La légitimité de l’intervention en faveur des animaux

Dans l’affaire du chiot arraché de force, la situation est tellement terrible que la vraie question qui se pose, c’est : avec qui faut-il avoir tort ? Avec ceux et celles qui considèrent que cela ne se fait pas ? Ou bien avec ceux et celles qui considèrent que cela se fait ?

Normalement, ce qui compte c’est la vérité, mais là on ne sait pas si la personne à qui le chiot a été pris était un SDF ou quelqu’un utilisant les animaux dans sa mendicité, en rapport avec une mafia.

Le résultat est qu’on est soit embarqué avec des gens dénonçant la brutalité de l’action et considérant que l’interventionnisme pour les animaux dépasse les bornes… Soit avec l’auteur plein de préjugés d’une action spontanée, puisant sa légitimité dans l’interventionnisme pro-animaux.

Si on dit qu’on est avant tout là pour les animaux, on n’a pas le choix : mieux vaut des gens semi-fachos qui agissent vraiment (et qui donc logiquement demain ne seront plus fachos s’ils sont conséquents) que des anars qui ont raison sur tout parce qu’ils ne font rien du tout pour les animaux.

Réfléchissons un peu à cette problématique, en voyant par exemple une vidéo mise tout récemment sur le facebook de Cause Animale Nord, dont le « président » a arraché le chiot de force au SDF. Voici la présentation de celle-ci :

« Des ouvriers ont rebouché une doline à Voronezh, en Russie. Une chienne errante et portante passait par là au moment où les employés rebouchaient le trou, et l’animal a été pris au piège.

Trois jours plus tard, Vadim, un habitant du quartier, a entendu le chienne criée. Le jeune homme a compris qu’elle était coincée dans les sous-sols. Il a alerté les autorités qui n’ont rien voulu faire. Le jeune homme a alors pris les choses en mains et a libéré lui même l’animal.

Belka et ses futurs petits sont aujourd’hui en bonne santé. Elle a été accueillie dans un refuge pour animaux et sera bientôt proposée à l’adoption. »

C’est une vidéo dont le contenu est typique dans le mouvement de défense des animaux. Il faut d’ailleurs avoir en tête que l’ALF en Angleterre n’est pas né comme proposition théorique végane, mais comme stratégie de la libération animale : c’est né sur le tas de la volonté pratique et concrète d’aider les animaux, comme on peut le voir avec l’ALF Supporters Group Newsletter ou la revue Arkangel.

D’où le fameux slogan « Si ce n’est pas toi, qui ? Si ce n’est pas maintenant, quand ? », repris d’une formule d’un rabbin de l’époque de Jésus, Hillel Hazaken : « Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je ne suis que pour moi, que suis-je ? Et si pas maintenant, quand ? »

Évidemment, Cause Animale Nord n’a rien à voir avec cela, car la scène de l’ALF en Angleterre, dans les années 1970 et 1980, c’était un mouvement disposant d’une riche culture, pas des coups de force individuel.

Mais cela, les gens intervenant pour les animaux n’en ont pas conscience ; à leurs yeux l’ALF c’est une action « coup de force » en faveur des animaux et voilà tout. Bloqués souvent dans leur misanthropie, ils considèrent que de toutes manières c’est un peu eux contre le reste du monde. Brigitte Bardot est appréciée justement pour cette posture ; les fachos profitent de cela.

Seulement voilà, nous ne pensons pas que les fachos aient raison et nous penons en même temps que les gens intervenant en défense des animaux ont, à défaut peut-être d’être rationnel et d’agir de manière conséquente, une dignité très grande.

Ils représentent quelque chose d’essentiel à nos yeux. Ils sont tournés vers les animaux. Beaucoup ne sont pas vegans, mais ils ne sont pas vegans pour eux-mêmes comme beaucoup de vegans le sont. Et donc demain, ils pourront être vegans pour les animaux… Et là le véganisme a un vrai sens.