« Meat Me » ou l’hypocrisie bobo

Voici une initiative, dont on nous a fait part, qui est exemplaire de l’hypocrisie bobo, mais aussi en partie du pseudo-végétarisme, pseudo-véganisme… Cela se passe à Lyon, cela se veut une « réflexion » sur la viande, avec un… « banquet carnivore et végétarien », et un représentant de L214 causant de la « viande » avec un boucher qui est un ancien éleveur.

Bref, les bobos rêvent de « viande » bio et mettent un peu de végétarisme pour faire un peu semblant d’être moderne et moral, et on trouve évidemment L214 à soutenir une horreur pareille en cautionnant, par sa présence, une initiative à vomir, typique de l’apologie de la petite production.

Le coup de proposer de la « viande » bio et à côté un petit peu de végétarisme – même pas de végétalisme, ces gens ne sont même pas capables de faire au moins un peu semblant – voilà bien le rêve bobo…

Meat Me, une journée autour de la viande pour manger et réfléchir

On a sans doute jamais autant parlé de viande que cette année, avec des Unes de quotidiens toutes de boeuf vêtues, à la Lady Gaga, des documentaires et des émissions spéciales diffusés quasiment chaque semaine.

Les images sorties clandestinement d’élevages industriels, de porcs et de poulets notamment, ont de quoi couper la faim.

Les problèmes environnementaux engendrés par ce type d’élevages ne peuvent plus être ignorés.

De plus en plus, l’intérêt nutritionnel de la viande est remis en cause.

La souffrance animale et le traitement des bêtes d’élevage traversent le débat public, recouvrant des questions philosophiques, économiques mais aussi de droit.

Ces constats mis bout à bout aboutissent bien souvent à la conclusion que, si l’on souhaite manger de la viande, il faut en consommer moins et de très bonne qualité.

Rue89Lyon et les Subsistances se sont donc associés pour monter l’événement « Meat me ». Lequel, comme son nom l’indique, doit permettre les échanges et les rencontres, pour nourrir l’estomac et la réflexion.

L’idée est née au lendemain de la première édition à Lyon du Salon des vins naturels, monté en coproduction avec nos grands cousins de Rue89. Notre petite équipe lyonnaise, indépendante du groupe de presse Le Monde, a eu envie de réaliser un nouvel événement dans la ville, qui questionnerait à la fois nos modes de consommation, les méthodes de production, le travail agricole et les impacts sur notre environnement. Des sujets que nous abordons régulièrement dans nos articles.

Ce dimanche 7 juin à Lyon, le site des Subsistances, structure culturelle qui a fourni un soutien indéfectible pour mener à bien ce projet, ouvrira ses portes dès 12h00 (entrée 5 euros, gratuite pour les moins de 10 ans). Une idée du programme ? Il suffit de demander.

Dès 11h30, un banquet carnivore et végétarien

Sur place, six stands vous attendent pour des dégustations (prix des assiettes fixés à 5 euros) de petits plats de viande produite avec soin, cuisinée en plancha ou au barbecue, et d’autres tout à fait végétariens. Il s’agit donc d’une journée ouverte à tous, carnivores ou non.

Ribs marinés, saucisses de boeuf, hamburgers, tout en bio ; légumes grillés et fromages de la ferme ; fruits frais et vins naturels : le banquet carnivore et végétarien s’annonce très séduisant. En voici les auteurs :

Frédéric Bello – Boucherie Bello
Avant de se convertir à la boucherie, Frédéric Bello a été banquier. Ce Jurassien a eu envie de se tourner vers le travail au corps à corps avec le produit et… il a choisi la viande. Il a ouvert en 2010 la première et unique à ce jour boucherie bio de Lyon, dans le quartier d’Ainay (2e). Il travaille notamment avec Sicaba, abattoirs labellisés bio conçus en 1965 par une coopérative d’éleveurs.

Florian Remont – Potager des Halles
Le Potager des Halles est un des bistrots les plus en vue de Lyon. Son chef, Florian Remont, aime cuisiner la viande et la choisit très soigneusement.

Katsumi Ishida – En Mets Fais ce qu’il te Plait
Chef d’origine japonaise qui a une foule de fans à Lyon et au-delà, Katsumi Ishida met en avant le produit. Il le commande superbe et il le reste une fois cuisiné et servi dans l’assiette. Il est également le premier restaurateur lyonnais à avoir proposé une carte de vins naturels -notamment en provenance du Beaujolais, terroir qui fût longtemps boudé par Lyon.

Axel Hernandez – La Cuisine Itinérante
Axel Hernandez a été l’un des cofondateurs du bar-restaurant De l’Autre côté du pont (7è), lieu qui a le premier à Lyon privilégié les produits locaux, l’approvisionnement en circuits courts. Il a monté « La Cuisine itinérante », un camion qui propose un excellent catering (on l’a testé au Salon des vins, avec saucisses au gène et pâte de coing à se damner). Il proposera ses petits plats, végétariens ou pas.

Benoit – Yabio
Yabio est un nouveau spot de burgers à Lyon (1er) où tout est bio, des steaks hachés au ketchup en passant par le pain. Le resto propose aussi un burger végétarien. Parce qu’il n’y est pas uniquement question de protéines, notez que le thé glacé est une gourmandise (fabriqué maison avec des thés spéciaux dénichés spécialement pour Yabio).

Julie Curtet et Alain Blin – La Crémerie de Lili + la Ferme de l’Hermitage
Alain Blin possède un troupeau de 80 chèvres. Il s’est converti en bio en 2009. Ses chèvres sortent tous les jours au pré, il complète leur alimentation avec des céréales locales (Ain et Monts d’Or), elles sont soignées à partir de plantes. Il vend autour de Lyon sur des marchés, au sein d’AMAP, dans des magasins bio.

Julie Curtet est à la tête d’un petit troupeau de 18 vaches depuis 2013. Elle tient à ne pas en avoir plus, le nombre étant suffisant à son échelle pour pouvoir s’en occuper selon ses critères personnels et ses propres choix. Ses vaches sont au pré quasiment tous les jours, nourries au foin avec un complément de céréales produites sur l’exploitation. Julie fait du lait, du fromage, du beurre et de la crème, qu’elle vend pour les deux tiers au marché et dans un magasin de producteurs.

Un débat à 15h30 : la viande sur le grill

Que signifie manger de la viande aujourd’hui ? Quelle est la réalité de la production, de la distribution et de la consommation de viande en France ? Du pré à l’assiette : comment fonctionne la filière boeuf (mais aussi de porcs et volailles) et quels choix existent pour le consommateur ?

Devons-nous cesser de consommer de la viande pour régler l’ensemble des problèmes que le produit fini peut poser ?

Nous invitons des spécialistes de la question qui débattront et apporteront des éléments de réflexion :

Pierre Hinard, ingénieur agronome qui fut directeur qualité dans l’industrie de la viande et auteur du très dérangeant « Omerta sur la viande » ;
Loïc Bienassis, historien à l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation (Université de Tours).
Brigitte Gothière, militante de l’association L214 (« éthique et animaux ») ;
Fabien Barnave, ancien éleveur de vaches devenu boucher.
Un stand tenu par la librairie Le Bal des ardents (Lyon 1er) proposera une sélection d’ouvrages sur le sujet.