Sam Simon et les Simpsons

Les Simpson est une série qui se veut caustique et très critique d’un certain mode de vie, tout en étant en fait totalement insérée dedans. C’est une sorte d’objet qui se veut non identifié alors que cela relève totalement de l’idéologie dominante.

On peut y retrouver toutefois des éléments très sympas, et cela doit beaucoup à Sam Simon, qui est mort avant-hier. Il était à l’origine de la série avec Matt Groening et James L. Brooks, fondé en 1989. Sam Simon n’est resté scénariste que quatre ans, mais était resté producteur exécutif.

Et là on rentre dans un monde très particulier, celui de la philanthropie à l’américaine. Sam Simon lui-même vient d’une famille très riche, avec un père industriel et une mère avec une galerie d’art, avec comme environnement Groucho Marx, Elvis Presley ou Andy Warhol.

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Touchant 10 millions de dollars de royalties annuellement avec les Simpson, Sam Simon a décidé, de perdre son temps à vivre comme les gens richissimes, passant son temps au poker, à se marier à Las Vegas à une « playmate » (pour trois semaines seulement) ou à être manager dans la boxe, etc.

Mais il a également joué les philanthropes en faveur des animaux, d’autant plus ces dernières années alors qu’il avait un cancer.

Il a ainsi fondé la Sam Simon Foundation, active à… Malibu, qui sauve des chiens abandonnés de l’euthanasie à Los Angeles, s’occupe des chiens de gens pauvres notamment pour les soins et la stérilisation, et organise des rencontres avec des soldats traumatisés de retour d’Irak et d’Afghanistan.

Il a fondé la Sam Simon Foundation Feeding Families program, qui nourrit chaque jour, de manière végétalienne, 400 familles, ainsi que les chiens et les chats. Il a organisé des sanctuaires pour 11 ours à Dallas, 23 dans le Colorado, 500 chinchillas en Californie, un cheval en Virginie.

Il a soutenu financièrement l’association pour l’enfance Save the Children. Il collectait régulièrement de l’argent pour PeTA et il a également acheté un bateau pour l’association Sea Shepherd, dont voici la photo.

Comme on le voit, c’est assez typique, son nom se retrouve absolument partout, que ce soit pour le bateau, les associations ou même le siège central de PeTA !

Lui-même vivait dans le grand luxe, son immense habitation étant le plus « écologiste » possible, mais n’en étant pas moins quelque chose relevant du grand luxe individuel, qui par définition n’est certainement pas écologiste de par l’utilisation des ressources de manière disproportionnée.

Sa démarche n’était pas du tout démocratique, comme le montre ses actions très morales mais sans aucune utilité sociale réelle : il est allé avec Pamela Anderson proposer un million de dollars aux chasseurs de bébés phoques pour qu’ils arrêtent, il a participé à une course automobile, la Talladega, avec une voiture au logo de « Blackfish », un documentaire sur les orques en captivité, etc.

C’est là du spectacle, du hobby de millionnaire, à l’américaine. Bien entendu, Sam Simon disposait d’ailleurs de tout le « luxe » nécessaire : une grande collection d’oeuvres d’arts (dont des « pin ups » de Vargas et Elvgren), une télévision géante allant du sol au plafond, un arbre pétrifié datant du jurassique comme âtre…

Les limites de tout cela s’expriment bien sur le plan du contenu, avec le fameux épisode « Lisa la végétarienne », qui est le cinquième épisode de la saison 7 et qui vaut vraiment le coup d’oeil.




Lisa a compris le rapport entre un agneau qu’elle a vu et la viande, et devient végétarienne, avec le soutien d’un personnage vegan, Apu, un indien pacifiste, qui lui présente Paul McCartney, ce qui donne malheureusement un moment très niais, très simpliste, totalement décalé avec la réalité.

Car bien sûr, finalement on se moque de Lisa : comme d’habitude elle est intelligente, mais le monde autour d’elle est ce qu’il est, il serait immuable, il faudrait juste faire avancer les choses petit à petit, etc.

Bref c’est le rythme tout à fait conforme, non pas à la réalité, mais au moralisme d’un multi-millionnaire. On est très loin d’un appel au renversement complet d’un mode de vie…

Et voilà pourquoi les Simpsons, tellement « critiques », sont diffusés depuis le départ par le réseau Fox News – le plus populaire aux Etats-Unis – qui est ultra-conservateur, qui soutient l’aile dure des Républicains…