François Goullet de Rugy et Jean-Vincent Placé quittent EELV

Le grand paradoxe historique d’Europe Ecologie Les Verts, c’est de ne jamais ouvertement parler d’écologie. Les thèmes ont toujours été « sociétaux », avec comme optique de rendre agréable aux bobos certaines zones urbaines et de prôner la « modernité » pour mettre de côté les bourgeois conservateurs de Neuilly Auteuil Passy.

EELV n’est pas né d’un mouvement populaire en défense de la Nature, avec une culture alternative, comme en Allemagne ou en Autriche. C’est un parti libéral libertaire utilisant les réformes écologistes comme moyen de « moderniser ».

Seulement en France, il y a déjà un parti dont c’est le rôle : le parti socialiste. EELV a donc toujours été la fraction bobo du parti socialiste. Et comme François Hollande organise un réseau pour être réélu, forcément EELV doit en être, obligatoirement pour exister.

Le carriérisme étant ce qu’il est à EELV, la scission se passe entre ceux qui veulent attendre, pour se vendre plus cher voire faire d’EELV un grand parti remplaçant le parti socialiste, et ceux qui veulent s’allier directement.

Du 19 au 22 août lors de son université d’été, EELV a donc connu des affrontements en série. 2000 personnes étaient attendues, seulement 800 sont venues tellement cela s’annonçait mal.

Il y avait, pour l’anecdote, un stand de L214 de présent, preuve de l’opportunisme tout azimut et du manque complet d’analyse de la situation. A moins que tous ces gens dont on craignait qu’ils aillent chez les fachos préfèrent finalement les bobos.

Jean-Vincent Placé n’y est pas allé de main morte : il s’est posé ouvertement et tel quel comme l’homme le plus fidèle de François Hollande et a annoncé que cela continuait comme cela, il y aurait scission avant les régionales et non pas après.

Évidemment quand tout le monde sait qu’une scission va avoir lieu, alors elle se produit sans attendre. Avant-hier, c’est le député de Loire-Atlantique François de Rugy qui a quitté EELV.

François de Rugy, c’est en réalité François Goullet de Rugy, issu d’une famille aristocrate de haute volée, qui est un de ces cadres typiques d’EELV : un technocrate modernisateur qui sait gérer, pas comme ces hippies d’écolos de l’ancienne période !

Le titre de son nouvel ouvrage est d’ailleurs « Écologie ou gauchisme, il faut choisir ». Pétri d’esprit libéral libertaire, il soutient même la légalisation de la GPA c’est-à-dire les mères porteuses…

Voici ce qu’il disait par exemple en 2011. Rien que le titre résume bien l’esprit bobo d’EELV : c’est nouveau dans la société donc c’est bien, la société devrait être libérale libertaire…

Bioéthique : encore une fois, l’Etat est en retard sur la société

Ce projet de loi ne comporte aucune avancée et renforce le statu quo sur ces questions qui transcendent le clivage droite/gauche. Le maintien de l’interdiction de toute recherche sur les embryons et cellules souches embryonnaires est à déplorer. De même, l’impossibilité de lever l’anonymat sur le don de gamètes ainsi que le refus exprimé par la majorité d’autoriser la gestation pour autrui sont extrêmement regrettables. Il est temps de sortir d’une vision conservatrice de ces problèmes de société afin de moderniser la législation pour l’adapter aux évolutions actuelles.

Le départ de François Goullet de Rugy était prévu depuis longtemps en fait. Nous en avions parlé : l’idée est d’avoir des « écolos » au gouvernement pour la COP21, ainsi que pour le front électoral de 2017. François Hollande se dit qu’avec un tel bloc modernisateur, il passera face à Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen…

François Goullet de Rugy se situe dans cette perspective et son action est logique. Son but est que les « écolos » se soumettent tout de suite au parti socialiste, et pas au second tour car c’est trop risqué et surtout cela empêche « l’union » qui est la seule condition au succès de François Hollande.

Dans une interview au Monde, voici ce que dit François Goullet de Rugy :

« Que pensez-vous d’une candidature de Cécile Duflot en 2017 ?

Dans l’opinion, je ne vois pas de dynamique autour de cette candidature mais Cécile Duflot se prépare et EELV est déjà devenu une petite boutique présidentielle. Cette candidature se présente comme l’exact remake de celle de 2012, avec le résultat que l’on connaît. On ne sait d’ailleurs pas bien si ce serait une candidature de la gauche de la gauche ou une candidature rouge et verte. (…)

Vous pensez rejoindre un autre parti ?

Je ne suis ni dans l’idée d’adhérer à une autre formation ni d’en créer une autre. Je veux fédérer les écologistes réformistes, ceux qui ne sont pas à EELV et ceux qui y sont encore. Dans les mois qui viennent, il y aura des recompositions et des choses nouvelles à inventer au-delà de la forme du parti traditionnel. Celle d’EELV est d’ailleurs l’une des plus usées. »

Quitter EELV est donc cohérent : il y a juste le temps de « monter autre chose » et de se satlliser au parti socialiste. Sa compagne Emmanuelle Bouchaud, vice-présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, avait d’ailleurs quitté EELV en juin 2015.

Et hier, c’est Jean-Vincent Placé qui a annoncé son départ sur Europe 1, en duplex… depuis l’université d’été du PS à La Rochelle ! Un grand moment de ridicule, qui vaut le détour.


Placé : « Pour moi, EELV c’est fini ! par Europe1fr

Cependant, il y a une chose qu’il dit qui est vrai : il assume enfin qu’il est républicain de gauche, qui aurait pris conscience de l’importance de l’écologie. Fini de jouer aux bobos écolos – qu’il n’a jamais été – au moins le masque est tombé et il assume enfin qu’il veut « faire de la politique », aller au gouvernement, etc.

Il a même fait l’apologie d’Emmanuel Macron : « Il bouge les lignes, et il va faire en sorte que ce pays se bouge enfin. »

C’est bien la « modernisation » et l’écologie n’est qu’un prétexte pour cela…

Ce qui est aussi intéressant, c’est que le prétexte de cette scission serait qu’EELV serait trop à gauche. Mais en fait, EELV n’est nulle part… Il n’y aucune défense de la Nature, aucune des animaux… Quand au côté « rouge », on ne peut qu’en rire : EELV ce n’est pas la révolution… Car de toutes manières, au 21e siècle, c’est quoi la seule révolution possible ?

Prendre tout l’argent des riches et s’approprier toutes les entreprises, pour produire des choses réellement culturelles et utiles en partageant tout, en vivant en harmonie avec la Nature et donc en supprimant tous les comportements barbares, individualistes, égocentriques. Une société végane, où tout le monde vit en paix en défendant les animaux et en se cultivant, avec des divertissements intelligents.

EELV en est plus que très loin…