Le Parti pour les animaux en Hollande

Sur le site agoravox on peut lire un intéressant article intitulé « Le Parti pour les animaux bouscule la scène politique néerlandaise« .

Le titre est plutôt racoleur parce qu’il s’agit en fait d’une intéressante présentation d’un parti de « protestation », puisqu’en effet aux Pays-Bas on peut avoir un député à la proportionnelle à partir du moment où l’on dépasse 0,67%. Autant dire que c’est le contraire d’en France où il faut dépasser les 50% dans une circonscription donnée…

Ce parti donc, qui a 12 000 adhérents, a eu un score de 1,9% aux élections de 2012, obtenant un député, et aux élections européennes il a fait 4,2%, ayant un député. De manière intéressante, on peut trouver plusieurs documents en français:
– chaque semaine depuis plusieurs années il y a un petit texte racontant l’actualité du parti;
– il y a une présentation sous la forme de « cours » : « comment fonder un parti pour les animaux« ;
– enfin il y a le programme, que nous reproduisons ici.

La vie sur Terre se présente sous des formes très diverses. Les espèces animales sont au nombre de plus d’un million. Chaque entité vivante s’efforce de subsister dans des conditions optimales, si besoin au détriment d’une entité voisine.

Les espèces animales peuvent se retrouver en concurrence, ou se retrouver dans une situation chasseur-proie. L’ensemble des entités vivantes est intégré dans l’écosystème planétaire, qui se maintient selon un équilibre naturel et dynamique. La vie sur Terre n’est donc pas un long fleuve tranquille, mais bien plus une lutte permanente où ses acteurs s’impliquent jusqu’à leur mort.

L’être humain fait certes partie de l’écosystème terrestre, mais au vu de son développement intellectuel et la culture dont il s’est doté, il s’est retrouvé dans une position où il lui est possible de défendre ses intérêts au détriment des autres entités vivantes de manière plus efficace et à plus grande échelle que n’importe quelle autre espèce animale.

Le même développement intellectuel lui confère cependant la liberté, aujourd’hui comme demain, de ne pas infliger de tort ou de mal aux autres espèces vivantes et à ses semblables. C’est sur la base de ce respect pour l’intégrité morale et physique de toute forme de vie sur Terre que l’Homme pourra bâtir des relations plus harmonieuses avec ses semblables, avec les animaux et avec la nature en général.

L’Homme ne s’est pas (encore) approprié ce respect pour la vie dans des proportions suffisantes. De ce fait, hier comme aujourd’hui, son comportement se caractérise par sa dureté et par sa négligence. C’est pour cette raison que des espaces naturels se retrouvent anéantis en un temps record, que des espèces animales disparaissent, que l’écosystème terrestre, déboussolé, se retrouve sous pression et que des pans entiers de la population humaine voient leur avenir menacé.

Il est moralement inacceptable que l’Homme puisse exploiter la nature au point occasionner des changements dramatiques pour les conditions de vie sur Terre et de détériorer, de réduire ou de faire disparaître le biotope de ses semblables ainsi que celui des autres formes de vie. Les générations présentes en subissent les conséquences, et les générations futures y seront bien plus exposées encore.

C’est pourquoi il est très important que l’Homme s’impose des limitations écologiques significatives. Celles-ci doivent être centrées sur la réduction de l’exploitation des espaces, des matières premières, de l’énergie, des plantes et des animaux.
Cet objectif est clairement fixé dans la Charte de la Terre, élaborée suite à une initiative des Nations Unies en 1987 (United Nations World Commission on Environment and Development: www.earthcharter.org), et qui constitue le socle du programme pour de nombreuses organisations environnementalistes.

La protection de la viabilité, de la diversité et de la beauté de la Terre est considérée comme une ‘mission sacrée’ pour l’humanité. L’article 15 stipule notamment que le respect et la commisération pour les animaux est un objectif à part entière.

Les cruautés infligées par les hommes envers leurs animaux doivent être évitées, et les méthodes de chasse ou de pêche qui ‘occasionnent des souffrances extrêmes, longues ou inutiles’ doivent être interdites.

