Cette fois, c’est relativement plus clair : les négociations sont en retard. Il y a encore plein d’options qui n’ont pas été débriefées et d’autres qui sont des points d’achoppement, par exemple la question de la vérification de ce que fait chaque pays ou encore la question de savoir qui va fournir les financements pour les aides.
Il y a donc pour l’instant un document-brouillon de 50 pages, avec 1400 expressions ou phrases entre crochets, c’est-à-dire encore en suspens.
La Fondation Hulot a annoncé hier avoir eu l’information selon laquelle il y a eu une réorganisation des méthodes de travail :
« La nouvelle méthode proposée par l’Afrique du Sud (pour le G77) et la Chine, complétée par le Guatemala (groupe AILAC) a été acceptée par tous : moins de groupes spin-off en parallèles (12 réunions seulement programmées ce jour), plus de travail transversal du groupe de contact, incitation aux facilitateurs pour qu’ils proposent des rédactions de compromis/convergence (ils ont d’ailleurs fait de nouvelles propositions ce matin). »
Tout cela est d’un terrible amateurisme ; en même temps cela reflète les contradictions entre les uns et les autres. Parmi les pays qui font du blocage d’ailleurs, on a pu apprendre que cette fois c’est l’Arabie Saoudite qui a fait le forcing pour qu’il soit hors de question que l’objectif passe de 2°C à 1,5°C de réchauffement climatique.
Il y a aussi l’Indonésie, qui dans ses comptes a « oublié » dix millions d’hectares de forêt, afin de relativiser la déforestation… Elle a également « oublié » ses feux de forêt massifs (et organisés), qui ont fait de ce pays par moments un plus grand producteur de CO2 que la Chine…
D’une certaine manière, on peut dire qu’il y a quatre grands blocs :
– les pays pétroliers (et gaziers), qui comptent profiter de la manne des énergies fossiles ;
– les pays « en voie de développement » du type BRICS (Brésil, Inde, Chine…) qui comptent à tout prix avancer ;
– les pays intermédiaires cherchant à temporiser (comme la France), parce qu’ils peuvent se le permettre et que c’est dans leur intérêt (avec le nucléaire par exemple) ;
– les pays alliés aux États-Unis, comme l’Australie, et donc les États-Unis eux-mêmes, qui entendent surtout garder leur autonomie.
Tous ces pays sont donc égoïstes, mais pas de la même manière. Au final, l’absence d’unité, de vision commune de l’écologie, de la Nature, fait que les uns et les autres participent au grand renoncement…
A côté de ces négociations qui donc partent très mal, d’autres initiatives montrent que tout cela ne ressemble pas à grand-chose. Voici par exemple ce dont nous informe FranceTV info :
« Une vingtaine de villes du monde, dont Paris, ont signé une promesse d’engager 10% de leur budget à renforcer les actions de prévention ou de lutte contre les risques, qui peuvent être climatiques, mais aussi sociaux ou terroristes. »
Quel rapport entre les différents « risques » ? Aucun, on voit bien que l’écologie est un thème comme un autre. On a encore une autre incohérence avec « Ice Watch Paris » d’Olafur Eliasson.
18 gros morceaux de glace – leur poids total est de 80 tonnes – ont été pris au Groenland, amené au Danemark par container, pour rejoindre Paris par l’autoroute pour un parcours d’au moins 1200 km.
Puis, douze gros morceaux de glace ont été placés place du Panthéon à Paris, hier pendant la nuit (18 avaient été transportés au cas où il y aurait un souci dans le transport). Le tout étant censé formé une installation d’art contemporain permettant soi-disant une réflexion, etc. Selon « l’artiste », cela permettrait de voir les choses concrètement :
« Ce qui fond à Paris, c’est un dixième de ce qui fond chaque seconde l’été au Groenland. C’est un moyen de rendre les données (du réchauffement climatique) réelles. »
Non seulement tout cela a coûté une petite fortune en CO2, mais de toutes manières à part quelques touristes et quelques grands bourgeois du quartier, personne ne verra rien… C’est une sorte de fiasco sur tous les plans !
D’une certaine manière, c’est le symbole de la COP 21 : elle n’a pas réussi à mobiliser les gens en France, il n’y a pas de mobilisation, il y a seulement maintenant un petit débat… On est très loin de ce qu’exige la Nature de notre part.