La Commission Européenne rejette les signatures anti-vivisection

C’est une nouvelle triste, mais en même temps totalement prévisible : les institutions n’en ont rien à faire des pétitions, et finalement elles sont même très contentes de voir tant d’énergie gâchée vers quelque chose d’improductif.

La pétition livrée à la Commission Européenne s’est ainsi faite recalée aussi sec; tout est une question de rapport de force, de culture, d’idéologie dominante, et tant qu’on passe par les parties et pas par le tout, on ne peut arriver qu’à pas grand chose.

Voici quelques extraits de la « réponse » de la Commission Européenne sur l’initiative citoyenne européenne «Stop Vivisection». Les arguments sont on ne peut plus clairs de cynisme: si on ne le fait pas, d’autres le feront de toutes façons, et puis il y a la concurrence économique, etc.

Grâce à la vivisection, on préserverait la santé et l’environnement, donc en attendant un jour lointain où, « promis », on fera mieux… D’ailleurs, sans aucune honte, la Commission dit qu’en attendant, plus de tests permettront d’abolir les tests demain!

«Stop vivisection!» est la troisième initiative citoyenne européenne à avoir été présentée à la Commission européenne, dans le cas présent le 3 mars 2015. Elle a été signée par 1,17 million de citoyens.

Cette initiative demande à la Commission: « d’abroger la directive 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques et de présenter une nouvelle proposition visant à renoncer progressivement à la pratique de l’expérimentation animale, rendant obligatoire l’utilisation – dans la recherche biomédicale et toxicologique – de données directement pertinentes pour l’espèce humaine. »

La Commission a reçu les organisateurs le 11 mai 2015, date à laquelle ceux-ci ont présenté leur initiative lors d’une audition publique organisée au Parlement européen, en fournissant à chaque fois à la Commission des précisions concernant leur demande. (…)

L’Union européenne attache une grande importance au bien-être animal et vise à réaliser cet objectif tout en s’efforçant aussi de protéger la santé humaine et l’environnement. L’Union partage la conviction qui est celle de l’initiative citoyenne, à savoir que les essais sur les animaux devraient être progressivement supprimés. Il s’agit bien de la finalité ultime de la législation de l’UE dans ce domaine. (…)

En dépit des progrès considérables accomplis dans le développement de solutions de remplacement, des problèmes scientifiques importants demeurent en ce qui concerne les points-limites les plus complexes dans la recherche fondamentale et appliquée, la mise au point de produits pharmaceutiques et les essais d’innocuité des substances. Lorsque les processus et mécanismes toxicologiques et physiologiques ne sont pas suffisamment connus ou sont très complexes, des solutions de remplacement sont rarement disponibles.

Ainsi, la substitution de tous les essais sur des animaux par d’autres méthodes n’est pas possible actuellement étant donné que l’on doit garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale et de l’environnement.

L’initiative citoyenne «Stop vivisection» intervient à un moment de transition. Les avancées technologiques permettent le traitement d’informations de plus en plus complexes fournies par la recherche animale et non animale, donnant ainsi la possibilité de combler progressivement les lacunes dans nos connaissances, lacunes qui retardent actuellement le remplacement de toutes les expérimentations animales.

Cependant, une interdiction prématurée dans l’Union de toute recherche reposant sur l’utilisation d’animaux risquerait de faire sortir de l’UE la recherche et l’expérimentation biomédicales, au profit de pays dans lesquels les normes relatives au bien-être animal peuvent être moins strictes que dans l’Union mais aussi dans lesquels un plus grand nombre d’animaux peut être nécessaires pour atteindre le même résultat scientifique. (…)

Les études expérimentales sur les animaux ont toujours été indispensables pour mettre au point des méthodes de prévention et de limitation des maladies humaines et animales. Elles ont contribué à améliorer la santé publique et la qualité de la vie et à allonger l’espérance de vie.

Il existe aujourd’hui des traitements efficaces pour de nombreuses maladies infectieuses, certaines formes de cancer et diverses maladies chroniques telles que le diabète. Ces progrès auraient été irréalisables sans les connaissances acquises au moyen d’études expérimentales sur des animaux. La législation impose la réalisation de telles études avant toute autorisation d’essais cliniques sur l’homme; le but est de protéger la santé et l’environnement. (…)

Plusieurs projets de recherche «Horizon 2020» visant à mettre au point et à valider des méthodes ne recourant pas à l’utilisation d’animaux dans le cadre de l’évaluation de la sécurité des produits chimiques, des contaminants alimentaires et des nanomatériaux ont été autorisés ou sont en cours d’autorisation. (…)

La Commission partage la conviction de l’initiative citoyenne que les essais sur les animaux devraient être progressivement supprimés. Il s’agit bien de la finalité ultime de la législation de l’UE dans ce domaine. (…)

L’utilisation d’animaux dans le cadre des activités de recherche apporte en effet une compréhension des mécanismes biologiques des animaux et des êtres humains, ce qui permet de mettre au point des méthodes de substitution plus éthiques, d’un meilleur rapport coût/efficacité, plus prédictives et plus rapides. (…)

La Commission se félicite de la mobilisation des citoyens en faveur du bien-être animal. L’initiative citoyenne a fourni l’occasion d’examiner de façon critique la manière dont l’UE pouvait intensifier ses efforts en vue de passer d’activités de recherche et d’expérimentation basées sur les animaux à des activités ne reposant pas sur l’expérimentation animale.

Pour présenter brièvement la campagne de signatures, on peut constater que les pays suivants ont le plus de signataires: l’Italie (690 325), l’Allemagne (164 304), la France (61 818), l’Espagne (47 194), pour un total de 1 173 130 signatures.