L’humanité est-elle « l’intendante » de la « création »?

LTD est athée, c’est-à-dire que nous ne croyons pas en Dieu, mais pas seulement cela: être athée, c’est reconnaître la Nature, comme à l’époque des Lumières. Parce que s’il n’y a pas de Dieu, il faut bien qu’il y ait quelque chose, et ce quelque chose, c’est la vie, c’est la Nature.

Rien à voir donc avec les ultra-libéraux qui sacralisent l’individu, rejettent la Nature comme « mauvaise », « meurtrière », et considèrent que l’humanité serait « supérieure » parce qu’elle disposerait du « libre-arbitre ».

Ces gens sont souvent d’ailleurs bien moins intéressant que les croyants qui, s’ils sont plein de préjugés et de superstitions, comprennent qu’il y a un souci majeur à célébrer la « toute puissance » de l’humanité.

Les médias ont parlé d’ailleurs abondamment de cette histoire d’un jeune anglais de 19 ans qui a décidé de « faire un bébé tout seul », en utilisant sa propre mère comme « mère porteuse ». On est là à la fois dans l’absurde et le crime. Il ne faut pas s’étonner après que l’extrême-droite ait le vent en poupe quand on accepte ce genre de choses au nom de la « liberté », du libre choix de l’individu, etc.

Voici un article illustrant comment la religion tente ici de prendre une position « écologiste » afin de conquérir l’opinion publique, aux dépens évidemment de la défense de la Nature. La venue probable du pape à la conférence de l’ONU sur le changement climatique à Paris en fin d’année sera ici une apothéose de toute une opération savamment calculée.

D’ailleurs, l’article a été rédigé par le rédacteur de La Croix, dans une perspective dite œcuménique, c’est-à-dire transcendant les clivages religieux.

A quoi on pourrait répondre, simplement: admettons que vous avez raison, alors on devrait dire que « Dieu créé, l’homme détruit ». Or, vous ne le dites pas, vous ne faites rien pour stopper les destructions, alors que vous devriez être aux premières loges de la lutte. C’est la preuve que votre position n’est qu’une variante d’anthropocentrisme…

Chrétiens et écologie, en harmonie avec l’univers

Dans la perspective chrétienne, s’engager en faveur de la Création est une manière de témoigner de la solidarité de toutes les créatures dans le salut.

Les chrétiens qui réfléchissent à la problématique écologique se tournent vite et de manière spontanée vers les récits de la Création dans le livre de la Genèse. Ils s’arrêtent aussi sur l’un ou l’autre texte comme le Cantique des trois enfants (Dn 3) ou le psaume 144. Mais ils sont plus mal à l’aise face au Nouveau Testament qui, pourtant, devrait être leur point de départ, car c’est à la lumière du Christ que la foi chrétienne envisage la Création. Les Écritures nous disent en effet que c’est « par lui et pour lui que le monde fut créé » (Col 1, 16).

Le Sauveur est aussi le Créateur du monde. Cette conviction est exprimée dans les hymnes cosmiques au Christ du Nouveau Testament. Jésus-Christ, médiateur et sauveur de la Création, confirme que la Création est l’œuvre très bonne de Dieu. Sont ainsi tenues ensemble les actions créatrices et salvifiques. La Création ne peut être séparée du Salut. Elle est elle-même concernée par le projet de Salut, promise à un avenir. Elle aussi est promise à la régénération finale (Ap 21, 1) et à la vie éternelle, dans l’union au Christ (Ep 1, 10). Elle aussi doit être évangélisée, selon la finale de l’Évangile de Marc : « Allez par le monde entier, proclamer l’Évangile à toutes les créatures » (Mc 16,15).

RESPONSABILITÉ DE L’HOMME À L’ÉGARD DE L’AVENIR DE TOUTE LA CRÉATION DONT IL EST L’INTENDANT

Voilà qui donne un autre fondement à la responsabilité de l’homme à l’égard de l’avenir de toute la Création dont il est l’intendant. « Créée ex nihilo (2 M 7, 28), elle est par nature soumise à la loi du temps et menacée sans cesse d’un retour au néant d’où elle a été tirée. Elle ne peut échapper à cette finitude et accéder à la gloire promise qu’en étant unie et ramenée à cet au-delà d’elle-même qui est son origine : Dieu. Pour cela, elle a besoin de l’être humain ; en attendant, elle gémit dans les douleurs de l’enfantement », explique Michel Maxime Egger (« Le respect de la Création », Christus n° 234 hors-série, mai 2012, p. 112).

Ce théologien orthodoxe fait référence à saint Paul qui écrit dans sa lettre aux Romains : « La Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu : livrée au pouvoir du néant – non de son propre gré, mais par l’autorité de celui qui l’y a livrée –, elle garde l’espérance, car elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet : la Création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8, 19-22).

La libération de l’emprise du péché a été inaugurée par la mort et la résurrection du Christ mais n’a pas encore atteint son achèvement. Le triomphe du Christ ne le sera qu’à la fin des temps, quand toutes choses seront récapitulées en lui. La Création aspire elle aussi à ce temps, qui sera celui de la réconciliation de toutes choses dans le Christ.

UNE MANIÈRE DE TÉMOIGNER DE LA SOLIDARITÉ DE TOUTES LES CRÉATURES DANS LE SALUT

Dans la perspective chrétienne, l’engagement en faveur de la Création est une manière de témoigner de la solidarité de toutes les créatures dans le Salut. L’homme n’est pas seul à être sauvé. Le Salut a une dimension cosmique. La promesse d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle oblige à s’interroger sur notre attitude à l’égard de la Création tout entière aimée de Dieu et à inventer des manières d’établir des relations plus harmonieuses avec elle.

Dans la tradition biblique, c’est le mot shalom qui caractérise le mieux cette harmonie : une harmonie de l’homme avec Dieu, des hommes entre eux et de l’humanité avec l’univers. Le mot est employé par le prophète Isaïe pour décrire les promesses messianiques : la paix qui régnera dans le peuple sera accompagnée de réjouissance et fera fleurir le désert et la terre aride (Is 35, 1-2). Le shalom est une réalité divine qui comprend la justice, la paix, l’intégrité de la Création dont les hommes sont aussi les acteurs.