Nouvelle loi sur la promotion du vin

L’OCDE a publié un rapport sur la santé en France, et dans la fiche de synthèse on apprend des choses très intéressantes…

« La France doit poursuivre ses efforts pour réduire les facteurs de risque pour la santé, notamment le tabagisme et la consommation nocive d’alcool.

Le pourcentage de la population qui fume quotidiennement en France reste bien supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE (24% en 2013 par rapport à une moyenne de 20% pour l’OCDE) et il est presque deux fois plus élevé qu’en Suède et en Australie.

La France doit s’inspirer des mesures prises par ces pays pour réduire davantage la consommation de tabac. Bien que la consommation d’alcool ait diminué en France au cours des 30 dernières années, elle demeure parmi les plus élevées dans les pays de l’OCDE, avec une moyenne de 11.1 litres d’alcool pur par habitant contre 8.8 litres en moyenne dans les pays de l’OCDE (25% supérieure).

Comparée aux autres pays de l’OCDE, la France a des niveaux de taxes sur l’alcool plus faibles, en particulier pour le vin. Par ailleurs, la France s’est dotée depuis le début des années 1990 d’un large éventail de mesures pour limiter la publicité des boissons alcoolisées (la loi Évin), qu’il est important de maintenir le plus possible afin de promouvoir la santé publique.

Le nombre d’adultes en surpoids ou obèse en France est plus faible que dans la plupart des autres pays de l’OCDE, mais il augmente de façon régulière. Un adulte sur 7 en France était obèse en 2012, contre un sur 9 seulement en 2000.

La probabilité d’être obèse varie fortement selon le statut socioéconomique : les femmes et les hommes ayant un faible niveau d’éducation en France ont environ deux fois plus de chance d’être obèse que les plus éduqués. Un vaste éventail de mesures doit être mis en place pour lutter contre l’obésité, joignant la promotion d’une alimentation plus saine et de l’activité physique, et ce dès le plus jeune âge. »

On voit bien dans les dernières lignes que l’OCDE dit ouvertement que les pauvres ont une alimentation bien plus mauvaise que les autres. C’est un aspect essentiel de l’exploitation animale.

Mais regardons aussi ce qui est dit sur l’alcool par rapport à ce qui s’est passé ces derniers jours. En raison de l’état d’urgence, le préfet du Nord a interdit la vente d’alcool à emporter après 20 heures, parce que les gens alcoolisés fournissaient trop de travail aux « forces de l’ordre » qui avaient mieux à faire.

Pour taper bien large, étaient également interdites la détention et la consommation sur la voie publique de boissons alcoolisées, et même le fait d’avoir une boisson dans un contenant en verre, afin d’éviter que l’alcool soit transvasé afin de contourner l’interdiction.

Cela devait être valable pendant tout l’état d’urgence, soit au moins jusqu’à la mi-février. Evidemment, les commerçant ont mené bataille et voilà qu’hier le préfet du Nord a abrogé cette interdiction, faisant comme si cette abrogation avait été prévue dès le départ… Quelle hypocrisie!

Cela en dit long sur les valeurs qui dominent en France. D’ailleurs, le communiqué de l’OCDE y fait une allusion…

Comparée aux autres pays de l’OCDE, la France a des niveaux de taxes sur l’alcool plus faibles, en particulier pour le vin.

Cette remarque sur le vin est à rapprocher à ce qui est dit dans le communiqué au sujet de la loi Evin, qu’il s’agirait de maintenir le plus possible. C’était une référence au débat parlementaire en France. Or, justement, la situation a changé, la loi a été modifiée…

On peut désormais légalement promouvoir une « région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique ».

En clair, les producteurs de vin pourront désormais promouvoir leur alcool, s’ils font passer cela pour quelque chose de culturel. C’est l’idéologie du terroir.

Voici comment « Vin & Société » – tout un programme, puisque c’est le lobby du vin – se félicite de cette modification tout à fait dans l’esprit du « terroir » :

« Ce vote sécurise l’information journalistique et oenotouristique sans donner pour autant plus de droits publicitaires. Il devrait également éviter une forme d’autocensure préjudiciable à la fois aux médias et aux acteurs régionaux en charge de développer l’oenotourisme.

Le contexte règlementaire ainsi clarifié, permettra à chacun d’exercer sa responsabilité sereinement. Ce vote, n’assouplit pas la loi Evin mais en favorise l’application » déclare Joël Forgeau, Président de Vin & Société.

Depuis 2 ans, Vin & Société au nom des 500 000 acteurs de la vigne et du vin, défend l’idée qu’il est souhaitable de trouver une position équilibrée permettant de concilier les enjeux de santé publique avec l’économie.

Or, une étude conduite par l’IFOP* en juin 2015 fait apparaître que cette position, ainsi que le vote intervenu à l’Assemblée Nationale, trouvent un large écho dans l’opinion publique française.

En effet :

– 75 % des Français interrogés pensent que la loi Evin doit être clarifiée pour distinguer ce qui relève de l’information et ce qui relève de la publicité sur les vins et alcools.

– 84% des Français sont favorables à ce que le secteur de l’oenotourisme puisse faire de la publicité et de la promotion.

– 76 % des Français pensent que la promotion de l’oenotourisme est compatible avec la préservation de la santé publique.

– 62 % des Français font confiance aux professionnels de la filière viticole sur la question de l’encadrement de la publicité en faveur de l’alcool.

Cela révèle tellement de choses sur notre pays, sur qui décide de quelles valeurs doivent prédominer!