Les zoos: du béton contre le béton?!

Suite à la polémique sur les conditions d’existence des animaux au zoo de Fréjus, le « Chef soigneur » de ce dernier s’est fendu d’une réponse dans le Nouvel Observateur, défendant bien entendu sa position.

Rien de nouveau sous le soleil. Par contre, ce qui est intéressant, c’est la démarche soi-disant progressiste qui est mise en avant…

Voici notamment ce qu’on lit, avec une argumentation effarante : les zoos seraient des lieux d’opposition fondamentale au capitalisme, et le produit d’une abnégation sans faille… en faveur de la Nature.

C’est écoeurant, historiquement totalement faux, et c’est un anti-capitalisme digne de l’extrême-droite de par son côté totalement vide et faux :

« Bon nombre de personnes qui signent cette pétition sont des anti-zoos, et ils ne s’en cachent pas d’ailleurs, des personnes qui aiment mieux voir les animaux en liberté et nous respectons cela, nous les entendons et nous les écoutons mais nous ne pouvons pas pour autant accepter d’être traînés dans la boue pour cette cause, aussi noble qu’elle puisse être.

Quoi que l’on fasse, quoi que l’on dise, on ne les en convaincra jamais, mais les parcs zoologiques ont leur utilité et leur raison d’être dans le cadre de la conservation des espèces animales, de l’éducation, et sont maintenant des pôles scientifiques.

Je voudrais, pour finir, faire un rapide retour sur l’historique du parc, ouvert depuis 1971. Il occupait, partiellement des terrains municipaux que nous louions. En 1990, la municipalité a voulu récupérer les terrains pour faire une zone d’activité et donc bétonner 20 hectares d’espace quasi naturel. Nous nous sommes battus seuls, pendant plus de 15 ans.

Et nous avons réussi à protéger 16 hectares de nature, pour nos animaux. Il a fallu alors transférer, reconstruire. La mairie n’ayant pas d’argent pour acheter les terrains, elle a procédé à des échanges.
Nous avons travaillé dur, à nos frais, sans aucune aide ni subvention. Tout ne se fait pas en un jour sur un claquement de doigts.

Nous avons encore beaucoup de projets à réaliser notamment pour nos éléphants, nous demandons juste que l’on respecte notre travail et que l’on nous laisse le temps de le faire sereinement pour le bien de nos animaux.

Avoir un parc zoologique ne permet pas de s’enrichir, mieux vaut pour cela être dans l’immobilier et bétonner la nature ! »

On en aurait la larme à l’oeil… Tant d’hypocrisie, c’est terrible !
Ne perdons pas du temps avec ce passage sur l’immobilier et le bétonnage de la Nature : c’est totalement risible de la part de quelqu’un qui travaille dans un zoo, dont la substance même est de donner un petit environnement en béton aux animaux.

Non, allons plus loin et regardons d’où vient le zoo de Fréjus. Son fondateur n’est pas n’importe qui… C’est Hubert Masquefa, directeur du zoo du Bois d’Attilly à Ozoir-la-Ferrière, associé à Michel Klein.
Et là on comprend tout.

Car si Michel Klein est dans le coup, alors le zoo de Fréjus n’est certainement pas un lieu créé avec des bouts de ficelle : c’est quelque chose qui fait partie d’une démarche très organisée, très profonde, relevant totalement de l’idéologie dominante.

Michel Klein, qui est très connu, a un parcours « efficace » dans le genre : après avoir eu notamment une clinique vétérinaire à Paris, Michel Klein a été appelé pour intervenir au zoo d’Ermnenonville et il soignait les animaux emprisonnés au cirque de Jean Richard, et est alors devenu un vétérinaire « de pointe » pour les zoos et les cirques parisiens (Zoo de Vincennes, Jardin des Plantes, Cirque d’Hiver, Cirque Médran…).

Devenu une « figure » de la question animale… à la française, c’est lui qui a proposé en 1970 le tatouage des chiens ; il a aussi participé à la création du Parc animalier de Thoiry.

Au début des années 1970, il a participé à l’émission télévisée « Les animaux du monde », aux « Mercredis de la jeunesse », puis avec Dorothée à « Terre, attention, danger » de 1991-1996.

Cette dernière émission, Michel Klein l’a conçue, écrite et réalisée lui-même ; avec Dorothée il présentait à chaque fois un animal différent, dans une optique scientifique et de protection en théorie, en pratique tout cela ne faisait que refléter l’esprit anthropocentrique de pseudo compréhension, d’esprit de collection et de « défense » visant typiquement à masquer l’esprit d’exploitation et de domination.

Dans cette entreprise, Michel Klein a ainsi été vice-président de la SPA, il est encore Président d’Honneur de l’École de Chiens guides pour Aveugles et Malvoyants de Paris…

D’un côté, il a porté des exigences de modernité dans les actions des vétérinaires, mais de l’autre il n’a été que le vecteur de la modernisation de l’exploitation animale.

Avec un discours bien rôdé, que résume bien le titre d’une de ses œuvres : « Ces bêtes qui m’ont fait homme ». Il faut apprendre des animaux qui ont tant souffert, il ne faut pas tout détruire car on se détruirait soi-même en tant qu’humanité, ou comme il le résume :

« Nous ne nous sauverons pas sans sauver avec nous la nature et les animaux qu’elle a engendrés pendant des millions d’années. Nous vivrons avec l’animal ou périrons avec lui. »

Michel Klein, c’est la position d’une ouverture aux animaux totalement dévoyée. Il a été certainement totalement sincère, cependant le fait qu’il n’ait pas été jusqu’à la libération animale en a fait le vétérinaire et l’aide-soignant des zoos et des cirques.

Et c’est pour cela qu’en 2014, les gens du zoo de Fréjus peuvent prétendre être progressistes, reprenant les positions de Michel Klein afin d’apparaître comme « protecteurs », amis des animaux, etc.
Michel Klein n’avait rien à faire dans les cirques et les zoos, en pensant aider, il a aidé non pas tant les animaux, qu’un système général qui, en 2014, est train d’assassiner notre planète !

Les propos du chef soigneur du zoo de Fréjus est faux : les zoos font totalement partie de la logique de l’exploitation animale ! Les recherches ne visent pas à aider les animaux, mais à « gérer » la Nature, dans une logique anthropocentrique !