COP 21 : le onzième jour

On avance vers le dénouement de la COP 21. Son président, Laurent Fabius, a ainsi déclaré hier :

« Nous sommes extrêmement proche du terme, et il nous faut désormais accomplir les derniers mètres pour aboutir à un accord universel, juste, ambitieux, juridiquement contraignant et durable. Nous le devons et nous le pouvons. »

C’est assez étrange comme formulation puisqu’on sait déjà qu’il n’y aura rien d’universel, ni de juridiquement contraignant, voire même pas de durable…

Hier soir, à 21 heures, on avait en effet une nouvelle version du texte final disponible. Initialement, elle devait être rendu public à 15 heures, puis à 17 heures, finalement elle est arrivée en soirée.

Elle aurait dû être la version finale en tant que telle, mais elle est présentée comme l’avant-dernière, avant le document final censé être présenté aujourd’hui, la COP 21 fermant dimanche.

Cette version fait 27 pages, avec 26 articles, dont une dizaine sont déjà considérés comme « acquis », étant par conséquent envoyés aux commissions traduction d’un côté, vérification juridique de l’autre.

On peut remarquer, outre les choses mentionnées hier, que la référence aux droits humains a été enlevé, ainsi que celle concernant l’égalité des sexes, ou plus exactement des « genres » dans le texte. L’appel à une transition vers une économie durable qui soit « juste » a été éliminé du document également.

On ne sait toujours pas qui financera quoi et comment.

Le document dit qu’il faut aller « bien en-dessous des 2 degrés » et faire des « efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré ». En même temps, on ne trouve aucun chiffre concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Et rappelons que les chiffres donnés par les pays pour la conférence ne permettent en aucun cas un tel objectif…

En tout cas, on aura normalement aujourd’hui en soirée la version finale.

Voici, pour conclure, une précision très intéressante donnée par Les échos concernant la différence de 0,5°C à l’horizon 2100 :

« Encore non résolu, jeudi, le choix du niveau d’ambition sur le réchauffement – 1,5 degré Celsius (objectif A) ou 2 degrés (objectif B) – a des conséquences bien différentes.

En 2100, selon la récente étude d’Earth System Dynamics Discussions, le niveau de la mer aura augmenté de 40 centimètres dans le premier cas (A) ou de 50 centimètres dans le second (B). L’intensité des fortes précipitations augmenterait de 5 % (A) ou de 7 % (B) environ.

Concernant l’accès à l’eau dans les pays méditerranéens, d’Amérique centrale et d’Afrique du Sud, la réduction serait de 15 à 20 % avec un objectif de 1,5 degré et de 25 % à 30 % si l’on vise 2 degrés.

La durée moyenne des canicules s’élèverait à un mois ou un mois et demi, au niveau mondial. Sous les tropiques, elle pourrait atteindre jusqu’à deux mois (A) ou trois mois (B).

Sur le plan des récoltes, il faut s’attendre à une baisse de 14 % (objectif A) à 19 % (B) de la production de blé pour la moitié des pays producteurs. Les chiffres s’élèvent à 8 % et 12 % respectivement pour la production de maïs et, pour le soja, de 10 % et 12 %. »

En fait, on connaît les grandes lignes de la catastrophe en cours. Mais l’humanité ne se donne pas les moyens de faire face aux défis… ni à elle-même. Elle n’est pas prête, encore, à abandonner son anthropocentrisme…