« Nématodes: la nouvelle arme »

Le Figaro a publié un article intitulé « sobrement » pas moins que « Au jardin ce week-end : la chasse aux limaces est ouverte ». On l’aura compris il s’agit d’un article reflétant le point de vue dominant, où les humains veulent un jardin, mais sans la Nature.

Aussi absurde que cela paraisse, c’est un point de vue significatif et systématique, que l’on peut retrouver dans une série quasi infinie d’exemples…

Dans cet article, les  valeurs qu’on y retrouve comme par exemple le social-darwinisme, avec la distinction entre les utiles – qu’on peut manger – et les autres :

« Il y a d’abord les escargots avec lesquels -et c’est tout de même une consolation- on peut faire rimer protection des végétaux avec gastronomie. Le Petit-gris (Helix aspersa) et surtout le Bourgogne (H. pomatia), que l’on traitera avec certains égards, sont comestibles.

Pas question d’écraser ce majestueux gastéropode comme une vulgaire limace: on le ramassera bien sûr mais ce sera soit pour le manger, après l’avoir fait jeûner pour éliminer les toxines qu’il a pu absorber ; soit pour l’exfiltrer loin de vous dans un bosquet voisin.

D’autres, comme les modestes escargots des jardins (Cepæa hortensis) ou des haies (C. nemoralis), reconnaissables à leur coquille globuleuse (1 à 2 cm de diamètre) blanche ou jaune, souvent ornée de bandes spirales noires, seront occis ou «charterisés» sans autre forme de procès. »

On remarquera l’allusion sordide aux charters des expulsions de personnes humaines. Tout cela n’est guère étonnant. Dans la liste des poisons, on trouve quelque chose qui donne par contre à réfléchir :

Nématodes: la nouvelle arme. Ces petits vers microscopiques ont la capacité de pénétrer à l’intérieur des limaces qu’ils tuent en leur injectant des bactéries létales.

Des préparations sont disponibles dans le commerce et assurent une bonne protection pendant plusieurs semaines voire plus. Avantage: il s’agit d’un procédé 100 % bio. Inconvénient: il est encore assez coûteux.

Ici, la définition du « bio » est particulièrement frappante, puisqu’elle supprime toute notion d’écosystème. L’intervention humaine est non directement polluante, non chimique artificielle. Mais elle reste une intervention extérieure, du grand n’importe quoi où l’être humain intervient par caprice, sur une base personnelle, sans aucune considération de l’ensemble.

Donc, oui, il n’y a pas d’utilisation de chimie de synthèse, c’est bien du « bio ». Mais sur le plan de l’écologie, c’est totalement n’importe quoi, c’est encore l’apprenti sorcier, seulement avec d’autres méthodes.

Voici d’ailleurs la « fiche technique » donné par Castorama :

Anti limaces Nématodes.

Les nématodes (Phasmarhabditis hermaphrodita) permettent de lutter contre les limaces. Ce sont des vers microscopiques qui parasitent un hôte, en l’occurrence des limaces à détruire.

Ils s’infiltrent dans les proies par un orifice naturel, perforent la paroi intestinale et provoquent la mort de leur proie en 48 h. Une 2ème génération, quitte le cadavre et recherche une nouvelle cible.
Extrêmement sélectif, ce nématode s’attaquera uniquement aux limaces à l’exception de toute autre espèce.

Utilisations : pour les potagers, les massifs de fleurs, là où les limaces causent des dégâts principalement aux jeunes plants.
Doses : 0.3 millions de nématodes par m² à renouveler au bout de 6 semaines si nécessaire.

Le principe est sordide, et le fait de lire cela dans une « fiche technique » en dit long sur la morale tant des vendeurs que des acheteurs. On est dans le massacre, ni plus ni moins. On est ici encore et toujours dans une logique d’extermination. Sauf qu’ici, c’est « bio »…