Interview du projet Vegan Edge Hip Hop

Après avoir vu l’aspect organisé avec l’interview de BerTA, qui rassemble des activistes en Allemagne sur une base radicale et actuelle, jetons un oeil sur un autre aspect plus culturel touchant les vegans, et plus particulièrement les vegans straight edge, avec un regard cette fois américain.

L’interview est celui du projet Vegan Edge Hip Hop, qui fait la liste des artistes de ce genre et a sorti une compilation de soutien aux prisonnierEs.

Rappelons d’ailleurs qu’aux USA existe un nouveau site, Voice of the Voiceless, qui lui aussi met en avant la libération animale et la libération de la Terre! On remarquera que ce site fournit « Flashpoint », avec les adresses aux USA des abattoirs, laboratoires pratiquant la vivisection, des éleveurs d’animaux non humains pour les labos, des fermes « à fourrure »…

1. La culture Vegan Straight Edge est à l’origine liée à la musique hardcore. Maintenant ce n’est plus le cas: le hardcore se divise en de nombreux genres, et d’autres secteurs musicaux ont été touchés.
C’est le cas avec le Hip Hop. Pouvez-vous nous dire ce que vous faites, et pourquoi vous le faites?

La culture Vegan Straight Edge a produit plus de collections de disques et de pages Myspace que de libérations dans les fermes pour les fourrures ou de fermetures de laboratoires pratiquant la vivisection, alors peut-être qu’il est temps de cesser de s’inquiéter à maintenir cette sous-culture en vie.

Ces dernières années, des universitaires ont commencé à faire des études sur la sous-culture straight edge, ce qui parle clairement pour sa faiblesse et non sa force. Qu’elle puisse être étudiée, cela signifie qu’elle est morte.

Nous avons sorti Vegan Edge Hip Hop Vol. 2 afin de donner voix à une nouvelle vague vegan straight edge qui ne serait pas intéressée à revivre encore et encore les années 1990. Les bénéfices du CD iront aux prisonniers pour la libération de la terre et animale, ou ceux qui font face à la prison. Nous ramassons de l’argent pour des gens comme Marie Mason, quelqu’un qui est vegan depuis longtemps et qui fait plus de 20 ans de prison pour avoir détruit par le feu des OGM et des équipements d’exploitation forestière.

2. Le Hip Hop, en tant que culture populaire, met en avant un certain nombre de valeurs et la volonté de changer les choses. Et être vegan straight edge est certainement quelque chose de politique.
Malheureusement, souvent les gens qui sont vegans manquent de confiance et sont plutôt pessimistes. Est-ce que d’une certaine manière le Hip Hop vegan straight edge est là pour ramener la volonté de changer la société, de sortir de l’attitude hardcore plutôt élitiste?

Sortir cette compilation a prouvé (à moi qui répond ici) que sortir un disque est très facile. C’est une question d’énergie et d’initiative. C’est vrai pour plein de choses qui ont l’air d’être inatteignables, non faisables. Lorsque quelqu’un se lance, tout cela a l’air moins intimidant.

Le projet de la libération animale est intimidant également sur le long terme, mais il y a des tâches et actions immédiates qui peuvent être réalisées par presque tout le monde.

La question difficile et non résolue pour ceux et celles voulant la libération animale est celle de savoir comment faire passer l’idée que les animaux existent pour eux-mêmes, pas pour l’utilisation et la consommation humaines.

Comment faire passer de manière efficace cette idée aux milliards de gens autour de nous? Comment faire passer une idée? Je pense que ces derniers temps nous sommes devenus plus créatifs et sommes sortis du carcan pamphlet/vidéo, où le milieu de la libération animale a été coincé pendant un certain temps. Une rupture complète avec le welfarisme animal [=le réformisme du type protection animale, NDLR] serait un bon début! Je peux dire de manière honnête que nous n’avons pas une attitude de type élitiste.

3. Est-ce que Dead Prez est d’une certaine manière un « modèle » pour les artistes Hip Hop qui sont vegan straight edge?

Non. Dead Prez n’est pas drug free [=qui ne consomme aucune drogue, NDLR], et pour ce que j’ai compris ils ne sont plus vegan. Leur sorte de nationalisme est un cul-de-sac pour ceux et celles recherchant une voie de libération plus grande, et finalement leur musique n’est plus très bonne.

Si nous voulons des modèles, je pense que nous devrions rechercher au-delà de la scène musicale et des musiciens, et prendre de l’inspiration des gens ouvrant les cages ou refusant de participer au système judiciaire.

4. Pouvez-vous nous en dire plus au sujet des artistes de Hip Hop vegan straight edge aujourd’hui, et sur la manière dont ces artistes comprennent leur travail?

Je ne préfère pas pas parler pour les artistes, parce que je pense que dans le mouvement Hip Hop vegan straight edge il y a une multitude de voix et de perspectives. La chose qui unifie le mouvement, au-delà d’une manière de vivre en commun, est le désir d’élever le niveau du Hip Hop politique.

Nous haïssons les flics, mais nous savons que haïr les flics n’est pas suffisant. Seulement haïr les flics n’a jamais été suffisant.

Creusons plus profondément et frappons plus fort. Qui ose gagne, n’est-ce pas?