Quelques exemples sur la forêt en France

Puisque hier il était parlé de la forêt dans le monde, jetons un oeil sur la situation en France, avec trois exemples pouvant avoir l’air anecdotique, mais qui révèle la tendance de fond…

Commençons par ce que Le Parisien constate dans la banlieue parisienne, dans un article intitulé « Les forêts franciliennes envahies par les déchets de chantier ».

Impossible de les rater. Les tas d’immondices qui défigurent la forêt de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) sont devenus omniprésents. Les gens qui se promènent dans cet immense poumon vert de 3 500 ha voient se multiplier des amoncellements de gravats et de déchets de chantier. Et si le massif forestier des Yvelines est parmi les plus touchés, c’est un problème en pleine expansion dans toute la région.

Dans ses forêts d’Ile-de-France, l’Office national des forêts a ramassé pas moins de 1 500 t de déchets en 2014. (…)

Ici, on est arrivé au point de rupture. « En 2014, nous avons ramassé 3,5 t de déchets de chantier, raconte Pascal Loffroy, le responsable de l’unité territoriale du Nord-Yvelines à l’ONF. En 2015, entre janvier et juillet, les chiffres ont complètement explosé. On est déjà à 40 t ! »

Le chiffre est colossal mais, estime Pascal Loffroy, « on en compte tout autant qui est encore au sol et ça va grimper après la rentrée, une période où les chantiers s’enchaîneront et où l’on verra fleurir de nouveaux dépôts sauvages. » Et à chaque fois, par effet boule de neige, d’autres poubelles seront déposées, faisant grossir les entassements.

L’extrait d’article suivant vient de France Bleu, au titre qui en dit long sur un certain degré de folie de la société actuelle: « Gironde : ils avaient défriché un bois pour cultiver du cannabis »…

Quatre personnes ont été interpellées par les gendarmes à Reignac, au nord de Bordeaux. Elles avaient installé leur plantation de cannabis au milieu d’un bois de la commune. (…)

Les militaires ont effectivement découvert une jolie plantation de 141 pieds de cannabis. Non contents de cultiver leurs plantes, les occupants s’étaient aménagés un véritable espace de dégustation !

Un salon de jardin en pleine nature

C’est mercredi dernier que les gendarmes de Saint-Ciers-sur-Gironde ont trouvé l’endroit. Sans la moindre gêne, quatre personnes avaient défriché et clôturé un bois de la commune de Reignac, sur environ 200 m2.

Ils ont été arrêtés en flagrant délit, en pleine séance de jardinage. Ils avaient également installé sur place un très confortable salon de jardin.

Enfin, voici ce que constate Le Monde, dans un article intitulé « Crise à l’ONF : quand la forêt s’enflamme », avec un arrière-plan terrible : suicides en série dans des proportions incroyables, camps de vacances de luxe comme programme de l’ONF devenue ouvertement une entreprise d’Etat au service des entreprises du privé…

C’était au début de l’été, le 1er juin 2015. Un ouvrier forestier de l’Office national des forêts, l’établissement public chargé d’administrer et d’exploiter les bois et les forêts françaises, mettait fin à ses jours. Un acte qui porte à trois le nombre de suicides à l’ONF depuis le début de l’année, et à 38 depuis 2005. (…)

L’ONF, sous la double tutelle des ministères de l’agriculture et de l’écologie, est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), comme l’Etablissement français du sang, la Comédie-Française, le Centre national d’études spatiales ou encore l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

En tant qu’EPIC, il doit gérer une activité de service public, mais peut également dégager des profits du fait de l’exploitation forestière. Après une année de résultat net négatif (une perte de 900 000 euros en 2012), l’établissement affiche un rebond progressif avec un résultat de 2,5 millions d’euros en 2013 et de plus de 10 millions en 2014. (…)

Le nouveau directeur va devoir conduire les négociations en vue de la signature, en octobre prochain, du prochain contrat d’objectifs et de permanence (COP), qui détermine les orientations de gestion et les programmes d’action de l’établissement et doit entrer en vigueur au 1er janvier 2016.

La situation est d’autant plus inquiétante que la transparence ne semble pas être la norme : organigramme complet impossible à consulter selon les syndicats, absence de système informatique pour gérer les ressources humaines, rémunérations biaisées par des primes dont les montants ne sont pas connus, multiplication des filiales (plus d’une vingtaine actuellement)…

L’une d’elles est d’ailleurs l’un des projets les plus décriés de l’ONF : Huttopia, des camps de vacances de luxe, dont le terme est annoncé, car l’accord du ministère pourrait lui être retiré. Qualifiée d’« exotique » par la Cour des comptes, l’opération est en effet assez éloignée de l’activité de l’ONF et a été mise en place avec une entreprise privée dans des conditions peu favorables à l’établissement public (qui a amené les fonds mais ne possède pas la majorité des parts). »