La France reconnaît la « gestation par autrui » effectuée à l’étranger

C’est une catastrophe et le mot n’est pas trop faible. En pratique, on peut dire que la « gestation par autrui » a été légalisée. Désormais, toute famille disposant de moyens financiers conséquents peut revendiquer son rejet de la Nature en payant une femme dans le besoin pour porter un enfant.

C’est la conséquence de tout un processus, non pas technologique, mais moral. A partir du moment où l’on enferme des êtres vivants, où on les sélectionne, où on les mutile, où on les torture, alors forcément la perception de la vie devient mécanique, horrible.

Évidemment, il existe une critique – celle des religions – qui dit que cela va trop loin. Cependant, cette critique ne touche pas le fond du problème. Le catholicisme romain, par exemple, critique d’un côté qu’un fœtus avorté soit simplement jeté à la poubelle, mais de l’autre côté ne trouve rien à redire à ce que les poussins mâles soient exterminés.

En apparence, cela n’a rien à voir, mais pourtant c’est un seul phénomène, qui s’appelle la vie. Soit on accepte la vie dans son ensemble, soit on la rejette. Mais séparer l’humanité du reste des êtres vivants, au nom de l’âme, c’est trahir la réalité de la vie.

Et on a beau parler d’âme, de Dieu, etc., en attendant il y a les faits, et ces faits ce sont une industrie, une science, des moyens technologiques, une production bien déterminée.

D’ailleurs, à quoi répond le principe de « gestation par autrui », si ce n’est à la loi du marché ? Et on ne peut pas dire, comme le fait le Vatican, qu’une partie de la vie peut être commercialisée, et pas une autre. C’est une contradiction complète, et si on dit que tuer est un acte mauvais, alors pourquoi tuer une poule ne serait pas mauvais ?

On ne peut pas pratiquer le relativisme dès qu’il s’agit d’une question non humaine ! On peut justement voir que les manifs pour tous n’ont en rien empêché cette vague de fond de la commercialisation de la vie.

Il y a en effet des entreprises qui mènent campagne en faveur des « mères porteuses », visant évidemment un public CSP++. Le problème de ces entreprises étaient qu’officiellement l’Etat français ne reconnaissait pas ces naissances et n’accordait pas la nationalité française aux enfants concernés.

En pratique, c’était faux : cinq années de résidence en France pour l’enfant concerné et le tour était joué. Mais le caractère non immédiat posait tout de même un souci commercial. Heureusement pour ces entreprises, le libéralisme triomphant est intervenu en juin 2014, lorsque la Cour européenne des droits de l’homme rendait un arrêt disant que la France ne pouvait pas refuser de transcrire les actes de filiation réalisés aux États-Unis à la suite de naissance issue de la « gestation par autrui ».

Des députés UMP ont alors cette dernière semaine tenté de faire passer une loi pour condamner de six mois de prisons et 7500 euros d’amende le simple acte « d’effectuer des démarches auprès d’agences ou d’organismes, français ou étrangers, permettant ou facilitant, contre un paiement, la pratique de la gestation pour le compte d’autrui ».

A cela s’ajoute le renforcement de la loi concernant le « délit de provocation à l’abandon d’enfant », dont la peine passerait à une année de prison et 15 000 euros d’amende.

Bien entendu, au pays du libéralisme, cet interventionnisme d’esprit catholique n’est pas passé. Et surtout, hier, le Conseil d’État a approuvé la circulaire incitant à délivrer des certificats de nationalité aux enfants nés de la « gestation pour autrui ».
Désormais, les différentes juridictions – parquet, parquet général et greffiers des tribunaux d’instance de France et d’outre-mer – reconnaîtront la demande de nationalité pour les enfants issus de la « gestation pour autrui » et dont un parent « officiel » au moins est de nationalité française.

Cela signifie que si la « gestation pour autrui » est interdite en France, la France la reconnaît désormais si elle est effectuée à l’étranger. C’est d’une hypocrisie complète. Tout cela est effectué… au nom des droits de l’enfant.

C’est-à-dire qu’on fait de l’enfant un être juridique séparé du reste du monde, existant « en soi » et partant de là monnayable selon les circonstances – en France catholique on préfère éviter, donc on laisse faire cela dans les pays étrangers.

C’est la même chose pour la procréation médicalement assistée à l’étranger, validée le 23 septembre par la Cour de cassation.
Bien évidemment, lorsque cette pratique sera « banalisée », elle sera sans doute légalisée en France. Un enfant deviendra alors, officiellement, ouvertement, non plus un être naturel issu d’une relation naturelle, fondée sur les sentiments, mais une marchandise relevant d’un choix individuel.

N’importe quel individu, homme ou femme, pourra à n’importe quel moment prétendre dominer la Nature, en « acquérant » la vie.
On est dans l’antrhopocentrisme le plus total, dans l’égocentrisme le plus complet. C’est le capitalisme absolu, avec l’individu comme entreprise et l’enfant comme capital. C’est tout simplement l’horreur, et c’est le fruit inévitable du rejet de la Nature.