La modification de l’article 521-1 du Code pénal

La presse a annoncé la modification de l’article 521-1 du Code pénal qui vient d’avoir eu lieu. Le texte initial expliquait que :

« Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. »

Désormais sont concernés aussi les animaux « domestiques ou sauvages ».

Dans la foulée, les associations réformistes de la protection animale, comme la Fondation 30 millions d’amis qui mène une très grosse offensive ces derniers mois, ont salué ce changement.

C’est honteux que de réagir ainsi. Il faut en effet être totalement idéaliste, ou plutôt totalement hypocrite, pour croire qu’en 2014, une telle loi changera quoi que ce soit.

Prenons un exemple simple : si quelqu’un se fait voler son portable, la police enregistre la plainte et au revoir, cela s’arrête là. La même police fera-t-elle quelque chose de plus si on l’informe qu’un pigeon a été maltraité par quelqu’un ? Non, évidemment. Et on peut même être certain que la plainte ne sera même pas prise.

On peut même généraliser la question. Si cette loi avait une réelle signification, on pourrait alors immédiatement porter plainte et condamner tous les services de voirie du pays, car aucun d’entre eux n’a de formation pour s’occuper des animaux sauvages rencontrés lors de leurs activités.

Évidemment, cela est impossible dans notre société. Le fait que les animaux soient des marchandises annule culturellement et juridiquement le moindre changement de situation des animaux.

D’ailleurs, la loi est hypocrite ici, car en pratique pour qu’une plainte tienne, dans le système juridique actuel, il faut que quelqu’un soit lésé. L’animal sauvage étant une entité juridique « abstraite » pour le droit, alors par définition prouver la cruauté relève pratiquement de l’impossibilité…

A part quelques cas médiatisés, cela ne changera rien du tout. Et finalement ces médiatisés donneront l’illusion qu’on fait quelque chose en faveur des animaux, pour ne servir en fait que quelques associations.

Et pourquoi d’ailleurs ces cas seront médiatisés ? Parce qu’il y aura une révolte au sein de l’opinion publique, ce qui fait qu’en réalité, ce n’est pas l’animal qui sera pris en compte, mais le « trouble » à l’ordre public qui dérange l’État, qui par définition veut une société « calme ».

Les fait sont par conséquent très simples : soit on reconnaît à la Nature une valeur en soi, et la société suit cette ligne de conduite. Ou bien tout n’est que de la poudre aux yeux, et il est parlé d’environnement, juste dans un esprit gestionnaire.

D’ailleurs, lors de la modification de la loi qui vient d’être faite, la voie a été pavée pour la formation d’une « agence française pour la biodiversité ». C’est issu d’une « promesse » de 2012 de François Hollande, mais en fait tout le monde est d’accord dessus, puisque c’est l’expression de la logique anthrpocentriste : la biodiversité doit être gérée de manière conforme aux intérêts humains.

La biodiversité, c’est du « stock » et des outils pour les humains. Il faut donc s’en occuper… La démarche anti-Nature se généralise à tous les niveaux.

L’océan est particulièrement visé, puisque cette agence, qui disposera de 1200 personnes, puisera en réalité pas moins de 800 personnes dans l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques.
L’astrophysicien Hubert Reeves, connu pour son engagement écologiste, a pointé la contradiction qui existe par ailleurs au maintien de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Si vraiment la biodiversité était au centre des préoccupations, l’État centraliserait ses activités à ce sujet…

Mais ce n’est pas le cas, bien sûr, puisque tout cela est de la gestion de-ci de-là, suivant les exigences de l’anthropocentrisme, sans aucune cohérence.

La modification de l’article 521-1 ne change par conséquent rien du tout en pratique à la défense des animaux. Seules la libération animale et la libération de la Terre, comme valeurs relevant du rejet de l’anthropocentrisme, peuvent permettre un rapport de force réel et la transformation radicale des valeurs dominantes en faveur des animaux !