La Charte plaide résolument pour une utilisation durable de la nature par l’Homme. Il est vrai que les formes de vie autres que l’espèce humaine y sont reconnues à leur juste valeur, et que le respect et la commisération pour les animaux y sont mis en avant, mais aucune résolution explicite n’y est prise concernant l’exploitation des animaux.

Il en est autrement dans la Déclaration Universelle des Droits des Animaux, qui émane de la International League of Animal Rights en 1977. Celle-ci établit non seulement le principe de respect envers tous les animaux, mais elle qualifie, en vertu de l’article 7, toute mise à mort (ou d’une décision menant à la mort) d’un animal sans motif apparent de “crime contre la vie’.

Les sports de chasse et de pêche ne sont pas concernés par l’article. Quant aux expériences menées sur des animaux, une preuve doit être donnée qu’elles servent à remplir un objectif, et qu’elles sont accompagnées de recherches et de mises en pratique de solutions alternatives.

Il est grand temps, après deux siècles de protection animale, de fixer des objectifs plus ambitieux dans les relations que l’Homme entretient avec les animaux, notamment dans la restriction de leur usage.

Les animaux sont encore trop souvent considérés comme des objets subordonnés à l’Homme et à ses intérêts, et pouvant être utilisés dans un but intéressé. L’exploitation des animaux et de leur biotope, même de manière durable, entraîne inéluctablement des répercussions négatives pour les animaux, et se termine même le plus souvent par leur mort.

Chaque relation que l’Homme entretient avec les animaux doit être entreprise après avoir soigneusement pris en considération le poids des intérêts humains et les conséquences pour l’animal.

Le fait de nuire au bien être d’un animal perd d’autant plus sa justification morale que les intérêts humains à l’origine de cette action apparaissent moins importants, et que les conséquences pour les animaux sont plus néfastes.

L’exploitation des animaux dans un but qui n’est pas vital pour l’Homme peut, selon cette approche, se voir diminuer et être bannie.

Il va de soi que cela concerne entre autre l’industrie de la fourrure, le cirque, la corrida, la pêche à la ligne et d’autres formes de divertissement où les animaux impliqués sont maltraités ou menacés. Les traditions culturelles et religieuses qui mettent en scène des animaux où ceux-ci sont maltraités doivent savoir faire preuve de changement sur ce point.

En effet, les traditions, loin d’être immuables, peuvent évoluer au fil du temps pour s’adapter aux perceptions et aux normes morales des individus. Elles en ont apporté la preuve par le passé.

L’utilisation des animaux de laboratoire et des animaux destinés à la consommation doit également avoir lieu seulement après un examen éthique où sont pris en considération les différents intérêts de l’Homme et des animaux. Une attention particulière doit ici être portée vers les solutions alternatives pouvant remplacer l’usage des animaux de laboratoire et des animaux destinés à la consommation.

Le développement et la mise en application de ces alternatives peuvent par conséquent être considérés comme relevant d’une nécessité éthique pour l’ensemble de l’humanité.

Des rapports attentionnés et affectueux à la nature et aux animaux induisent d’autre part un respect pour l’intégrité mentale et physique de l’Homme. Le point de référence idéal où une inspiration peut être trouvée est la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948). Celle-ci met en avant les conditions permettant à l’Homme de vivre et de se développer en toute liberté, sans pression ni violence.

L’Homme doit ainsi tenir compte de ses semblables. Sa liberté s’arrête là où commence celle des autres. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme constitue, avec la Déclaration des Droits de l’Animal et la Charte de la Terre, un programme de départ pratique menant à la manière avec laquelle nous devrions vivre en harmonie entre nous, avec les animaux et avec la nature.

Cette esquisse est élaborée de manière plus précise dans le programme électoral du Parti pour les Animaux, et sert de contours pour les prises de position politiques du parti dans des questions actuelles.

Parti pour les Animaux, 11 juin 2005