L’industrie agroalimentaire trouve dans l’industrie de l’alimentation animale un débouché inespéré…

Continuons sur la question de la généralisation de l’exploitation animale, notamment à travers la question des « déchets » des fermes-usines et celle de la nourriture pour les animaux domestiques dont nous parlions hier.

Rappelons brièvement la question de l’alimentation des animaux adoptés : si le véganisme est une valeur devant être universelle, est-il juste d’obliger un animal adopté à suivre un régime végétalien ? Et surtout, avant même de pouvoir poser la question, est-ce possible ?

Car l’exploitation animale dénature tout, de manière forcenée…

Voici un extrait à ce sujet du livre « Un vétérinaire en colère », qui est un « essai sur la condition animale » d’une personne absolument non végane, mais constatant des simples vérités à travers son métier.

L’industrie agroalimentaire qui produit des denrées destinées à la consommation humaine trouve dans l’industrie de l’alimentation animale un débouché inespéré pour ses restes. C’est un peu normal, alors que la nourriture de qualité se fait rare même pour les humains. Après tout, les chiens, des éboueurs, des détritivores, des coprophages et des nécrophages par nature, consomment volontiers des cadavres, des détritus et des excréments.

Dans certains pays du tiers-monde où les conditions sanitaires laissent à désirer, les chiens mangent ce qu’ils peuvent pour survivre… Par ailleurs, la plupart des chiens abandonnés qui retournent à l’état sauvage survivent en mangeant ce qu’ils trouvent dans les dépotoirs municipaux. En sachant cela, il est beaucoup plus facile de lire les pages qui suivent.

Les équarrisseurs recueillent dans les fermes, les abattoirs, les fourrières, les zoos, les restaurants, les grandes surfaces, chez les vétérinaires, au bord des routes, etc. tous les sous-produits de l’industrie agricole et les animaux morts, peu importe ce qui a causé la mort. Tout ce qui est impropre à la consommation humaine est recyclé par les équarrisseurs pour être resservi aux bêtes ou transformé en engrais agricoles.

Or, indirectement, ces sous-produits reviennent dans notre assiette, car nous mangeons non seulement la viande des animaux nourris de ces déchets, mais aussi des légumes, des céréales et des fruits (même biologiques) fertilisés avec des engrais d’origine animale (poudre d’os, farine de sang, de viande, de poisson, etc.).

En outre, une grande variété de sous-produits des animaux de boucherie servent à fabriquer une multitude de produits de consommation.

Il est exceptionnel de trouver un aliment destiné à la consommation humaine qui ne soit pas fabriqué, sous une forme ou une autre, avec des produits qui viennent d’animaux nourris de farines protéinées composées des déchets de l’industrie agroalimentaire. La chaîne alimentaire tout entière peut être contaminée par les toxines, les produits chimiques tels que les pesticides, les insecticides et les fongicides, et par les microbes que ces déchets peuvent contenir.

Non seulement le lait, les oeufs et le beurre, mais encore le saindoux et la gélatine qui sert à fabriquer les bonbons des enfants, les guimauves, les biscuits, les sirops peuvent être contaminés. Même les cosmétiques (le rouge à lèvres, par exemple), le tabac (les toxines contenues dans les engrais fabriqués à partir des sous-produits animaux peuvent être absorbées par les plantes), les aliments biologiques (engrais de sou-produit animal) peuvent être contaminés.

Dans le domaine médical, de tels sous-produits entrent, directement ou indirectement, dans la fabrication de nombreux vaccins, du catgut des chirurgiens, des hormones de croissance, de l’insuline, des gonadotrophines, etc. Les études sur les greffes d’organes de cochons (xénogreffes) modifiés génétiquement pour réduire les risques de rejet laissent entrevoir la possibilité imminente de remplacer les organes défectueux des humains, mais également le danger de contamination. À long terme, la boucle se ferme par la contamination de la terre et de l’eau potable.

