Voici un article très important publié hier comme « tribune » par Le Figaro: « Et si la clé pour la reprise économique se trouvait sous l’océan? ». L’article est présenté comme écrit par :
« Vincent Hélin est le président du Forum Hippocampe, cercle de réflexion et de débats économiques et stratégiques. »
De quoi s’agit-il? Eh bien ce « Forum Hippocampe » organise des dîners très select, réunissant la crème de la crème de l’armée et des industriels, et l’homme clef est justement le Vincent Hélin en question, qui a moins de 30 ans.
Il a fait une licence d’histoire à la Sorbonne, un Master 1 et 2 de relations européennes et lobbying à l’Institut Catholique de Paris, un stage de fin d’études au sein du cabinet de M. Patrick Ollier (alors ministre chargé des relations avec le Parlement), puis collaborateur auprès d’un député européen français. Au cours de ce parcours, il a fondé « Mer et Université », association à l’origine de dizaines et de dizaines d’événements rapprochant des étudiants très « propres » (HEC, Sciences Po, Paris IV Sorbonne, Paris II Assas…) de responsables industriels et militaires.
Car cela ne rigole pas, l’association a été soutenue très rapidement, « miraculeusement », par de nombreuses figures de l’armée… Comme l’amiral Alain Oudot de Dainville, l’amiral François Dupont, l’amiral Alain Coldefy par ailleurs ancien Major général des Armées, l’amiral Olvier Lajous, l’amiral Olivier de Rostolan…
Et comme ces gens sont liés de-ci de-là à de nombreuses grandes entreprises, l’association a été soutenu par des titans de l’industrie, comme DNCS (les arsenaux navals français historiques), MBDA (leader européen des missiles et de leurs systèmes), Dassault, Thales, ODAS (regroupement de l’Etat et d’entreprises pour mieux commercialiser de l’armement de haute technologie), EADS…
A quoi il faut ajouter des parlementaires, comme Jean Lemière, Patricia Adam, Philippe Juvin, Marguerite Lamour, Bernard Caseneuve, Nicolas Dhuicq, Hervé Mariton…
Bref, c’est le lobby de la Marine nationale et des entreprises qui vont avec. Et forcément ce regroupement aimerait renforcer l’exploitation animale maritime, car cela ajouterait de l’importance à leur propre rôle…
«Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu’ils ont ignorée», dit Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu. Dans la situation économique et sociale difficile que nous vivons, restaurer la puissance de l’Etat en mer pourrait représenter une partie de la solution.
Un ministre pour la mer
Penser la mer, son développement, son économie. Telles peuvent être les missions d’un ministre d’Etat, ministre de la Mer et de l’Economie maritime. Ministre d’Etat, il a le poids politique nécessaire pour peser dans les négociations avec la majorité parlementaire et dans les arbitrages budgétaires.
Chargé du développement de l’économie maritime dans sa globalité, il oriente les priorités pour maintenir puis créer des emplois partout sur le littoral. Ministre de la Mer, il co-assure la tutelle du Secrétariat général de la mer et participe à la réflexion sur le futur de la Marine nationale, dont il peut abonder le budget.
Un Livret Mer pour financer l’économie maritime
Créer un Livret Mer, sur le modèle du Livret de Développement Durable, c’est orienter l’épargne des Français vers la mer. La somme des dépôts est utilisée pour soutenir et rénover l’économie maritime: concevoir et produire en série de bateaux de pêche et de navires à passagers plus respectueux de l’environnement et au coût d’exploitation moindre, favoriser par des prêts à taux 0 leur achat par les professionnels de la mer, moderniser les filières ostréicole et conchycole, recherche océanographique… A plus long terme, c’est l’ensemble du patrimoine maritime qui peut être soutenu: aquariums, fortifications, vieux gréements, navires transformés en musées…
Une Marine plus puissante, pour porter la voix de l’Etat sur mer
En l’espace de deux Livres blanc, la marine nationale a dû renoncer à la construction de huit frégates, un pétrolier-ravitailleur, un bâtiment de projection et de commandement et un porte-avions, tandis que les programmes cruciaux en cours de réalisation, frégates et sous-marins, sont étalés.
Ces renoncements ne peuvent être acceptés plus avant. La construction, dès à présent, d’un bâtiment de projection et de commandement qui pourrait reprendre le nom de Richelieu, le lancement d’un programme de corvettes, sur la base de la Gowind de DCNS, qui s’accorde avec un cadre budgétaire contraint et la réalisation des trois pétrolier-ravitailleurs de nouvelle génération sont de nature à éloigner le spectre d’un déclassement naval potentiellement irréversible tout en sauvegardant les emplois à St-Nazaire, Brest, Lorient et Toulon.
Un ministre d’Etat pour l’incarner, un Livret Mer pour la financer, une Marine plus puissante pour la protéger, tels sont les piliers d’une restauration de la puissance de l’Etat en mer que nous appelons de nos vœux, pour permettre à notre pays de surmonter la crise qu’il traverse.
L’avenir de la France et de l’Europe se joue à la surface scintillante des mers, dans les profondeurs et sur le fond de l’océan. Nos amis britanniques l’ont compris, eux qui, malgré une quasi-austérité, viennent de baptiser le plus grand porte-aéronefs d’Europe tandis que le président de la République, M. Hollande, préside sans rougir à une revue navale qui marque le recueillement de la marine française. Qu’attendons-nous?