Voici les dernières nouvelles concernant l’affaire du « vol » du chiot d’un SDF à Paris. Il s’agit d’avoir un aperçu le plus clair possible, tant pour aujourd’hui, que pour demain. Car il faut avoir conscience que cette affaire, qui a pris des proportions médiatiques nationales (Le Figaro, Le Monde, L’Express…), cause un tort à la défense des animaux.
Le triomphe de l’émotion jusqu’à irrationnel, dans l’absence de sensibilité sur la situation réelle des animaux, provoque une sorte de tollé général contre les « extrémistes » de la cause animale. C’est une véritable catastrophe. La défense des animaux paie ici un prix absolument terrible.
Tentons de résumer le problème. Premier point : il est tout à fait vrai que des mafias roms utilisent des animaux drogués pour mendier.
C’est inacceptable et les personnes défendant les animaux ne l’acceptent pas. Les institutions, par contre, s’en accommodent parfaitement.
Cela dure depuis longtemps et c’est une problématique réelle, d’autant plus qu’elle frappe toutes les personnes aimant les animaux qui sont confrontées à cette situation. L’idée de récupérer l’animal a évidemment traversé (voire plus) la tête de toute personne végane.
Malheureusement, cette question disparaît totalement de l’affaire, qui est présentée comme celle d’un SDF à qui on a volé son chien, sans savoir justement s’il s’agit d’un SDF ayant un rapport traditionnellement très fort avec son ami canin – nous en avons souvent parlé – ou bien justement de quelqu’un lié à une mafia.
L’exploitation des animaux a totalement disparu de l’affaire, au profit du « fait divers ». Les réactions qui en découlent sont de ce fait à l’emporte-pièce, sans aucune analyse de fond. Il faut ici clairement noter que le responsable de l’association a une part de responsabilité énorme dans cette affaire.
Tout d’abord, habitant dans le Nord, il a pris cette initiative seul alors qu’il participait à une manifestation à Paris pour les animaux. Il affirme que le chien est drogué, mais il n’y aucun compte-rendu d’un vétérinaire.
Non content de ne rien expliquer, il a menacé de procès les gens le dénonçant, or la pétition contre lui a déjà plus de 175 000 signatures.
A cela s’ajoute que les médias ont largement relayé l’affaire, que le SDF a été soutenu par des gens et qu’il a porté plainte, que la police a elle-même affirmé suivre l’affaire.
Notons également à la charge de la personne ayant pris le chien, qu’il y a deux ans elle avait posté un message, enlevé par la suite, qui témoigne d’une paranoïa raciste forcenée, qui de toute manière suinte régulièrement dans ses opinions.
Elle affirme également que les papiers du chien, qui s’appelle Linda, seraient faux. Car entre-temps une vidéo est apparue avec une interview et des informations au sujet du chien. Elle a été mise en ligne par quelqu’un qui utilise facebook pour diffuser des informations sur la plainte contre le « vol » et explique que :
Ce SDF possédait un husky durant 17 ans. Sa mort l’a traumatisé et en avait fait son deuil. Il a adopté cette petite demoiselle qui avait été vaccinée et vermifugé par une association charitable. Ce SDF est connu dans le quartier pour l’amour et les soins qu’il apportait à ses animaux.
On notera toutefois que sur le net on trouve deux rumeurs au sujet du SDF : ce serait quelqu’un présent dans le quartier depuis 15 ans et ayant perdu « son » chien précédant un peu auparavant, une autre version le présentant comme un SDF arrivé depuis peu qu’on aurait vu souvent changer de chiot.
Il est en tout cas roumain et a 59 ans. Voici une vidéo où on voit quelqu’un donnant son point de vue, lui-même ne s’exprimant pas en français.
Essayons maintenant de voir ce qui compte. Selon nous, il faut avoir au centre des préoccupations la défense des animaux. Il est tout à fait stupide, comme les anarchistes antispécistes le font, de verser de l’huile sur le feu en affirmant que toute cette question de mafia rom utilisant des animaux est raciste, par exemple. Cela se voit que ces gens ne connaissent rien à la situation des animaux, prenant ces derniers en otage pour avoir l’air « radical ».
On ne peut pas nier les faits. Il existe des mafias, en général, et il y a, c’est vrai, une mafia de la mendicité, organisée, utilisant des animaux. Or, là, toute cette question, très importante (mais pas « essentielle » comme le prétend l’extrême-droite) et intolérable, disparaît totalement de la problématique, ce qui est grave.
On est dans la dénonciation des défenseurs des animaux, comme cet article de la Voix du Nord présentant la personne qui a pris le chien comme un extrémiste ayant trop d’animaux chez lui et qui à ce titre se fera expulser. On y lit cette explication d’une voisin :
« Quand il est arrivé dans l’immeuble, il était bien. Puis quand il a commencé à militer en faveur des animaux, s’est enfermé dans une logique, et s’est radicalisé. »
Toute personne défendant les animaux ne connaît que trop bien cette accusation totalement conformiste et relevant tout à fait de l’esprit dénonciateur fasciste.
C’est ce qui se passe en ce moment à grande ampleur : l’interventionnisme pro-animaux est criminalisé. Même si la personne qui a pris le chien est pleine de préjugés et même si elle s’est trompée, il faut bien comprendre que le sens de sa motivation n’est pour autant pas délirante du tout.
Voici ce qu’il dit à ce sujet dans Metronews.
Contacté par metronews, Anthony Blanchard, président de l’association et présent sur la vidéo – l’homme à la casquette blanche – se justifie : « En marge d’une manifestation pour le droit des animaux qui se tenait à Paris, samedi 19 septembre, une dame est venue nous voir (la femme blonde sur la vidéo, ndlr). Elle nous a dit qu’un Rom mendiant avait un chiot drogué avec lui. J’ai constaté de moi-même que le chien n’était pas dans son état normal. »
Ne voulant pas préciser si le vétérinaire, consulté par la suite, a bien confirmé que le chien était drogué, Anthony poursuit : « C’est un fait que les Roms droguent leurs animaux et les vendent sur le trottoir. Certains mangent des chats. »
Il ajoute, dénonçant le montage orienté de la vidéo filmée par une tierce personne : « Ce que vous ne voyez pas, c’est qu’on a d’abord discuté avec cet homme, qui n’a pas pu nous présenter les papiers de l’animal. Puis il l’a pris contre lui, l’a serré dans ses bras et s’est roulé par terre. »
Comme on le voit, tout cela est très compliqué. Et on paie le prix d’un interventionnisme velléitaire, gangrené par le style de travail misanthrope valorisant l’extrême-droite.
Mais c’est une question qui doit être résolue posément, en rejetant l’esprit calomniateur et dénonciateur visant ceux et celles qui veulent défendre les animaux.