Reconnaître la dignité de chaque existence

Voici une vidéo très émouvante, montrant un chien qui a été battu et qui se fait caresser pour la première fois, dans un refuge.

Cela se passait en Roumanie, il y a quelques jours, mais ce qui compte c’est l’universalité de ce besoin de vivre. Spinoza résumait cela en disant que chaque être vivant compte justement le rester, vivant, et vivre de manière conforme à son existence. Voici comment il formulait cela :

« Chaque chose, autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans son être. »

« L’effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n’est rien de plus que l’essence actuelle de cette chose. »

Pour Spinoza, c’est vrai de toute chose, et a fortiori encore plus des êtres vivants. Voilà pourquoi le véganisme ne peut être qu’universaliste. Il ne peut pas connaître de limites.

On dira que le véganisme ne s’étend pas aux végétaux ; c’est vrai aujourd’hui et pour longtemps encore, mais à terme il est évident que l’humanité choisira de s’abstenir également de supprimer la moindre vie végétale.

C’est une question d’époque et de moyens. On ne peut qu’être admiratif des premiers jaïns et bouddhistes en Inde qui ont choisi cette morale (et l’époque explique aussi pourquoi cela a raté).

Le roi Ashoka qui avait créé des centres hospitaliers pour les humains avait fondé en même temps la même chose pour les animaux : on ne peut pas faire les choses à moitié.

Le grand problème de ceux et celles qui raisonnent par étapes et prétendent qu’il ne faut pas promouvoir le véganisme et la libération animale est le manque de réalisme : déjà l’industrie ne se réforme pas, elle se révolutionne, ensuite le fait de relativiser la morale tue la morale.

Prenons l’exemple d’Aymeric Caron, qui jamais n’aborde la question du véganisme. A-t-il moralement le droit de parler pour les animaux ? On arguera que c’est toujours mieux que rien. Mais qui a dit qu’il n’y avait rien ?

Pourquoi ne pas penser, comme Gary Francione, le fait qu’une petite minorité de vegans aux idées claires aurait un impact bien plus important ?

Pourquoi, de manière bien plus réaliste, ne pas penser que le réformisme même « révolutionnaire » à la Francione ne saurait aboutir et que la libération animale va de pair avec tous les idéaux progressistes de révolution sociale, de changement de société ?

Ce qui ne veut nullement dire qu’il faille faire un « antispécisme » qui ferait partie d’une accumulation sans fin avec l’anti-racisme, l’anti-sexisme, etc.

Le véganisme doit être une valeur positive, celle d’aimer les animaux, de les défendre, de les protéger, de s’interposer pour affronter ceux qui les attaquent.

Cela n’est pas négociable, ni dans l’espace, ni dans le temps : la rupture est nécessaire et on doit faire autant que possible.

Il en va de la dignité de ce chien qui a été battu et qui est submergé par des émotions contradictoires alors qu’on va à sa rencontre, qu’on reconnaît la dignité de son existence.