La planète des singes, de Pierre Boulle

[Voici un article publié sur l’ancêtre de LTD, à savoir VeganRevolution. L’article date vraisemblablement de 2006.]

La Planète des singes, c’est un roman à des années-lumière du véganisme et une série de films très intéressants du point de vue du rapport entre les êtres humains et les animaux.

Initialement la Planète des singes est une nouvelle (et non pas un « roman ») du français Pierre Boulle, publié en 1963. Cette oeuvre profondément réactionnaire décrit une population humaine devenue fainéante et décadente, chassée au fur et à mesure par les singes esclaves, qui ne disposent naturellement dans la nouvelle d’aucune intelligence, leur seule faculté étant de « singer » les humains, de reproduire les actes des humains (les singes sont donc incapables de développer une quelconque technologie).

Il va de soi que, si l’on y réfléchit sérieusement, les singes représentent dans cette nouvelle les populations « arriérées » et « barbares » du tiers-monde qui viennent voler les places toutes chaudes des occidentaux devenus « mous » en raison de la « société de consommation ».

La série des films, à l’opposé de la nouvelle de Pierre Boulle, pose des remises en question essentielles, que 30 ans après on comprend largement plus qu’à l’époque.

Ainsi, dans le premier film, La Planète des singes sorti en 1968, est un véritable réquisitoire contre la folie humaine. Les astronautes américains débarqués sur la planète comprennent qu’il s’agit de la planète Terre, que les humains ont fait sauter avec les bombes nucléaires.

Les humains retournés à l’âge de pierre sont les esclaves des singes qui, ayant évolué, possèdent un début de civilisation dont la religion enseigne de se méfier de l’humain, qui « tue son frère par avidité et détruit tout ce qu’il touche ».

Allusion à l’esclavage et à la querelle religieuse de l’Europe féodale pour savoir si les « Indiens » d’Amérique ont une âme ou pas, les Rouleaux sacrés des singes expliquent que « Les hommes n’ont pas d’âme » et que « Le Tout Puissant a créé le singe à son image .

Dans Le Secret de la Planète des singes (1970), on s’aperçoit que des humains ont survécu tout en mutant horriblement, et la planète saute de nouveau avec la bombe atomique. Mais juste avant quelques singes se sont enfuis et se retrouvent dans le passé, chose racontée dans Les évadés de la Planète des singes (1971). La CIA entend naturellement stériliser les deux singes afin d’éviter la future domination des singes, mais le bébé est échangé avec celui d’un cirque, les deux singes étant assassinés.

La suite est racontée dans La Conquête de la Planète des singes (1972), où 20 ans après, alors qu’un virus a tué les chiens et les chats et où les chimpanzés, gorilles et orangs-outangs sont devenus esclaves des humains, ceux-ci se révoltent sous la conduite de l’enfant des singes venus du futur.

Enfin, dans La Bataille de la Planète des singes (1973), après moult péripéties, humains et singes fondent ensemble une nouvelle civilisation, côte à côte.

Le remake de Tim Burton, de 2001, est par contre une nullité sans nom, admirablement bien fait mais au contenu absolument nul et proche du néant du point de vue du questionnement du rapport entre l’être humain et l’animal. Un film à grand spectacle de plus, sans aucun intérêt par rapport à la série des « Planètes des singes », qui bien que kitsch conservent une signification certaine à l’heure où l’être humain détruit la planète et asservit plus que jamais les animaux.

Le film de Tim Burton reprend en plus l’idée déjà présente dans la nouvelle de Pierre Boulle, à savoir la fascination (amoureuse) de la singe Zira, une scientifique, pour le héros humain. L’être humain reste ainsi, en définitive, un idéal de beauté, une forme « supérieure » naturellement fascinante pour les autres espèces.

C’est-à-dire qu’on en revient inlassablement à la conception religieuse de l’être humain fait à l’image de Dieu et disposant comme il l’entend de la nature et des êtres vivants.