L’Eglise catholique a bien évidemment fait imprimer la version française de l’encyclique « Laudato Si » du pape François. On y trouve deux préfaces : une est écrite par le cardinal Philippe Barbarin, qui est le « primat des gaules » c’est-à-dire grosso modo le chef de l’Eglise catholique en France, et une autre est écrite… par Nicolas Hulot! La voici.
Préface de Nicolas Hulot
En ce début du XXIème siècle, notre intelligence est mise en demeure de prendre en charge les manifestations de son propre succès. La crise climatique n’est pas une simple crise environnementale. Elle est le symptôme visible d’une profonde crise anthropologique.
Nier ou réduire sa dimension, c’est prendre le risque d’ajouter de la misère à la misère, de la souffrance à la souffrance. N’oublions jamais que le changement climatique frappe prioritairement les enfants, les femmes et les hommes les plus vulnérables. Rétablir les équilibres climatiques est la pierre angulaire de la dignité humaine, de la justice sociale et de la paix.
Nous focaliser sur les effets du changement climatique sans en comprendre les causes, sans sonder les racines du mal, ne nous épargnera que provisoirement. L’humanité a avec elle-même un rendez-vous critique qu’elle ne doit pas esquiver. L’âme du monde est malade et nous divaguons dans une profonde crise de sens.
L’homme n’est plus relié à rien, c’est son désarroi tragique. L’homme s’est désolidarisé du futur, du passé de la terre et du reste du vivant. Privé d’horizon, l’homme est mutilé.
Dans cette crise de civilisation, la politique, l’économie, la technologie, la science devront être totalement mobilisées.
Mais à cette dimension horizontale, il faut apporter une dimension verticale : replacer l’Homme dans l’univers, dans la Nature, redéfinir collectivement les fins et les moyens, redonner du sens au progrès, voilà le préalable à la solution durable.
Où est l’Homme universel, fraternel ? Où est sa dimension spirituelle, sa sagesse ? Où est l’unité entre l’homme et la Nature ? Où sont le respect et la paix ?
Autant de questions et de réponses qui ne jailliront pas spontanément dans la société d’aujourd’hui. Ses codes d’expression et son rythme sont incompatibles avec une telle introspection.
L’encyclique Laudato si’, comme la voix du pape François, peuvent largement y contribuer. Ce texte peut élever la réflexion et forcer l’esprit humain à partager une vision. Il peut être une boussole providentielle dans un monde désorienté pour retrouver du sens. Une passerelle inespérée pour renouer avec l’humilité, la modération et la solidarité.
L’humanité est à l’aube d’une métamorphose. L’avenir n’est désespérant que si on laisse le temps décider à notre place. La famille humaine doit écrire un nouveau chapitre de son odyssée. Cette encyclique doit être un substrat fécond pour inspirer notre imagination et orienter nos énergies.
Le pape François solennise et sacralise l’enjeu écologique. Il scelle un diagnostic en associant science et morale. En nous invitant au courage et à l’honnêteté, François propose une nouvelle feuille de route pour l’humanité, il ouvre un chemin de maturité jalonné de valeurs incontournables.
Voilà bien l’écologie en mode anthropocentriste, rejetant catégoriquement la Nature! Et voici également, avec un soutien moins ouvert mais en disant long tout de même, la position officielle du ministère des affaires étrangères sur l’encyclique, au moment de la publication de celle-ci:
Publication de l’encyclique « Laudato Si » sur la question écologique – Déclaration de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international et président de la COP21 (18 juin 2015)
Je salue la publication de l’encyclique « Laudato Si » de Sa Sainteté le Pape François, première encyclique de l’histoire de l’Eglise catholique consacrée à la question écologique.
Son titre, tiré des écrits de Saint François d’Assise, et son statut – il s’agit du document de la valeur la plus élevée que puisse produire le souverain pontife -, témoignent de l’importance accordée à la protection de l’environnement par le Pape.
En cette année décisive pour la lutte contre le dérèglement climatique, ce geste sans précédent contribuera à renforcer la mobilisation de la communauté chrétienne et plus largement de l’ensemble des citoyens du monde qui sont sensibles aux messages du Pape. C’est donc une contribution importante pour le succès de la COP21.
Les masques tombent. L’écocide est de plus en plus grand, il faut choisir son camp, et les anthropocentristes sont obligés de montrer le caractère de leur « écologie »…