Non seulement les abats, les pattes, les articulations, le contenu intestinal, le poil, les plumes, les têtes, les glandes mammaires, les foetus riches en ostrogènes, les nageoires, les arêtes et les viscères de poissons sont recyclés, mais aussi les viandes et les poissons avariés et pourris et toutes les autres denrées comestibles dont la date de péremption est dépassée (y compris leur emballage en plastique), les graisses rances et détériorées des restaurants, les parties cancéreuses, les abcès découpés et les quartiers de viande rejetés par les inspecteurs des abattoirs, les animaux morts pendant le transport et les autres trop faibles pour atteindre l’abattoir, les cadavres d’animaux de ferme morts à la suite d’une maladie, d’un empoisonnement, d’un accident, les animaux sauvages et domestiques écrasés par les voitures, et même les corps en putréfaction.

Selon Deborah Lynn Dadd, auteure du livre The Non-toxic Home of Office, aux États-Unis, 116 000 mammifères et 15 millions de volailles sont condamnés avant l’abattage. Après l’abattage, 325 000 carcasses et plus de 5,5 millions de parties malades sont refusées pour la consommation humaine. 140 000 tonnes de volailles sont retirées de la chaîne alimentaire pour cancer. Tous les animaux impropres à la consommation humaine sont utilisés dans la fabrication des aliments pour bêtes. (…)

Certaines marques annoncent «nutrition complète et équilibrée à 100 %», alors que personne ne connaît les besoins alimentaires exacts des animaux, non plus d’ailleurs que ceux des êtres humains. À l’heure actuelle, même après un siècle de recherches intensives portant sur les espèces les plus connues, les poules et les rats, on n’a pas encore réussi à déterminer complètement leurs besoins alimentaires.

Il existe des données sur la croissance, mais aucune sur la longévité et la santé optimale des animaux de compagnie . On trouve peu de données concernant les animaux exotiques. Par ailleurs, chaque individu, selon son patrimoine génétique, sa race, son activité et son interaction avec l’environnement, a des besoins individuels bien précis qu’aucun régime alimentaire ne peut combler.

Ces besoins ne peuvent être évalués qu’approximativement. Même les fabricants des marques de commerce les plus réputées ne les connaissent pas très bien. Il y a quelques années, ils ont dû rappeler tous leurs produits pour chats à cause d’une carence en taurine (acide aminé) qui se manifestait par des problèmes cardiaques et oculaires très graves.

Cet acide aminé se trouve principalement dans la viande de qualité et, malheureusement, les sous-produits de catégorie inférieure que les fabricants utilisent en contiennent très peu. Du reste, la cuisson et la transformation industrielle détruisent le peu de taurine qu’ils renferment. Le besoin d’en ajouter est en soi une indication de la mauvaise qualité des ingrédients de base.

Il y a en outre des interactions entre les aliments frais que les aliments industriels archi-transformés par la cuisson à haute température sont incapables de reproduire. Cette cuisson, comme l’a montré Pottenger, détruit les principes nutritifs des aliments. Les minéraux, par exemple, se trouvent dans les aliments frais sous forme organique et non sous forme inerte, comme c’est le cas dans la nourriture pour animaux.

Les fabricants de nourriture haut de gamme soumettent leurs produits à des tests de qualité (selon les méthodes de l’AFFCO) en les servant à quelques animaux (souvent des beagles) pendant une période variable pouvant aller jusqu’à six mois. Ces tests ne permettent de déceler que les insuffisances les plus grossières de la diète, les conséquences des autres, plus subtiles, pouvant parfois mettre des années avant de se manifester.

Tous ceux qui travaillent avec les animaux exotiques, comme les oiseaux, par exemple, ou avec les animaux de ferme, comme les vaches laitières ou les truies nourricières, savent très bien qu’il faut un an, sinon deux, avant que des maladies par carence apparaissent, notamment des infections chroniques, des problèmes de plumage, des problèmes de reproduction et de performance, ou encore un manque de vigueur généralisé parfois difficile à associer à une alimentation mal équilibrée. Les animaux de boucherie n’ont pas le temps de développer des maladies de carence, car nous les mangeons bien avant.