Vasière de Méan : la honte sur les dockers de Saint-Nazaire

C’est encore un exemple terrible de comment les tendances négatives priment en France, dans la folie du chacun pour soi et de l’auto-destruction. Et c’est d’autant plus moche que cela provient de gens dont on devrait s’attendre, en toute logique, à être aux premiers rangs de la solidarité et de l’appel à changer le monde.

Mais apparemment, les dockers de Saint-Nazaire trouvent le monde où nous vivons très agréables. Ils apprécient leurs conditions de travail, leur patron, les entreprises qui les emploient. Tout leur plaît, rien n’est à redire.

Au point qu’ils sont allés pratiquer brutalités et intimidations contre quelques écologistes de Natur’Action, association qui lutte pour l’environnement à Saint-Nazaire et tout autour.

Le crime de ces écologistes: vouloir préserver la vasière de Méan d’un projet d’extension de la zone portuaire. Il s’agit d’un petit espace sauvage, par ailleurs classé à la fois Natura 2000, Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique et Faunistique, Zone de Protection Spéciale.

Cela n’a aucun intérêt pour les grandes entreprises et les actionnaires, qui comptent s’en débarrasser pour élargir le port.

Par conséquent ceux qui sont en bas de l’échelle, mais sans morale ni conscience, se sont précipités : les dockers ont attaqué à 150 le rassemblement, lancé des gros pétards, renversé le stand de l’association et déchiré ses documents, insulté et intimidé, bousculé, brûlé des t-shirts, embarquer le micro, etc.

Voici une vidéo de la vasière, et ensuite une de l’agression.

Ce qui est d’autant plus désolant, c’est que c’est sous le drapeau ce la CGT que ces dockers ont joué les fachos. Aucun autre mot est possible, de par l’irrationalisme des attitudes et la logique d’intimidation, le tout au service des grandes entreprises.

Encore, quand des travailleurs d’un abattoir de GAD ont affronté d’autres travailleurs de GAD organisant un blocage, on peut logiquement se dire que c’est malheureusement logique de par le faible niveau de conscience et les conditions de travail abrutissantes.

Mais là, des dockers à la combativité historique, avec un syndicat qui a 120 ans et une vaste tradition, en arriver là? Car il y a quelques jours a justement été lancé le programme pour fêter ces 120 ans. Alors demandons au nouveau secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, cela est-il dans l’ordre des choses? Tout ça pour ça?

C’est sûr en tout cas qu’il est plus facile de traiter une écologiste de « Dora l’exploratrice » que de s’approprier les richesses des habitants des beaux quartiers…

Voici une petite présentation qu’a publié Nantes-Loire Vegan, qui avait par ailleurs relayé l’appel de Natur’Action.

Ce qui s’est passé samedi 7 mars 2015 lors du rassemblement pour la défense de la vasière de Méan à Saint-Nazaire est d’une grande tristesse.

Le capitalisme veux s’emparer du dernier espace relativement « naturel » qui lui échappe encore dans l’estuaire au niveau de Saint Nazaire : pour se défendre, il a trouvé non pas la police, non pas les ingénieurs-bétonneurs, mais des ouvriers organisés par la CGT.

Un centaine d’ouvriers du port sont venus empêcher physiquement le rassemblement et détruire le matériel.

Que s’imaginent ces ouvriers venus casser de l’écolo ? Qu’ils vont pouvoir sortir de la crise en soutenant la destruction de la nature ?

Un site local rapporte ces mots d’un docker qui reflètent bien l’ambiance de samedi : « Entre une vasière pourrie et des emplois, il n’y a pas à hésiter ».

Ce propos est profondément erroné, car on ne choisit pas entre la peste et le choléra. Ce projet de destruction de la vasière de Méan, ce n’est pas une question d’emploi, c’est simplement que les ingénieurs du port n’ont pas envie de se creuser les méninges pour trouver une solution plus intelligente pour l’usine d’alstom.

Pour ces ingénieurs la vasière n’est qu’un « timbre-poste » comme il disent, un grand morceau de boue sans valeur. Ce point de vue contre-nature est totalement stupide, arriéré, barbare. Il n’y a pas besoin d’une grande connaissance du fonctionnement de l’estuaire pour comprendre cela.

Il est plus que nécessaire aujourd’hui de se poser les bonnes questions : si la vasière est « pourrie » à cause de la pollution, n’est ce pas pour la même raison qui fait que la vie des ouvrières et des ouvriers est polluée par des emplois « pourris », ou pire par des licenciements ?

Cela serait pourtant logique, vu la crise, dans un bastion ouvrier comme Saint-Nazaire, de voir flotter le drapeau rouge sur la ville.

Mais au lieux de cela, il règne à Saint-Nazaire un esprit de soumission total aux valeurs dominantes. Et bien sur, il y a le Front National qui cartonne en soutenant à fond cet esprit de soumission.