La COP 21 et l’élevage

La COP 21 a abouti à un accord visant à freiner le réchauffement climatique. Si l’on regarde les choses de manière objective, alors on peut penser que, en toute bonne logique, l’élevage serait particulièrement étudié.

Si l’on prend l’alimentation, la fermentation gastrique, le transport, etc., l’élevage est la cause de 14,5% des émissions anthropiques (c’est-à-dire ayant comme origine des activités humaines) de CO2.

Il serait donc logique de penser que la COP 21 a abordé cet aspect, surtout si l’on pense que la COP 21 raisonne à l’horizon 2100.

Même sans considérer, comme nous nous le faisons, que l’élevage devrait être aboli, on pourrait s’imaginer qu’au moins la COP 21 demanderait à ce que cela soit mieux gérer. C’est ce qu’a fait la FAO par exemple en 2013.

Pourtant, il n’y a strictement rien à ce sujet dans l’accord de la COP 21. Pas une ligne, pas un mot, absolument rien, aucune indication.

N’est-ce pas totalement illogique ? C’est bien le cas pour quiconque est rationnel. C’est forcément choquant, au moins étonnant. Et il ne peut s’agir d’un oubli, vu les panels d’experts!

Il y a ici une contradiction fondamentale, qui ne peut avoir qu’une seule explication. C’est la suivante : l’exploitation animale est une composante même du capitalisme et de ce fait, elle est invisible ou intouchable. Le capitalisme ne peut pas se mutiler.

Nous avons toujours été d’une clarté complète sur ce point, contrairement à bien d’autres niant les faits pour masquer leurs faiblesses, leur capitulation : l’exploitation animale est en croissance pratiquement exponentielle.

Voici deux graphiques présentant l’extension de l’exploitation animale à l’horizon 2050, dans les pays développés et dans les pays en voie de développement.

Ce qui en découle est inévitable : l’exploitation animale va être généralisée comme système mondial, avec toujours plus d’animaux dans les élevages, toujours plus de ressources dédiées à cette production criminelle.

Le seul obstacle est, pour utiliser une formule un peu grandiloquente mais tout à fait juste dans son contenu, est l’insurrection généralisée, la révolution.

A part cela, strictement rien ne peut s’opposer à cette tendance de fond.

Il est très hypocrite, par conséquent, d’imaginer que la cause avance parce qu’une petite partie de la population devient végane dans les pays développés, alors que l’exploitation animale gagne en même temps des parties toujours plus significatives du reste du monde !

Découpler l’analyse de l’exploitation animale de la situation mondiale est vide de sens.

Voilà pourquoi la COP 21 n’a pas parlé de l’élevage : si elle aborde la question, la contradiction avec ce qu’elle était censée défendre sauterait aux yeux, et de toutes manières l’exploitation animale est tellement présente dans la nature même des systèmes économiques des pays qu’une remise en cause n’est même pas envisageable.

L’association L214 a d’ailleurs, encore une fois, montré qu’elle était une machine à diffuser des illusions. Elle a payé afin d’avoir 170 exemplaires d’une de ses affiches dans le métro parisien pendant une semaine.

On notera que deux autres modèles d’affiches de L214 avaient été refusées par l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité), au motif que cela serait trop vindicatif, culpabilisateur, etc.

C’est là une initiative doublement fausse.

D’abord, parce que cela donne l’illusion que la COP 21 a été un lieu de débat où le réchauffement climatique a été abordé sérieusement. Or, pas une seule fois l’élevage n’a été mentionné, ce qui est logique de par la nature même des systèmes économiques.

Ensuite, parce que se concentrer sur les animaux d’élevage seulement revient à nier les animaux dans la Nature, ce qui est le grand travers des gens en France s’engageant pour les animaux, célébrant les actions-témoignages, les habits en noir, le rejet misanthrope du monde, etc.

Il faut au contraire comprendre que jamais l’affirmation positive d’une utopie à réaliser n’a été autant nécessaire, autant rendu possible. Ce système est intenable, instable, incohérent : il faut que les gens le voient, assument leurs responsabilités et la bataille pour la Nature.