Les drogues illicites en France en 2014

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a rendu public son « baromètre » pour 2014 concernant l’usage des drogues illégales. Voici un extrait de leur résumé.

Il y a deux constats quantitatifs qu’on peut faire: le cannabis s’installe y compris comme petite production (140 000 pieds de cannabis saisis en 2013 contre 55 000 en 2010), et à l’inverse de cette drogue faussement « tranquille », les drogues « stimulantes » augmentent également leur ancrage social.

Un ancrage social qui passe très clairement par les hommes, surtout jeunes. Le « baromètre » constate ainsi cette simple vérité bien connue:

« Pour tous les produits, les hommes se révèlent plus expérimentateurs que les femmes. L’expérimentation de substances illicites est la plus importante parmi les plus jeunes puis diminue globalement à l’approche de la quarantaine, soulignant ainsi des différences entre générations. »

Il y a là un facteur idéologique et culturel évident. Les hommes, surtout jeunes, se précipitent dans la fuite en avant, niant très clairement la Nature comme pouvant apporter quelque chose… Alors que les femmes sont plus enclines à se tourner vers les animaux, les végétaux…

Il y a là deux positions qui s’opposent dans les faits. Ce sont des hommes qui poussent à la « fumette » et à l’alcool… Ce sont des femmes qui portent l’ouverture aux animaux. Le paradoxe ici est que les jeunes hommes assument tout à fait le flambeau de leurs aînés, alors que les jeunes femmes, les jeunes en général, se tiennent éloignés du soutien pratique aux refuges, pour prendre l’exemple le plus parlant…

Une consommation de cannabis élevée, surtout chez les jeunes adultes

Le cannabis demeure, de très loin, le produit illicite le plus consommé en France, expérimenté par 4 personnes sur 10 (42 %) chez les 18 – 64 ans. L’usage au cours de l’année (usage actuel) est en 2014 le fait d’une personne sur dix (11%) contre 8 % en 2010.

L’usage régulier (au moins 10 usages au cours des 30 derniers jours) est pour sa part passé de 2% à 3 % entre 2010 et 2014. L’enquête montre qu’entre 2010 et 2014 l’usage actuel a augmenté pour toutes les tranches d’âge : la hausse touche en particulier les femmes de 18 à 40 ans et les hommes de 18 à 55 ans.

Les jeunes générations demeurent toutefois les plus concernées par ces comportements puisque l’usage au cours de l’année atteint ainsi son niveau maximum chez les 18-25 ans: il est alors le fait de 34 % des jeunes hommes et 23% des jeunes femmes contre, respectivement, 29% et 17 % en 2010.

Cette hausse des consommations fait suite à une relative stabilité observée entre 2005 et 2010 et s’inscrit dans un contexte d’évolution de l’offre.

« On constate ces dernières années un développement de l’offre tant pour l’herbe – sous l’effet notamment de l’autoculture – que pour la résine, dont la forte augmentation du taux de THC est à souligner » analyse François Beck, directeur de l’OFDT et l’un des auteurs de cette étude.

S’agissant des cannabinoïdes de synthèse, essentiellement vendus sur Internet et sur lesquels l’enquête se penche pour la première fois, 1,7% des 18-64 ans interrogés en ont déjà consommé au cours de leur vie. Il s’agit majoritairement de personnes ayant déjà expérimenté une drogue illicite autre que le cannabis et, pour l’essentiel, d’hommes et de personnes âgées de moins de 35 ans.

Des usages de substances stimulantes orientés à la hausse

« Depuis le début des années 1990, la disponibilité et la demande de substances stimulantes sont globalement orientées à la hausse » rappelle François Beck.

Ce constat vaut particulièrement pour la MDMA/ecstasy. Que ce soit sous la forme de poudre et de cristal (MDMA) ou de comprimés (ecstasy), l’expérimentation de la substance concerne 4,3% des 18-64 ans. L’usage dans l’année est passé de 0,3% en 2010 à 0,9 % en 2014.

Atteignant son niveau maximum entre 18 et 25 ans (3,8 %), il est trois fois moindre entre 26 et 34 ans (1,3 %) et devient quasi nul après 35 ans.

Les progressions des prévalences interviennent alors qu’on observe qu’un renforcement de la diffusion des différentes formes du produit (poudre, cristal ou comprimés) ainsi que de leurs teneurs en principe actif.

Concernant la cocaïne, la part des 18-64 ans qui l’ont expérimentée est de 5,6 % en 2014.

Cet usage au cours de la vie se situait à 1,2 % en 1995. Il a donc quadruplé en deux décennies, la disponibilité de la substance n’ayant en parallèle cessé de s’accroître au cours de la même période.

L’usage de cocaïne au cours de l’année se situe pour sa part à 1,1 % des 18-64 ans contre 0,9% en 2010.

En 2014, l’usage actuel est déclaré par 3,1 % des 18-25 ans et 2,2% des 26-34 ans, et régresse ensuite nettement. Les hommes sont 2 à 3 fois plus consommateurs.

Il est également précisé, c’est important:

Cette hausse est à rapprocher des observations de terrain effectuées dans le cadre du dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) de l’OFDT qui concluent à une diffusion notable de la MDMA/ecstasy, que ce soit sous sa forme poudre ou en comprimés, ces derniers étant par ailleurs plus gros et plus dosés qu’au début des années 2000.

De fait, la diffusion de ce produit a été plus erratique et a pu être marquée par une pénurie de l’offre par le passé. Depuis le début des années 1990, la disponibilité des substances stimulantes, qu’il s’agisse de la cocaïne ou des drogues de synthèse (ecstasy, amphétamines), s’est développée en France.

Même si sa consommation reste très rare et localisée, c’est également au cours des années 1990 que l’on a assisté à l’émergence de la forme base de la cocaïne, qu’elle soit directement vendue sous cette forme (crack), principalement à Paris et aux Antilles, ou préparée par les usagers eux-mêmes (free base), plutôt dans les milieux festifs alternatifs (Cadet-Taïrou et al., 2014).