Un « menu 100% Vegan » dans un restaurant même pas végétalien?!

[Des précisions sur la véganisation de l’endroit sont à lire ici.]

« Ceviche d’huîtres sauvages, onglet maturé par Michel Brunon, purée au beurre Bordier ou encore crème de citron de Kalamata sontquelques uns de nos plats signature. »

Cette longue phrase est tirée du site du restaurant « Dune », qui se situe à Paris dans le quartier (très branché) de la Bastille. On le devine on a ici affaire à du hipster, du bobo, etc.

Le terme « onglet » ne disant rien à personne à part pour les bobos avides de « pièces nobles » (sic!), en voici la définition par wikipédia:

L’onglet est un morceau de viande de bœuf ou de veau situé sur le ventre, sous le faux-filet et le filet.

Or, comme il faut bien être à la mode, depuis quelques mois, il y a dans ce restaurant des… « mardis vegans »,  qui n’ont rien de vegan bien sûr: le terme est ici uniquement une arnaque « branchée » utilisée ici pour désigner des plats végétaliens et leur donner un côté plus « hype ».

Le restaurant utilise cela comme moyen de se faire une publicité branchée, présentant cela de la manière suivante :

« Tous les mardis soirs, retrouvez Maylis Parisot en cuisine avec un menu 100% Vegan »

Cela ne tient pas debout… C’est vraiment une escroquerie, car toute personne végane défend naturellement, et avec raison, le fait que le réfrigérateur ne doit pas contenir de produits de l’exploitation animale, et hors de question d’utiliser des couteaux, fourchettes ou poêles ayant servi à mutiler des cadavres…

Alors désigner un restaurant comme vegan alors que dans la chambre froide il y a des animaux assassinés…

On pourra peut-être arguer : après tout c’est mieux que rien, ne soyons pas trop idéalistes, au moins là c’est végétalien pour les plats. Mais en ce cas, comment interpréter l’information suivante, fournie par Télérama qui fait un éloge de cette alimentation végétalienne… temporaire :

« Si vous voulez goûter à l’aventure, sachez qu’en plus des mardis soir, le restaurant devient cet été totalement vegan, midi et soir du 20 au 30 juillet. Puis il ferme pour les vacances, avec une réouverture le 17 août. Et du 17 au 31 août, Dune sera encore totalement acquis à la cause vegan, non plus avec un menu unique mais avec des plats à la carte. Début septembre, le restaurant retrouvera son chef et sa cuisine habituelle. »

Là, c’est évidemment indéfendable, même pour qui est prêt au compromis!

Car le véganisme, ce n’est certainement pas un petit tour et puis s’en va. Le véganisme est une démarche totale. « Totalement acquis à la cause végane » en sachant que juste après, le végétalisme passe à la trappe? C’est une insulte absolue au véganisme.

Tout cela révèle la tendance erronée qui rapproche le véganisme du végétalisme, puis du végétarisme, tout cela pour liquider le sens des mots, et la pratique végane ensuite…

Quelle est la valeur d’un tel végétalisme « temporaire », seulement destiné à remplir le restaurant l’été?

Déjà, à nos yeux, un compromis local, sur le plan du lieu, est inacceptable. Mais si là en plus le végétalisme n’est qu’une sorte de parenthèse touristique, simplement temporaire, c’est encore pire…

Et tout cela est une tromperie qui contribue à la tromperie. Il est clairement honteux que le restaurant ose s’approprier le terme de vegan, alors qu’à côté de la nourriture végétalienne rien n’est végétalien, ni végan… Cela induit clairement en erreur, comme le montre le titre de l’article de Télérama qui est honteux:

« J’ai testé… le dîner vegan du restaurant Dune »

Végétalien, peut-être et encore, mais alors végan… Carrément pas ! C’est là, encore une fois, un hold up bobo, une tentative de briser le véganisme, qui est une morale.

Comme il serait hypocrite pour une personne végane de manger dans un tel restaurant en se disant : bientôt le végétalisme cédera la place à l’arrivée de cadavres célébré par des bobos appréciant la « viande maturée » et autres expérimentations sordides sur les cadavres de nos amis animaux…


Tout cela révèle vraiment quelque chose de terrible : il y a des gens qui sont végans pour leur bonne conscience. Les animaux ne les intéressent pas, la Nature ne les interpelle pas. Ils ont juste décidé d’éviter d’avoir à participer à ce qu’ils voient comme un crime.

Ils vont au mieux protester contre ce crime. Mais mener la bataille pour changer… pas moins que toute la société, hors de question pour ces gens-là. Ils nient l’universalisme du véganisme, ils n’assument pas le fait qu’être végan individuellement… n’a de sens que si demain tout le monde devient végan, sans quoi on n’aura juste été une « anomalie », une « exception »…

Ils sont donc, prêts à tout accepter, du moment qu’on leur donne une image « sainte ». Dans une telle optique chrétienne, dans une version « egotrip » propre à notre époque, se dire vegan a – temporairement – sa petite valeur, son petit prestige ; cela permet de faire semblant de ne pas être comme tout le monde…

Alors qu’au final on a la même vision du monde que les autres, le cynisme en moins. On devine qu’un tel véganisme « individuel » n’ira pas bien loin et disparaîtra par la suite au bout d’un temps, l’effet de mode étant passé…