« Augmenter l’offre de débits de boissons, secteur intensif en termes d’emploi »

C’est une nouvelle terrible aux conséquences immenses, et qui reflète le niveau toujours pire qu’on est en train d’atteindre. On parle en effet de supprimer la Licence IV…

Cela signifie que les portes seraient grandes ouvertes aux débits de boissons alcoolisées. N’importe qui, n’importe quand, pourrait ouvrir un bar, servant des boissons fortes comme il l’entend. Les bars pulluleraient, l’alcool serait encore plus incontournable.

Car à la base, pour exister en tant que tel, un tel débit (bar, café, discothèques, etc.) doit posséder une licence IV. Le chiffre quatre désigne les quatre « groupes » d’alcools existant selon la loi, et la licence IV les autorise tous, c’est-à-dire tous ceux jusqu’à 43 degrés.

Or, le nombre de licences est limitée, au chiffre théorique d’une licence pour 450 personnes habitantes dans la zone géographique. Suivant cette dernière, les reventes vont de plusieurs milliers d’euros jusqu’à 60 000 euros, pour les zones touristiques, des centre-villes, etc.

C’est là qu’intervient le projet actuel, révélé par le journal les Echos. Un document de pré-projet de loi parle de libéraliser la vente de médicaments, etc. et aussi d’alcool. Puisque des zones à fort « potentiel » pourraient disposer de bars, pourquoi être bloqué par les licences, qui sont prétexte à un marché contrôlé ?

Et cela en plus alors que la grande distribution vend de l’alcool, et formerait donc une concurrence pour les débits d’alcool…

En gros, la vente d’alcools dans les grandes surface peut continuer, mais les petits commerçants doivent avoir le champ libre également, et tout le monde sera content, l’économie sera relancé ! Le pré-projet de loi parle de manière explicite « d’augmenter l’offre de débits de boissons, secteur intensif en termes d’emploi » !

Voici le document en question, qui raisonne en termes purement pragmatiques : profits + libéralisme = bien, le reste ne compte pas !

Une telle démarche est un suicide culturel et sanitaire. Même une personne qui n’est pas straight edge comprend tout de suite les enjeux – et c’est une raison de plus de le devenir, straight edge !

Il y a un point à noter également. Normalement, il y a des restrictions concernant le transfert de licence. L’Etat peut bloquer, sans se justifier, tout transfert. Cela permet un contrôle « relatif » des préfets par rapport aux mafias notamment.

Voici ce que dit la loi :

« En cas de changement de commune du débit de boissons à consommer sur place, l’exploitant doit demander l’autorisation de transfert au préfet. En principe, le transfert a lieu dans le même département, sauf dérogation prévue pour les établissements touristiques situés hors département. L’absence de réponse de l’administration pendant 2 mois vaut refus du transfert (recours possible). »

Or, si cela saute, l’Etat perdra tout aperçu de la situation. On passerait alors d’un Etat gérant les problèmes de manière vague et sans convictions, voire avec mauvaise foi, au champ libre pour les mafias et pour les violences urbaines générées par les alcools forts facilement accessibles.

Mais il est vrai que cela arrangerait beaucoup de monde, et que de tels débits nouveaux n’ouvriraient pas dans les quartiers chics : ils contribueraient encore plus à déchirer les tissus sociaux populaires…