Top Gear et l’éloge de la « ringardise » anti-COP21

Top Gear est une émission sur les automobiles qui a commencé à la fin des années 1970. Elle a été reprise par la chaîne RMC découverte, sur la TNT, en mars dernier.

Philippe Lellouche, acteur et présentateur de Top Gear France, a tenu des propos à BFM tv qui ont le mérite d’être une clarté absolue :

Interrogé sur l’absence des voitures électriques dans l’émission, Philippe Lellouche l’a reconnu en souriant : « Ce n’est pas ce qu’on préfère. La COP 21 ce n’est pas vraiment notre souci. Les moteurs atmosphériques, même si ça pollue c’est un grand kiff. Pour l’instant elles sont dégueulasses les voitures électriques ».

Une position pas vraiment dans l’air (pollué) du temps, alors que l’automobile est de plus en plus pointée du doigt et rejetée des centre-villes.

« Je sais que c’est ringard, mais je revendique ma ringardise », dit avec fierté le présentateur de Top Gear, qui assure se moquer d’être taxé de pollueur.

« Je crois que cette histoire de pollution est une immense histoire de faux-culs. Je ne pense pas que ce soit les voitures qui polluent le plus sur cette planète. Donc il faut arrêter cette chasse anti-bagnoles qui est un peu ridicule ».

Ce qui est dégueulasse, ce serait le style et l’apparence des voitures électriques, les voitures normales sont elles prétexte à un « grand kiff ». En termes classiques, c’est ce qu’on appelle beauf, du genre que Cabu assassiné il y a un an se plaisait à croquer, avec le ton moqueur qu’on lui connaissait.

Car le principe du beauf, c’est qu’il assume, justement. Il est ringard, il le revendique, pour lui c’est bien, c’est être vrai, authentique, etc. Que faire face à un tel conservatisme ?

Pense-t-on réellement qu’on peut convaincre de telles personnes ? On ne le peut pas : c’est toute une culture, avec des industries derrières qui en profitent et valorisent cette culture.

Le chasseur qui veut au fond se balader dans la nature, surtout, on peut tenter de le raisonner, mais celui qui porte en lui l’idéologie de la chasse et tout ce qui va avec, c’est impossible. C’est simplement un réac.

La société contourne ce problème, évidemment. Pourtant, si l’on voulait être sérieux dans la lutte contre le réchauffement climatique, on devrait supprimer au moins la formule 1 et les courses de moto, qui en admettant qu’elles relèvent du sport, polluent.

On dira que plein de choses autres polluent. Sauf que là c’est inutile, que ce sont des valeurs individualistes, liées à l’industrie, que cela n’a pas de sens de tourner en rond. Qu’on peut vivre sans.

Les beaufs alors arrivent en disant qu’on ne peut plus rien faire, qu’on supprime des libertés, etc. En réalité c’est leur idéologie du passé qu’ils espèrent maintenir.

Il en va de même pour la voiture. Le principe du beauf, c’est justement le conservatisme, le culte de l’apparence « macho », la mise en valeur des choses chères, le besoin d’avoir l’impression de contrôler quelque chose de puissant, etc.

L’homme au volant est une figure parfaitement critiquable, d’une niveau terriblement primitif.

Rien de nouveau, sauf qu’on a l’impression que la société française est d’une telle pesanteur que la culture beauf a triomphé de manière complète. Il y a l’adulte beauf conducteur de sa voiture à laquelle il ne faut surtout pas toucher, mais il y a aussi le jeune qui va au Mc Donald’s après avoir regardé Star Wars.

Le véganisme est ici un élément fondamental pour savoir qui est beauf et qui ne l’est pas. Être vegan ne suffit pas pour ne pas être beauf… mais le fait de ne pas être vegan témoigne qu’on est encore lié au passé.