28 ans après, la catastrophe sanitaire et environnementale de Tchernobyl

Aujourd’hui, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl (du nom de la ville à 15 kilomètres) est dans un sarcophage, et les problèmes ne sont pas toujours réglés, et cela depuis exactement 28 ans, la catastrophe ayant commencé le 26 avril 1986.

Or, bien évidemment, les événements en Ukraine n’aident pas à gérer tout cela… Voici un petit panorama effectué par Sortir du nucléaire.

Tchernobyl : 28 ans de catastrophe sur fond de crise ukrainienne

Le 26 avril 2014, en pleine crise politique en Ukraine, cela fera 28 ans que dure l’accident de Tchernobyl.

À cette occasion, de nombreuses actions auront lieu en France, pour rappeler que cette catastrophe est toujours en cours et refuser qu’un tel drame survienne dans notre pays.

Cette date marquera également la fin de 50 jours d’actions organisés partout en France à l’appel du Réseau “Sortir du nucléaire“ pour refuser la prolongation du risque nucléaire.

Pendant la crise ukrainienne, la catastrophe continue

Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé, projetant dans l’atmosphère de dangereuses particules radioactives qui se sont répandues sur de larges parties de l’Europe et de la Russie. 28 ans après, la catastrophe continue : les retombées radioactives de césium et de strontium resteront dangereuses pour des siècles.

Plus de huit millions de personnes vivent toujours dans les zones les plus touchées en Ukraine, au Bélarus et en Russie, consommant quotidiennement des produits contaminés qui ruinent leur santé.

28 ans après, la catastrophe sanitaire et environnementale est encore aggravée par la crise politique en Ukraine. Exsangue, le pays n’arrive plus à financer les soins des malades les plus atteints et le financement de la construction du nouveau sarcophage prévu pour confiner les restes de la centrale accidentée est compromis.

Tchernobyl apporte la triste démonstration qu’un accident nucléaire est ingérable et qu’il peut miner l’avenir d’un pays.

Nous ne sommes pas à l’abri d’un Tchernobyl français

Certains voudraient ramener la catastrophe de Tchernobyl à un problème lié à une conception « soviétique » défaillante. Outre que la technologie nucléaire est intrinsèquement dangereuse, c’est oublier que cet accident a été avant tout déclenché par une série d’erreurs humaines.

Personne ne peut garantir que de tels problèmes ne conduiront pas aussi, en France, à un accident majeur : alors que les travailleurs du nucléaire alertent sur la dégradation de leurs conditions de travail, le dernier rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire signale pudiquement que la prise en compte du facteur humain est « perfectible »…

Aucun rafistolage des centrales, aucun changement technologique ne peut prévenir une catastrophe nucléaire.

La seule solution pour protéger les populations est de mettre en œuvre dès maintenant un plan de sortie du nucléaire, en commençant par les réacteurs les plus anciens et les plus dangereux.

Tchernobyl, Fukushima, plus jamais ça !

Des catastrophes comme celles de Tchernobyl et Fukushima ne doivent plus jamais se reproduire. En solidarité avec les victimes de Tchernobyl, pour refuser qu’un accident survienne en France, de nombreuses actions auront lieu ce week-end partout en France et notamment à Paris.

Ces mobilisations constitueront ainsi la clôture d’un programme de 50 jours d’actions lancé à l’appel du Réseau “Sortir du nucléaire“ entre les anniversaires de Tchernobyl et Fukushima, pour s’opposer à la prolongation du risque nucléaire et appeler à un changement décisif de politique énergétique.

Manifestations à Fessenheim et à Chinon, occupation des ronds-points près de la centrale du Bugey, conférences-débats, multiples actions de rue : en tout, plus de 120 actions auront été organisées.

Voir la liste des actions : http://www.sortirdunucleaire.org/Liste-des-actions,585
Plus d’informations sur la situation à Tchernobyl : http://www.sortirdunucleaire.org/Tchernobyl-28-ans

Pour plus d’informations sur comment aider les enfants de Tchernobyl et Fukushima : http://enfants-tchernobyl-belarus.org/

http://kuminosato.net/

Voici d’autres informations détaillées:

La vie durablement contaminée

Dans les zones les plus contaminées, la catastrophe sanitaire n’a pas fini de sévir. Parmi les 600 000 à 900 000 liquidateurs, un grand nombre sont décédés ou tombés rapidement malades des suites de leur irradiation. Plus de 3,5 millions de personnes vivent toujours dans des zones contaminées en Ukraine, 2 million au Bélarus et 2,7 en Russie.

