Capitulation des parlementaires devant l’huile de palme

Hier, les parlementaires ont capitulé devant l’huile de palme. La taxe – parfois appelée « taxe Nutella » – devait commencer par 300 euros par tonne à partir de l’année prochaine, pour passer à 500 euros dès l’année d’après, puis 700 en 2019 et 900 euros en 2020, puis encore une nouvelle augmentation en 2021.

Finalement, les députés l’ont décidé hier, la taxe sera de… 90 euros, et de rien du tout pour les filières dites durables qui, rappelons le, n’existent pas de manière réellement vérifiée concernant cette huile ! Mais c’est un moyen de ne pas se confronter à la grande entreprise Ferrero, qui produit son Nutella justement en utilisant une certification RSPO (Table Ronde pour une Huile de Palme Durable).

On se souvient de comment Ségolène Royal s’était lamentablement dégonflée devant cette entreprise, en juin de l’année dernière. Comme d’ailleurs beaucoup de Français, puisque notre pays consomme 26% de la production du Nutella (dont 72% sont du sucre et de l’huile végétale)…

On a ici un degré d’inconscience, de mépris de son corps, de la Nature en général, qui représente une terrible aliénation. Que dire alors des traîtres, comme Barbara Pompili, qui est « l’écologiste » secrétaire d’Etat à la biodiversité, dont l’une des premières tâches est donc d’assumer cette capitulation totale devant un des phénomènes les plus barbares de ce début du 21e siècle.

Au moins, elle a le mérite de ne pas s’être dégonflée dans la trahison, justifiant la position des parlementaires en disant :

« Nous ne voulons ni d’un boycott de ces deux pays, ni même de l’huile de palme. »

Eh bien si, justement, il faudrait boycotter l’huile de palme, et toute personne ayant une conscience écologiste en France devrait pratiquer ce boycott. L’huile de palme est une cause de déforestation massive ; elle est un des principaux vecteurs de l’écocide.

Voici un simple exemple avec la déforestation concernant l’île de Bornéo….

Encore une fois, les intérêts des grandes entreprises passent avant tout. On remarquera encore à quel point celles-ci savent défendre leurs intérêts. Car cette fausse taxation (qui se répercutera simplement sur les prix) est un appel d’air pour la production d’huile de palme en Afrique. Le fait que l’huile de palme, que personne n’employait il y a peu, pousse aussi rapidement donne le même résultat que pour le soja : tout est systématisé.

Il n’échappera à personne que ce sont les grandes entités économiques – entreprises productrices, exportatrices, transformatrices, distributrices – qui décident de tout ici.

C’est très important de le voir parce qu’on trouve ici et là des argumentations totalement spécieuses contre la taxation. Sur Sciences et Avenir, on a par exemple le directeur régional du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), qui explique candidement que le lien entre déforestation et l’huile de palme n’est pas direct, que la taxe ne servirait à rien à part nuire aux petits producteurs, etc.

Quelle hypocrisie que tout cela, alors que l’huile de palme est une arme pour rendre justement les « pays en développement » dépendants, en les cantonnant dans leur rôle d’approvisionnement… Alors que de toutes manières ce sont les grandes entreprises qui donnent le ton et profitent de la situation!

Le député socialiste Jean-Louis Bricout a tenu le même discours, affirmant qu’il ne fallait « pas déstabiliser brutalement les approvisionnements des entreprises installées en France, ainsi que les revenus des producteurs de ces huiles, qui se situent majoritairement dans des pays en développement ».

Ne pas déstabiliser brutalement revient à ne pas déstabiliser du tout, et qui plus est il ne faut pas déstabiliser, mais supprimer… La planète Terre l’exige, la rupture complète avec ce mode de vie destructeur est une impérative nécessité!