Le cannabis chez les adolescents en 2014

L’enquête ESCAPAD (Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la Défense) 2014 de l’Observatoire Français des Drogues et de la toxicomanie a été rendu public.

On y apprend notamment que :

Entre 2011 et 2014, on observe une recrudescence importante de l’expérimentation (de plus de 6 points), qui concerne à la fois les filles et les garçons, dans des proportions comparables (44,0 % vs 49,8 % pour les garçons et 38,9 % vs 45,8 % parmi les filles).

En 2014, l’expérimentation reste en deçà de celle de 2003 (47,8 % vs 50,3 %).

Si le niveau d’usage dans la vie des garçons retrouve un niveau comparable à celui de 2000 (50,1 %), celui des filles, en revanche, est clairement supérieur (40,9 % en 2000), traduisant une convergence des comportements.

En 2014, près de 7 adolescents de 17 ans sur dix ont déjà fumé une cigarette (68,4 %) et près de 9 sur 10 déclarent avoir déjà bu de l’alcool (89,3 %).

Si l’expérimentation du tabac est plus fréquente parmi les filles (70,1 % vs 66,8 %), l’initiation à l’alcool demeure davantage le fait des garçons : 90,2 % contre 88,3 % des filles.

Toutefois, en dépit de cette inflexion de la diffusion de tabac et d’alcool à 17 ans, les usages plus fréquents augmentent sensiblement entre 2011 et 2014.

On peut lire le rapport ici. François Beck, directeur de l’OFDT, a fourni également un questions-réponses; voici celle dressant un panorama de la situation.

Quelle est l’évolution de la consommation de cannabis entre 2010 et 2014 ?

En 2014, on estime à 4,6 millions le nombre de personnes ayant consommé du cannabis dans l’année, dont 1,4 million d’usagers réguliers (au moins 10 usages au cours des 30 derniers jours). Les niveaux estimés à partir des enquêtes précédentes de 2010 et 2011 étaient respectivement de 3,8 millions et 1,2 million de personnes.

Quatre adultes sur 10 déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie. L’usage au cours de l’année (usage actuel) concerne en 2014 une personne sur dix (11 %), contre 8 % en 2010.

Il atteint son niveau maximum chez les 18-25 ans en se situant à 28 %.

L’usage régulier est, pour sa part, passé de 2 % à 3 % entre 2010 et 2014. Après une décennie de relative stabilité, ces indicateurs issus du Baromètre santé de l’Inpes sont orientés à la hausse.

Dans l’enquête ESCAPAD centrée sur les adolescents de 17 ans on observe une hausse de l’expérimentation qui concerne 48 % des jeunes contre 42% en 2011.

Les usages au cours de l’année concernent 38 % des jeunes de 17 ans et près d’un sur dix (9%) consomme au moins 10 fois par mois.

Il s’agit d’augmentations très nettes par rapport à l’enquête de 2011. Ces niveaux restent toutefois encore en deçà du pic atteint en 2003.

Comme parmi les adultes et pour les autres drogues illicites, les hommes sont davantage concernés par ces consommations. Les deux enquêtes montrent toutefois que, entre 2010/2011 et 2014, les usages ont eu tendance à beaucoup augmenter parmi les femmes de 18 à 40 ans comme parmi les jeunes filles de 17 ans.

Par ailleurs, en 2014, toutes les tranches d’âge sont concernées par les hausses d’usage.

Le cannabis est un produit dont on savait déjà qu’il touchait des milieux sociaux très variés et était consommé sur l’ensemble du territoire.

Ce caractère transversal se double aujourd’hui d’une diffusion transgénérationnelle.

En clair, le cannabis se banalise. Il est présent dans toute la société. On voit déjà les marchands de mort et d’aliénation se précipiter pour revendiquer alors la légalisation de ce qui est déjà ancré culturellement dans les moeurs.

Comme quoi la bataille contre les drogues est vraiment à mener sur le plan culturel. C’est une question de mentalité, de vision du monde. Et le cannabis se renforcera d’autant plus que l’idéologie dominante sera de proposer comme modèle de vivre de manière opportuniste, en étant sceptique, en relativisant tout, en niant la Nature…