« Veggan », le nouveau et horrible concept

Il y a quelques jours, nous parlions du véganisme et des oeufs. Nous y disions, pour résumer, que les oeufs ne tombent pas du ciel mais dépendent d’une certaine production, qui elle-même est nécessairement liée à l’exploitation animale.

C’est cela avoir une vision universelle et ne pas se limiter à un point de vue individuel. Naturellement, les partisans de la petite production, du localisme, des zads, réfutent cela.

« Il n’y a pas de mal », voilà le refrain, tel que celui d’Ellen DeGeneres, présentatrice américaine qui se dit vegan mais qui « accepte » les oeufs de sa voisine qui « possède » une poule.

Il y a même désormais un terme pour cela, car ces dandys de la morale sont prêts à tout : « veggan » – ce qui donnerait une personne se disant « vegan » mais intégrant les oeufs dans son alimentation.

Voici une définition donnée par Metro Montreal :

Qu’est-ce que la diète «veggan»?

Non, ce n’est pas une faute de frappe. La diète «veggan», avec deux «g», veut dire qu’on mange végétalien, mais qu’on accepte aussi les oeufs dans son alimentation. On retrouve donc le mot «egg» dans «veggan». L’expression est anglophone, mais elle est utilisée par tous.

Si le mot «veggan» a été créé, c’est parce qu’en mangeant des oeufs, on ne peut pas se considérer comme végétalien. Pour être végétalien, il faut s’abstenir de consommer tous les produits issus d’animaux, dont les oeufs. Certains végétaliens se laissent cependant tenter par les oeufs, qui sont une excellente source de protéines.

La tendance est bien imprégnée sur les réseaux sociaux, alors que plusieurs partagent leur repas «veggan», incluant un oeuf ou deux.

Il va de soi qu’internet est justement ici le vecteur « chic » d’une telle démarche, surtout sur instagram, avec par exemple une « experte » journalistique en alimentation comme Vicky Anne Hadley.

On est ici dans la course à ce qui sera à la mode, nouveau, original, etc.  On est dans une démarche non seulement anthropocentriste, mais également individualiste.

Tellement d’ailleurs, que heureusement les réactions sont très nombreuses en Angleterre, où cette horreur « veggan » est née, afin de tenter d’organiser un contre-feu à ce qui apparaît comme une tentative hypocrite de plus visant à relativiser le véganisme.

Mais comme la presse est friande de choses « originales » pour remplir du papier, qu’il est toujours utile pour les libéraux de nier les principes formels et « dogmatiques » du véganisme, il y a un espace pour le « vegganisme ». Il est restreint, mais cela contribue à attaquer le véganisme.

On ne soulignera d’ailleurs jamais assez à quel point Paris joue ici un rôle d’avant-garde bobo « semi-vegan », à la mode New Yorkaise et « fashion », qui est à l’opposé de Berlin et Vienne. On a l’impression que des bobos, des grands bourgeois désireux de faire une carrière universitaire, des entrepreneurs notamment dans la restauration, ont fait main basse sur le véganisme.

Ce n’est pas qu’une impression d’ailleurs, et cela montre le côté friable du véganisme en France. C’est une sorte d’effet de mode, qui ne durera qu’un temps.  Aussi s’agit-il de souligner les valeurs d’origine et véritables!