Massacre des poussins mâles et appel aux institutions

A force de jouer avec le feu, on se brûle. On voit mal en effet comment pourraient contribuer réellement à la cause animale des gens comme l’immensément opportuniste d’EELV Jean-Vincent Placé, le Corse actif à Marseille Jean-Noël Guérini au coeur de l’affaire du même nom, Olivier Dassault appartenant à la famille d’entrepreneurs de l’armement du même nom, Patrick Balkany dont les affaires judiciaires occupent l’actualité, ou encore la figure nationaliste « souverainiste » Nicolas Dupont-Aignan…

Pourtant, ce sont de telles figures politiques, parmi plusieurs autres, que l’association L214 est allée rechercher pour combattre le meurtre de 50 millions de poussins mâles chaque année, dans des conditions terrifiantes. Naturellement, les députés et sénateurs en question ne se prononcent contre uniquement dans la mesure où à leurs yeux c’est indigne de la modernité de la filiale « avicole »…

Quand on voit Patrick Balkany parler de « modèle agricole respectueux du bien-être animal », franchement, c’est sordide et pathétique.

Quand on a Jean-Vincent Placé qui rappelle que « le ministère de l’agriculture a précisé travailler sur une remise à plat des normes de mise à mort des animaux et traiter la question de la mise à mort des poussins dans les couvoirs », c’est glaçant.

Peut-on faire progresser la cause animale de cette manière? Il faut vraiment mépriser le peuple pour penser agir ainsi, en contournant les gens, en passant au-dessus de leur tête.

Et d’ailleurs – c’est un point essentiel – la non-mise à mort des poussins mâles passe par une intervention encore plus grande de l’industrie dans la vie des animaux exploités, renforçant encore plus le système.

Faire l’apologie de la méthode spectrométrique pour sauver les poussins mâles, c’est se tirer une balle dans le pied. On est ici clairement dans la modernisation au nom du « bien-être animal », il est impossible de prétendre le contraire, surtout vu les gens à qui on a affaire ici…

Voici par exemple ce que dit François Loncle, député Socialiste, républicain et citoyen de l’Eure :

M. François Loncle attire l’attention de M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur le sort funeste réservé à certains poussins dans les couvoirs de poules pondeuses. Dans l’élevage avicole, uniquement les femelles sont conservées pour la production d’œufs. Quant aux poussins mâles, ils sont éliminés dès leur naissance, car ils ne possèdent pas les mêmes caractéristiques que les poulets élevés pour leur chair : ils sont tués de manière particulièrement cruelle, en étant broyés, gazés ou étouffés. Tout en préservant la filière avicole française qui a réalisé depuis plusieurs années de gros efforts de modernisation, il lui demande qu’il lui explique comment rendre plus digne la mise à mort des animaux que l’Assemblée nationale a reconnu, en janvier 2015, comme des « êtres vivants doués de sensibilité ». Il souhaite savoir ce qu’il pense de la méthode spectrométrique allemande de détermination prénatale du sexe des poussins, ce qui permettra, à la fois, un tri précoce dans l’œuf et un abandon de la pratique abominable du broyage des poussins.

Voici ce que dit Nicolas Dupont-Aignan, et on remarquera qu’il cite et salue l’association L214, qui a mobilisé les députés et sénateurs en question. Ce qui signifie pour cette association avoir une véritable reconnaissance institutionnelle.

M. Nicolas Dupont-Aignan appelle l’attention de M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur la pratique du broyage à vif des poussins dans les couvoirs de poules pondeuses. Dans l’élevage avicole, seuls les nouveau-nés femelles sont conservés pour la production d’œufs et les poussins mâles sont détruits : en effet, n’ayant pas les mêmes caractéristiques que les poulets élevés pour leur chair, ils sont considérés comme inutiles par la filière avicole. En France ce sont environ 50 millions de poussins mâles qui sont ainsi éliminés de façon particulièrement cruelle au premier jour de leur vie : déchiquetés vivants à l’aide de broyeuses, gazés ou étouffés. Cette pratique de l’élimination en masse des poussins mâles a été révélée par un ancien employé de couvoir en Bretagne, dont le témoignage filmé a été rendu public par L214 en novembre 2014.

