Un contenu qu’il faut développer !

Les multiples salutations à Charlie Hebdo comme étant un journal à la fois écologiste et défenseur des animaux posent un souci et montrent surtout qu’il y a un véritable problème en France concernant le principe même des définitions.

Ce qui est vraiment frappant, c’est qu’être écologiste se résumerait à être contre le nucléaire, contre la société de consommation, avec une grande sympathie pour le « terroir » et une inclination certaine pour l’irrationnel c’est-à-dire de multiples recettes et produits miracles.

C’est précisément ce qu’on trouve expliqué dans les magazines gratuits dans les magasins bios, qui disséminés à des dizaines et des dizaines de milliers d’exemplaires ont eu une influence très grande comme « style de vie » prétendument « sain » et « naturel ».

Il faut dire que ce « style de vie » est relié à toute une économie, allant des chamans guérisseurs aux magasins bios en passant par divers produits miracles mis en avant pour leur dimension purificatrice, etc.
Attention, cela ne veut nullement dire qu’effectivement la Nature ne propose pas plein de choses très intéressantes, ici il n’est parlé que des choses relevant de l’escroquerie, avec des vendeurs de poudre à perlimpinpin à la fois « bio » et « dynamique », en phase avec les « ondes » etc.

En tout cas l’écologie est ici quelque chose de très limitée, et cela se lit par ailleurs quand on regarde Europe Ecologie les Verts, dont la substance est vide, à part la transition climatique productrice d’emplois.

Pareillement, lorsqu’on voit que les journalistes de Charlie Hebdo sont qualifiés ici et là de grands défenseurs des animaux alors qu’ils n’étaient même pas végans, on ne peut qu’être choqué, surtout que Charlie Hebdo se pose par définition contre tout dogme, alors que le véganisme, par définition, est un dogme puisqu’il accorde aux animaux une valeur en soi indiscutable.

Or, on retrouve ici ce vieux problème français du grand libéralisme dans les idées, avec une incapacité d’assumer la rupture au nom du débat d’idées digne du café du commerce. Tout cela empêche d’affirmer clairement ses idées, et cela a pour conséquence qu’une minorité débarque de nulle part en s’affirmant plus radicale que radicale, pour disparaître au bout de quelques temps.

Alors, quel est le garde-fou ? Le garde-fou, c’est bien sûr la Nature, le rapport avec elle, sa reconnaissance. Être écologiste, c’est reconnaître la Nature, donc non pas un paysage, non pas l’environnement, mais la Nature comme grand ensemble où tous les êtres vivants sont reliés, non pas spirituellement, mais très concrètement.

La preuve de la Nature, c’est paradoxalement l’humanité, qui provoque des troubles significatifs sur toute la planète, des perturbations de grande ampleur, détruisant une partie de plus en plus importante de la vie sur Terre, c’est-à-dire de la Nature.

C’est le paradoxe : l’humanité nie la Nature, mais en même temps elle sait qu’elle la détruit, sans voir qu’en détruisant la Nature, c’est elle même qu’elle est inexorablement conduite à détruire. L’humanité ne peut pas vivre contre la Nature, elle est une partie de la Nature, et là réside le problème de fond : l’anthropocentrisme nie la reconnaissance de la Nature, parce que ce serait remettre en cause le statut fondamental de l’humanité placée comme « au-dessus » de tout.

Il y a ici une profonde révolution des mentalités qui doit s’opérer, et qui est inévitable. On ne peut pas faire dans la demi-mesure, car se concentrer sur les problèmes uniquement humains, c’est rater qu’aucun problème n’est uniquement humain, les humains étant une composante de la Nature et donc chaque problème concernant tout le monde.

Il y a ici toute une relecture de l’histoire qui est à faire, dans la mesure où il manque des chapitres sur les livres d’histoire, traitant de la situation sur la planète. On étudie la mondialisation, mais pas les effets sur la planète par exemple, tels les transports d’animaux sur de nouveaux continents, avec des impacts évidemment importants tant pour les animaux que pour les vies végétales et animales sur le continent d’accueil.

Tout reste à faire ! La remise en cause de l’anthropocentrisme est une étape complètement nouvelle et inévitable : c’est cela qu’il faut affirmer, c’est ce contenu qu’il faut développer !