Un exemple parlant d’incompréhension sur les zones sauvages

C’est un exemple typique de l’incompréhension en France de ce qu’est le biocentrisme. Voici un article du Monde, reprenant des informations américaines de manière totalement tronquée, preuve d’une vision totalement anti-Nature bornant intellectuellement sans commune mesure.

Bientôt un permis de photographier dans les forêts fédérales américaines ?

Révolte dans les sous-bois. L’Office américain des forêts est en train de finaliser un règlement interdisant aux visiteurs de prendre des photos dans les parcs naturels nationaux sans avoir payé au préalable un permis de quelque 1 500 dollars, soit 1 182 euros. Une autorisation requise également pour les photos prises avec smartphone.

Selon le journal The Oregonian, les contrevenant devraient alors payer une amende de 1 000 dollars, soit 788 euros. Et même après avoir obtenu le fameux agrément, les photographes devraient faire approuver leurs clichés par l’Office des forêts, avec notamment la nécessité d’être pédagogiques vis-à-vis de la nature ainsi photographiée. Toute photographie à but publicitaire serait évidemment refusée.

Contrôle du gouvernement fédéral

Si le règlement n’a pas encore été adopté, la révolte gronde déjà dans les rangs des photographes, avocats et politiques.

Le sénateur de l’Oregon Ron Wyden a ainsi déclaré à l’Oregonian :

« L’office des forêts doit revoir toute politique qui soumet les photographies non commerciales et les enregistrements à un système de permis pénible, pour quelque chose d’aussi simple que de prendre une photo avec un téléphone.

En particulier pour les journalistes et les blogueurs, cette politique soulève de troublantes questions sur les limites inappropriées que se fixe le gouvernement quant aux activités clairement réglées par le premier amendement [notamment la liberté d’expression et de presse]. »

Dans le Washington Post, Greg Walden, autre sénateur de l’Oregon, craint que cet accès restreint ne soit « basé sur des calculs politiciens » et note qu’avec cette nouvelle règle la majorité de l’Oregon sera ainsi sous le contrôle du gouvernement fédéral.

C’est ici une démonstration de méconnaissance, d’esprit anti-Nature, et d’une sorte anti-capitalisme anti-américain totalement délirant. En réalité, il ne s’agit déjà pas des parcs nationaux, mais des zones protégées et désignées comme « sauvages » par les États-Unis.

L’idée était de faire en sorte qu’il y ait des demandes nécessaires pour aller prendre des images dans ces zones ; tourner des images commerciales aurait ainsi un tarif, associé à une autorisation.

Si ces images commerciales sont en accord avec la défense de la nature sauvage du lieu, l’accord serait donné, sinon la réponse serait négative… Ce qui est une bonne chose !

Bien entendu, par la suite il fut confirmé que la presse aurait accès aux lieux en cas d’événements importants du type feu de forêt ou des sauvetages.

Il ne s’agit nullement d’interdire des photos dans un parcours balisé dans un parc national… mais d’empêcher n’importe qui de faire n’importe quoi dans des zones sauvages !

Mais comme en France le sauvage se résume, au mieux, à un parc national entretenu et géré, alors forcément le journaliste n’a rien compris, voyant ce qu’il a voulu voir…

Les commentaires suite à l’article du Monde reflètent d’ailleurs cet état d’esprit bien français de se croire plus malin, tout en ne comprenant rien à rien :

« Est-ce qu’on doit aussi payer en fonction de l’oxygène que l’on consomme lorsque l’on se promène dans ces forêts ? »
« Mais ils ont droit de tirer du gun en forêt ….. »
« On est jamais surpris avec ce pays : le fric est partout ! »
« Faut-il payer pour faire pipi dans les forêts ? »

De manière parlant, il y a ce commentaire suivant également :

« Article publié un 1er avril ?
Après deux voyages dans ces endroits extraordinaires où je me suis fait plaisir en tant que photographe naturaliste… là, à ce tarif, ils ne m’y reverront jamais.
J’imagine qu’ils n’ont pas besoin de touristes. »

Voilà bien la mentalité française : nature sauvage = lieu pour le tourisme. Non seulement on ne comprend pas qu’une zone sauvage doit être sanctuarisée, mais l’existence même d’une zone réellement sauvage est inconcevable…