Le labrador noir de l’Elysée

C’est un très mauvais signe que ce « cadeau de Noël » consistant en un être vivant qui a été reçu par l’Elysée. En plus, cela a une certaine tradition puisque c’est un Français présent au Canada depuis 1969, le vétérinaire François Lupina, qui a l’air d’être celui toujours à l’origine des labradors noirs comme « cadeaux » à chaque nouveau président de la république….

Cela signifie que les associations mènent campagne chaque fin d’année pour dire : non, un animal n’est pas un jouet et il ne s’offre pas comme « cadeau de Noël », et là on a pu voir un battage médiatique sans précèdent saluant le « cadeau » qui a été « livré » par avion…

Dans le genre mauvaise indication culturelle, il est difficile de faire pire. On est vraiment dans le cinéma bien mesquin, bien populiste, aux dépens des animaux encore une fois.

C’est ici l’occasion, comme beaucoup de médias l’ont fait, de rappeler la chanson de Renaud consacrée à Baltique, le labrador « appartenant » à François Mitterrand. Renaud dénonce avec verve l’indifférence humaine portant atteinte à la dignité de l’amour du chien laissé sur le perron de l’Église lors de la cérémonie religieuse pour Mitterrand…

Z’ont peut être eu peur que je pisse
Sur le marbre du bénitier
Ou, pire, que je m’accroupisse
Devant l’autel immaculé

Peur que je ne lève la patte
Quelque part dans les allées
Où siège cette foule ingrate
Qui nous parle d’humanité

Ils ont considéré peut être
Qu’c’t’un amour pas très catholique
Que celui d’un chien pour son maître
‘Lors ils m’ont privé de cantiques

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Me voilà devant la chapelle
Sous cette pluie qui m’indiffère
Tenu en laisse par un fidèle
Allergique aux lieux de prières

Les gens parlent à côté de moi
Tu as de la chance toi au moins
La souffrance ne t’atteint pas
L’émotion c’est pour les humains

Et dire que ça se veut chrétien
Et ça ne comprend même pas
Que l’amour dans le cœur d’un chien
C’est le plus grand amour qui soit

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Je pourrais vivre dans la rue
Être bourré de coups de pieds
Manger beaucoup moins que mon dû
Dormir sur le pavé mouillé

En échange d’une caresse
De temps en temps d’un bout de pain
Je donne toute ma tendresse
Pour l’éternité ou plus loin

Prévenez-moi lorsque quelqu’un
Aimera un homme comme moi
Comme j’ai aimé cet humain
Que je pleure tout autant que toi

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens…