Définition de la « compensation »

Il y a quelques jours, nous avions publié un article du Canard enchaîné sur la « compensation », c’est-à-dire le fantasme humain visant à « compenser » des destructions de la Nature par des initiatives administratives, dans un esprit comptable.

C’est un problème de fond absolument essentiel pour l’écologie. Ce qui se passe en ce moment, c’est voir la Nature de manière comptable, imaginer qu’on peut « compenser » dans un délire d’apprenti sorcier typiquement anthropocentriste, et tout cela est significativement français, parce qu’en France on nie la Nature et on pense que le raisonnement technico-administratif résout les problèmes.

Voici donc déjà une définition de la compensation, fournie par l’ONG Union internationale pour la conservation de la nature.

« En premier lieu, il convient de rappeler que la proposition de mesures compensatoires ne légitime pas l’autorisation du projet concerné. En effet, certaines atteintes importantes à la biodiversité pouvant entraîner la destruction d’espèces endémiques ou de milieux rares doivent conduire au refus des projets concernés. Dans le cas de projets particulièrement impactant, la notion d’utilité publique doit être démontrée et justifiée au préalable.

Enfin, la compensation doit correspondre à des actions de terrain avec une obligation de résultats, et non à un dédommagement financier. Les financements dédiés à la compensation doivent servir
à la réalisation des actions. La compensation est un mécanisme qui ne doit intervenir qu’après
la mise en place de mesures d’évitement et de réduction des impacts initialement identifiés. Les mesures compensatoires ne concernent donc que les dommages résiduels, inévitables, du projet sur la biodiversité.

Les maîtres d’ouvrages peuvent choisir d’effectuer eux-mêmes les mesures de compensation ou bien de financer une tierce partie, publique ou privée, pour leur réalisation.

Le principal fondement du mécanisme de compensation est, à minima, la non-perte nette voire un gain net de biodiversité.

Cela signifie que toute perte de diversité biologique doit être compensée au moins de manière équivalente voire avec une amélioration nette de la valeur écologique d’un site, par des mesures proportionnées à l’impact du projet, à sa nature et sa dimension. Les financements dédiés à la compensation doivent servir à la réalisation des actions.

En France, le mécanisme de compensation n’est pas formellement défini mais il existe un cadre réglementaire qui prévoit la mise en place de mesures compensatoires dans le cadre de la réalisation d’un projet de développement, d’infrastructure et/ou d’exploitation des ressources biologiques, générant des dommages sur la diversité biologique. »

Le principe même de compensation est pourtant absurde. Déjà car la vie en soi a des droits, ensuite parce que la complexité de développement de cette vie ne saurait être comprise ou résumée à l’heure actuelle, en l’état des connaissances. On n’est pas prêt de comprendre Gaïa, notre système Terre, à l’heure qu’il est.

Voici également les dix principes dit de compensation du « Programme de compensation biodiversité et entreprises » comme programme international :

1) Atteindre un résultat de non perte nette de biodiversité
2) Tendre vers un gain de biodiversité
3) Respecter la hiérarchie des mesures d’atténuation (éviter, réduire, compenser)
4) Poser des limites au principe de compensation
5) Prendre en compte le contexte local (environnement, social et culturel)
6) Faire participer l’ensemble des parties prenantes
7) Mettre en œuvre une mesure de compensation de façon justifiée, équilibrée et équitable
8) Fixer un objectif de résultats sur le long terme
9) Être transparent et communiquer ses résultats
10) Respecter les savoirs-faire traditionnels lors de la mise en place de mesures de compensation

Tout cela a l’air bien organisé, bien soupesé, bien compris. Mais en réalité, c’est le masque d’une « compensation » qui se veut démocratique, scientifique, correcte, pour cacher l’organisation du monde selon les besoins des entreprises en guerre contre la Nature.