Certains radioéléments projetés en masse lors de l’explosion, toujours présents dans les sols, sont entrés dans la chaîne alimentaire, comme le Césium 137 et le Strontium 90, dont les effets nocifs ne prendront fin que d’ici trois siècles. L’accumulation du Césium 137 dans l’organisme va de pair avec une augmentation spectaculaire du taux de cancers et de pathologies cardiovasculaires, en particulier chez les enfants, mais atteint aussi l’ensemble des systèmes des organes vitaux. Elle provoque également des changements hormonaux responsables d’une infertilité croissante, ainsi que l’augmentation des malformations pour les enfants.

La désinformation est toujours à l’œuvre concernant les impacts sanitaires réels de Tchernobyl. Devant l’élévation du taux de malformations congénitales (passé entre 2000 et 2009 de 3,5 pour 1000 à 5,5 pour 1000), la réponse du ministère de la Santé du Bélarus fut de fermer l’unique Institut de recherche sur les maladies héréditaires et congénitales, ainsi que l’Institut de radio-pathologie de Gomel. En 2005, le « Forum Tchernobyl », réuni à Vienne sous l’égide de l’AIEA, a conclu que seuls 4000 décès pouvaient être attribués à Tchernobyl.

L’augmentation des pathologies et la dégradation de l’état de santé des populations y sont mises sur le compte du stress, de l’alcoolisme et de la détérioration des conditions économiques et sociales dans les régions concernées. Pourtant, les recherches menées par des scientifiques indépendants mettent au jour des chiffres autrement plus élevés. Selon une étude du Pr. Yuri Bandajevski, publiée dans les annales de l’Académie des Sciences de New-York en 2011, la catastrophe et ses suites seraient responsables de 985 000 morts…

Par ailleurs, depuis plusieurs années, d’étranges « ONG » comme le CEPN mettent en place des programmes destinés à prouver que l’on peut vivre en zone contaminée. Ainsi, le programme « ETHOS », en vigueur à Tchernobyl, est maintenant exporté… à Fukushima, pour appuyer le retour de populations dans des régions où la radioactivité ambiante devrait pourtant interdire tout séjour prolongé !

Les milieux naturels aussi sont touchés

En 2010, le reportage « Tchernobyl, une histoire naturelle » a contribué à populariser la thèse d’une nature intacte qui reprendrait ses droits. Pourtant, cette théorie va à l’encontre des observations scientifiques réalisées dans la zone contaminée (Lire l’analyse détaillée du professeur Michel Fernex : http://www.sortirdunucleaire.org/Tchernobyl-Fernex ).

Après avoir mis en évidence l’existence de malformations importantes chez les hirondelles de Tchernobyl, Tim Mousseau, chercheur à l’Université de Caroline du Sud a récemment découvert que la croissance des arbres pouvait aussi être affectée par les radiations.

Selon ce même chercheur, il apparaît également que les radiations nuisent aux micro-organismes, empêchant la décomposition des végétaux. Cette accumulation de bois mort pose un nouveau risque : un incendie pourrait facilement se déclencher, relâchant dans l’atmosphère une fumée chargée de radioéléments.

La construction du nouveau sarcophage et les soins aux malades, victimes collatérales de la crise politique.

Le réacteur éventré, qui contient encore 97% des éléments radioactifs, constitue toujours une menace : le sarcophage de béton construit à la va-vite au-dessus de ses ruines se fissure déjà. En 2013, une partie du toit s’est déjà effondré.

La construction d’une arche métallique géante de 92 mètres de haut et 245 mètres de long destinée à recouvrir le réacteur, a donc commencé en 2010. Ce chantier pharaonique, mené par un consortium formé de Vinci et Bouygues, est censé coûter au moins deux milliards de dollars.

L’Ukraine ne pouvant y contribuer qu’à hauteur de 8%, le reste devait être financé par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement et le reste de la communauté internationale.

Mais il apparaît que le nouveau sarcophage ne pourra être fini pour 2015 comme prévu, en raison d’un manque de financements criant. En raison de la crise politique, certains officiels ukrainiens craignent que la Russie ne fournisse pas la contribution à laquelle elle s’était engagée. Et l’Ukraine, exsangue, ne peut fournir de nouveaux financements .

La crise politique et le spectre d’opérations militaires ont également de lourdes conséquences humanitaires. Selon l’ONG autrichienne Global 2000, l’État n’est plus à même de financer un système de santé déjà faible et certaines thérapies contre le cancer destinées aux enfants ne sont plus disponibles dans le nord de l’Ukraine.

Par ailleurs, certaines associations étrangères ont mis leurs opérations entre parenthèse. L’ONG Enfants de Tchernobyl International, basée en Irlande, a ainsi dû suspendre un programme de chirurgie cardiaque destiné aux enfants d’un montant de 3 millions d’euros.