COP 21 : le douzième jour

Le document final de la COP 21 sera finalement rendu demain, on peut s’attendre au pire.

Car, finalement, qu’aura-t-on vu dans les journaux ? Des centaines de gens, parfois en chaussettes ou assis par terre, en train de tapoter sur leur ordinateur.

Mais que peuvent-ils bien être en train de faire ? En quoi cela a-t-il un sens ?

L’ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko a expliqué qu’elle ne dormait que « 2 heures et demie au plus par jour ».

Comment est-ce possible ? La COP 21 n’a-t-elle pas été prévue depuis bien longtemps ? Le contenu des discussions n’est-il pas connu, depuis plus de quatre années ? Mais qu’ont-ils bien pu négocier ?

En quoi ces milliers de personnes négociant changent-ils vraiment les choses, dans le document et dans la réalité ? Quelle peut être la mentalité de quelqu’un qui, les yeux fixés sur son écran, fait défiler des données, envoie des mails ?

Tout cet étalage d’activités est écoeurant dans la mesure où, demain soir, on pourra s’apercevoir que le document rendu est vide de sens.

On sent que la nuit de jeudi à vendredi, il y a une offensive de la part de certains pays, comme l’Arabie Saoudite, qui a refusé d’accepter le principe de « bien en-dessous de 2°C ». Le Koweït s’est mis dans la partie, la Russie a dit qu’il n’y avait aucune base scientifique pour 1,5°C seulement, etc. Si ce n’est pas du sabotage, qu’est-ce que c’est ?

Il faut arrêter les illusions (tout comme il ne suffit pas de nier la COP 21 pour supprimer les problèmes, comme l’ont fait les zadistes).

Sylvain Angerand, de l’ONG les Amis de la Terre, a accordé une interview à Libération. Voici ce qu’il explique quand on lui demande son avis sur la dernière version du document encore en cours d’élaboration :

« Je m’inquiète. Il n’y a rien visant à laisser les énergies fossiles dans le sol. Rien non plus permettant de réduire concrètement les émissions de gaz à effet de serre dès l’an prochain. C’est donc se foutre de nous que de brandir l’objectif de 1,5 ou 2 degrés. Aujourd’hui, personne ne peut dire que ces limites suffiront. Mais rester sur l’objectif de 1,5 degré permet de minimiser les risques.

C’est pour ça qu’on le réclame depuis des années. Il s’agit de ne pas franchir le seuil d’emballement climatique, car à un moment, on ne contrôlera plus la machine. C’est vraisemblablement dans les dix prochaines années que ça se joue. Ensuite, les impacts seront impossibles à gérer pour les pays vulnérables.

Deux degrés de réchauffement, ça signifie clairement que des zones deviendront inhabitables, qu’il y aura d’importantes vagues de migration, que l’insécurité alimentaire s’aggravera… On pousse donc pour que chaque pays fasse sa part. »

C’est là reconnaître que c’est la catastrophe, et « espérer ». Voici une question que Libération pose et sa réponse :

Vous appelez la société civile à se mobiliser samedi. Qu’en espérez-vous ?

« Samedi, on ne sera pas là pour s’amuser. Ça fait vingt ans que les négociations n’avancent pas. On veut avoir le mot de la fin. »

Cela ne va pas être le mot de la fin, mais bien le début d’une nouvelle époque. Les leçons de la COP 21 sont faciles à tenir :

– la division de l’humanité en nations est un obstacle ;

– un gouvernement mondial est inévitable ;

– il faut centraliser les initiatives et les imposer ;

– il faut des chiffres, des bilans, le tout de manière publiée, disponible, avec des discussions à ce sujet dans toute la population mondiale ;

– tout cela passe par une remise en cause de l’anthropocentrisme et la reconnaissance de la Nature.

Voici, pour conclure en attendant demain, une image tirée de la bande dessinée « Mother Sarah », un manga qui permet une très profonde réflexion sur l’engagement pour la défense de notre mère la Terre. Elle exprime ce qui se produira certainement : la condamnation des générations qui n’ont rien fait, qui ont trahi la vie sur la planète !