Le teknival « Teknivibration » de Cambrai et ses déchets

Nous avons déjà parlé des free parties (voir par exemple 13 ans après la free party à la piscine Molitor, les drogues ont tout emporté ou encore L’affaire de la free party sur la réserve naturelle de Crau).

C’est tout à fait logique: le mouvement des free parties a été vraiment populaire et porteur d’espoir d’utopie comme cela n’a pas été vu depuis très longtemps en France. Malheureusement, les drogues ont balayé l’utopie et l’envie de changer le monde… Les teufers n’étaient nullement loin des revendications écologistes – sauf qu’il aurait fallu s’ouvrir aux animaux, se discipliner par rapport aux drogues (ce qui devait aboutir à leur refus!)…

Ils ont préféré le choix de l’individualisme… collectif. Comme preuve, voici une petite piqure de rappel du site lillois l’amicale progressiste. Le teknival « teknivibration », à Cambrai, s’est déroulé en hostilité ouverte avec la Nature, comme déjà bien souvent.

Quant à l’esprit initial des teufers – on range tout, on ne laisse absolument rien traîner – l’échec est complet. Chaque année pour ce teknival semi-officiel, il y a grosso modo plus de 200 tonnes de déchets. Et là cela va être nettoyé par… Suez environnement, ainsi que l’association d’insertion Aril +…

Ce week-end a eu lieu un grand Teknival à Epinoy, entre Douai et Cambrai. Il a regroupé entre 20000 et 30000 personnes. La musique techno a une assez grande importance culturelle dans notre région.

Beaucoup de jeunes vont en effet danser depuis les années 1990 dans les boîtes de nuit ou les méga-dancing de l’autre côté de la frontière belge. A côté de cela il y a eu aussi un important mouvement de « free-parties » du début des années 1990 jusqu’à leur interdiction formelle en 2002. Les Teknivals sont leur prolongement sous une forme légale et encadrée par la préfecture.

Les free-parties consistaient non seulement en des soirées dansantes, mais surtout en un mouvement contre-culturel, une sorte de mouvement hippie radical moderne mobilisant un grand nombre de jeunes des couches populaires des villes et villages ouvriers de la région (de quelques centaines à quelques milliers selon les soirées).

Les valeurs qui y étaient au centre étaient la gratuité, la solidarité, l’investissement collectif de chacun, le respect de la nature et un certain esprit de responsabilité collective.

Le choix des lieux dans lesquels se déroulaient ces soirées était en général réfléchi et les participants comme les organisateurs nettoyaient les lieux au mieux à la fin des soirées pour laisser le moins possible de traces et d’impact de leur passage. Tout cela étant vécu dans un esprit de conflictualité avec la société capitaliste et de mise en avant d’une vie « alternative ».

Évidemment, tout cela a volé en éclat avec le processus d’interdiction/légalisation consécutif à la loi 2002. Les autorités se sont appuyés sur certains collectifs souhaitant se « professionnaliser » (en gros en faire un business) pour organiser ces Teknivals légaux et gigantesques.

La drogue dure, qui étaient déjà de plus en plus présente dans les free-parties, est devenu l’alpha et l’oméga des soirée. L’esprit de responsabilité et de solidarité a totalement disparu au profit d’une attitude consommatrice. Tout cela n’a donc plus rien d’alternatif, et il n’est donc pas étonnant que le choix du lieux et de la date du Teknival d’Épinoy ce week-end se soit fait aux dépens de la nature et des animaux sauvages comme l’explique ce communiqué du GON.

« Mauvaise date, mauvais endroit pour le Teknival à Epinoy.

Si les riverains se sont vu offrir des bouchons d’oreilles, il n’en est pas de même pour la faune sauvage qui va elle aussi être fortement perturbée dans cet habitat remarquable qu’est devenue l’ancienne base aérienne.

Le site, essentiellement constitué de grandes surfaces herbacées est très propice à accueillir des espèces inféodées à ces grands espaces comme on en rencontre de moins en moins dans notre région. De nombreuses espèces dont certaines sont protégées et patrimoniales (Hibou des marais, Busard St Martin et cendrés…) y côtoient une faune plus banale mais qui trouve là des conditions favorables alors qu’ailleurs la culture intensive détériore petit à petit ses conditions de vie.

Nous déplorons qu’un tel festival soit autorisé au moment où de nombreuses espèces animales sont en train de se reproduire dans ce site remarquable. Même si la totalité du site n’est pas occupée, il est évident que la pollution sonore tant par les fréquences que par l’intensité des sons diffusés pendant plusieurs jours nuira aux habitants des villages proches et à la faune qui fréquente le site.

Si la tenue de tels festivals se conçoit, il est anormal qu’ils aient lieu dans des milieux naturels et surtout en saison nuptiale. Pour le moins, il aurait été sage de les programmer en automne ! »