobilisés sont des « bonnets rouges » en version « de gauche ».

Il suffit de porter un regard d’ailleurs sur la « casse » qui a eu lieu à Nantes hier. Nous n’avons rien contre la casse « par principe », car il faut la révolution ; la libération animale et la libération de la Terre assument la transformation de la réalité par des moyens révolutionnaires.

Mais quel a été le contenu de cette casse à Nantes ? Il n’y en a eu aucun, à part le « refus de ce monde », sans pour autant qu’un projet soit affirmé. On est là dans l’exutoire, mais il n’y a aucun contenu, et d’ailleurs le véganisme, critère de progressisme, est totalement absent.

Ces gens désireux de casser ont d’ailleurs été très prévisibles, puisque la police largement présente a présenté de nombreux points « friables » formant des abcès de fixation, qui n’ont pas raté… Voici ce que raconte le Figaro à ce sujet :

En milieu d’après-midi samedi, les forces de l’ordre ont essuyé des jets de projectiles (bouteilles, canettes, billes d’acier, fusées de détresse) et ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Au moins deux engins de chantier ont été incendiés. Des objets ont été lancés sur les caténaires SNCF afin de bloquer la circulation des trains.

La vitre d’une agence Vinci, concessionnaire du projet d’aéroport, a été brisée. L’intérieur de l’agence était saccagé, et la devanture couverte de peinture. Des manifestants s’en sont également pris à la mairie, un poste de police et plusieurs magasins du centre-ville. Samedi soir, Nantes affichait un bien triste visage de dévastation.

Si l’on regarde les faits, on voit que cette casse n’était pas une composante d’un mouvement progressiste en général, mais le fruit particulier d’un mouvement désorganisé, sans valeurs unanimes, d’esprit romantique et voulant en revenir à « avant ». C’est « casser » comme aboutissement symbolique d’une nostalgie « de gauche » pour le village d’Astérix où règne la petite production et l’entraide.

On peut être sûr que tout cela n’aidera en rien les valeurs positives, mais contribuera malheureusement à renforcer cette sordide ambiance manif pour tous – bonnets rouges – Dieudonné etc. etc.

C’est une évidence : au 21e siècle, l’écologie, les animaux, le réchauffement climatique… sont incontournables. Toute tentative de contourner ces questions est réactionnaire, idéalise le passé, forme un obstacle au triomphe des idées nouvelles !