Les images montraient en effet des poussins jetés de façon routinière dans une broyeuse ou étouffés par centaines dans des sacs poubelle. Cette pratique constitue une dérive de l’industrie avicole incompatible avec les principes d’une société qui reconnaît le caractère sensible de l’animal. En novembre 2014, les services de votre ministère ont communiqué à la presse leur intention de remettre à plat les normes de mise à mort des animaux et de traiter la question de la mise à mort des poussins dans les couvoirs. En Allemagne le ministre de l’agriculture Christian Schmidt a annoncé que le procédé de prédétermination du sexe des poussins sera utilisé couramment dès 2016 et que la pratique du broyage devrait être abolie à partir de 2017. L’Université de Leipzig a en effet mis au point une méthode de détermination prénatale du sexe des poussins, permettant un tri précoce des poussins dans l’œuf. Grâce à cette méthode il sera possible de déterminer le sexe des poussins dès le 3ème jour de leur développement par une technique de spectrométrie. La France, ayant adopté la loi d’avenir agricole qui vise à développer un modèle agricole respectueux du bien-être animal, s’honorerait à prendre la même décision que l’Allemagne et ainsi mettre fin à la pratique du broyage des poussins. Aussi il souhaiterait savoir s’il envisage d’instaurer de façon obligatoire en France la méthode de prédétermination du sexe des poussins.

Voici la liste des députés et sénateurs concernés. En cliquant sur leurs noms, on a le texte de leur intervention au parlement ou au sénat.

Dire que maintenant tout ce « beau monde » va se donner une image positive, en faveur des animaux, alors qu’au fond leur base même est fondamentalement anti-végan…

Il va de soi également qu’un tel opportunisme va torpiller la cause animale chez beaucoup de monde. Parce qu’aller chercher les Balkany, Guérini, Placé, ou même les députés et sénateurs traditionnels, en pleine crise politique en France, c’est quelque chose de tellement institutionnel – voire de soumission complète aux « notables » – que cela dégoûte profondément…

Laurence Abeille (EELV, Val de Marne)
Brigitte Allain (EELV, Dordogne)
Laurence Arribagé (LR, Haute Garonne)
Danielle Auroi (EELV, Puy-de-Dôme)
Patrick Balkany (LR, Hauts-de-Seine)
Jean-Jacques Candelier (FG, Nord)
Dominique Chauvel (PS, Seine Maritime)
Olivier Dassault (LR, Oise)
Dominique Dord (LR, Savoie)
Nicolas Dupont-Aignan (DLR, Essonne)
Jean-Paul Dupré (PS, Aude)
Guénahël Huet (LR,Manche)
Jean Lassalle (Modem, Pyrénées-Atlantiques)
Thierry Lazaro (LR, Nord)
Frédéric Lefebvre (LR, Français établis hors de France)
François Loncle (PS, Eure)
Lionnel Luca (LR, Alpes-Maritimes)
Alain Marleix (LR, Cantal)
Philippe Noguès (PS, Morbihan)
Philippe Plisson (PS, Gironde)
Bérengère Poletti (LR, Ardennes)
Christophe Premat (PS, Français établis hors de France)
Gabriel Serville (D&R, Guyane)
Christophe Sirugue (PS, Saône-et-Loire)
Michel Sordi (LR, Haut-Rhin)
Michel Vergnier (PS, Creuse)

Jean-Marie Bockel (UDI, Haut-Rhin)
Roland Courteau (PS, Aude)
Jean-Noël Guérini (LF13, Bouches-du-Rhône)
Chantal Jouanno (UDI, Paris)
Jean-Pierre Masseret (PS, Moselle)
Cyril Pellevat (LR, Haute-savoie)
Marie-Françoise Perol-Dumont (PS, Haute-Vienne)
Jean-Vincent Placé (EELV, Essonne)
Nelly Tocqueville (PS, Seine-Maritime)
Alain Vasselle (LR, Oise)