Unilever contre « Just mayo »

De nombreux médias ont parlé de cette histoire, qui n’est que la pointe de l’iceberg. En effet, on sait que nombre de producteurs de nourriture végétalienne utilisent les mêmes termes que ceux de l’exploitation animale, et même le goût si l’on peut dire, pour certains de leurs produits.

On appelle cela les « simili-carnés » et nous sommes de notre côté radicalement contre : le véganisme est une révolution culturelle, nous n’avons pas à apprécier le goût ou la forme d’un être vivant assassiné.

Ce qui s’est donc passé, c’est que le grand groupe UNILEVER – plus de 46 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et qui possède notamment ici Maille et Amora – a attaqué aux États-Unis une mayonnaise végétalienne, « Just mayo« .

« Just mayo » est accusée de tromper les consommateurs, qui pourraient penser que c’est de la mayonnaise alors que cela n’en est pas. Naturellement, UNILEVER défend ainsi Hellmann’s, sa propre mayonnaise.

Car « Just mayo » est déjà disponible dans 20 000 supermarchés aux États-Unis, et prend donc des parts de marché à Hellmann’s. Quand on pense d’ailleurs aux États-Unis, on peut penser au ketchup, mais en fait là-bas sont consommés trois plus de mayonnaise que de ketchup !

On voit l’enjeu, et d’ailleurs « Just mayo » est présentée comme une mayonnaise moins chère et meilleure pour la santé ; l’argument végétalien n’est pratiquement pas mis en avant.

La logique derrière est effectivement simplement commerciale. « Just mayo » est produite par une petite entreprise californienne appelée Hampton Creek, qui date de 2011 et fonctionne sur le principe de la start-up, tout en venant grosso modo de « lever » une vingtaine de millions de dollars.

Interrogé à ce sujet, le fondateur et directeur de cette société, Josh Tetrick, explique :

« Nous ne mettons pas notre produit sur le marché pour des progressistes prenant des arbres dans leur bras [traduction littérale de « tree-hugging liberals »] à San Francisco, même si là maintenant je suis au milieu de neuf d’entre eux.

Nous avons monté cette entreprise pour essayer de vraiment pénétrer les endroits où la nourriture qui-est-meilleure-pour-vous n’est jamais allée auparavant, et cela signifie droit dans le rayon condiment de [la chaîne de supermarché] Walmart. »

« Just mayo » était son premier produit, et désormais sont également produits des cookies. Il a fallu deux ans d’étude pour produire cette mayonnaise, à base d’une plante herbacée canadienne appelée gesse aphaca.

Seulement voilà, UNILEVER s’appuie sur le fait que selon les responsables institutionnels de l’administration américaine, la Food & Drug Administration, une mayonnaise doit contenir des œufs.

On notera en France que c’est pareil, et même en Europe. Voici ce que dit le « code des bonnes pratiques » au sujet de la moutarde, de la « Fédération des Industries des Sauces Condimentaires, de la Moutarde et des Fruits et Légumes préparés à l’Huile et au Vinaigre de l’Union Européenne Mayonnaise » :

MAYONNAISE
1. DESCRIPTION
La mayonnaise est une sauce condimentaire obtenue en émulsionnant une ou plusieurs huiles végétales alimentaires dans une phase aqueuse constituée par du vinaigre, l’émulsion huile-dans-eau étant produite en utilisant du jaune d’œuf. La mayonnaise peut contenir des ingrédients facultatifs conformément à la section 2.3.

On a ici une contradiction patente et l’entreprise produisant « Just mayo » se la joue David contre Goliath, comme en témoigne cette image, rapidement enlevée d’ailleurs, sans doute pour ne pas trop en faire par rapport au procès à venir (d’autant plus que dans la start-up ou dans son financement on trouve des gens de Microsoft, Google, Yahoo…).

Malheureusement, tout cela est pourtant très logique. On ne peut pas refaire un monde non vegan en vegan, simplement en « végétalisant » l’exploitation animale. Il y a là une contradiction complète. Le véganisme a besoin de nouveaux goûts, d’une reconnaissance de la Nature, pas de gens s’extasiant devant des simili-carnés reproduisant très précisément la forme de « cadavres ».

C’est une question de cohérence, de respect, et de culture !