Les « cochons tirelires »

Nous connaissons tous et toutes les tirelires en forme de cochons, bien souvent sympathiques et plutôt rigolos. Malheureusement, si on y pense, cette histoire de cochon-tirelire révèle une idéologie utilitariste très critiquable…

On peut lire ici et là que l’association entre cochon et tirelire viendrait de l’anglais, plus précisément du moyen-anglais, où le terme « pygg » signifie argile, matière de la tirelire. En pratique bien évidemment ce qui est en fait vrai, c’est que le cochon est associé à la richesse, dans la culture paysanne.

Le cochon est nourri de restes donc il ne coûte pas cher, il a de nombreux descendants et surtout, une fois « engraissé » suffisamment, on le tue et on le mange en hiver. La tirelire qui « grossit » en quelque sorte est l’équivalent direct de ce cochon qu’on assassine une fois qu’il est assez gros, et preuve en est que normalement, on est obligé de casser la tirelire, de la même manière qu’on tue le cochon.

Aujourd’hui pourtant les « cochons tirelires » ont une ouverture permettant de récupérer l’argent, on n’est plus obligé de le casser, et la tradition paysanne n’est devenue qu’une lointaine mythologie. Peut-on donc considérer qu’avoir ou offrir une tirelire en forme de cochon est acceptable ? On rejoint ici la question de la représentation d’animaux associée à quelque chose d’utile ; normalement, c’est fondamentalement critiquable.

Pour ajouter à la complexité, dans certains pays le cochon est un porte-bonheur, ainsi dans les pays germaniques on offre un petit cochon de quelque centimètres comme symbole de « richesse » pour la nouvelle année. Ici encore on retrouve l’idée du cochon symbole d’animal engraissé et source de richesse. En même temps, il y a l’idée du cochon sympa et mignon.

Difficile d’y voir clair, par conséquent (même si bien entendu il y en a beaucoup pour trouver très moche et inutile ces tirelires cochons, le problème étant alors réglé). En tout cas cela montre encore une fois que pour le véganisme avance, la question de la culture est fondamentale. On ne peut pas échapper au fait de se confronter à la question de la représentation des animaux.

Un cheval à bascule, par exemple, est absolument inacceptable, de par ce qu’il représente, ce qu’il sous-entend. Le cochon-tirelire qu’il faut casser est également inacceptable, car il se rapporte directement au cochon « engraissé » et tué. Mais qu’en est-il du cochon-tirelire « moderne » ? Est-il quelque chose d’intégré dans quelque chose de différent, ou bien une trace du passé à supprimer ?