Cortège armé anti-drogues à Exarcheia à Athènes

Nous parlions brièvement, il y a peu de temps,  de la main-mise de mafias de la drogue sur des lieux de vie dans le Nord-Pas-de-Calais et de la tentative de la part des habitants d’empêcher cela, ainsi que de la manière dont en Irlande du Nord les milices républicaines punissaient militairement les trafiquants.

Voici un autre exemple, qui se situe cette fois en Grèce. Il s’agit d’un cortège anarchiste contre la mafia et les trafiquants, mais pas anarchiste à la française, puisque d’ailleurs il est accompagné d’un groupe muni d’armes à feu, comme on peut le voir.

L’initiative a été portée par « l’Assemblée contre le cannibalisme social ».

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L’arrière-plan de cela, c’est le quartier d’Exarcheia, bastion contestataire d’Athènes. En l’occurrence, ce qui a amené la manifestation est une attaque au couteau perpétré par plusieurs mafieux dans la nuit du 26 au 27 février, contre des gens ayant interrompu leurs remarques sexistes à l’égard d’une femme qui passait. L’un de ces mafieux est connu dans le quartier pour avoir porté des coups de couteaux à vingt personnes, attaqué une femme ayant parlé de cette situation sur Indymédia Athènes, etc.

A la suite de cette attaque de plus, 200 anarchistes ont « nettoyé » le quartiers des individus ayant des « comportements anti-sociaux », selon l’expression employée là-bas, qui choquera beaucoup d’anarchistes ici on s’en doute, mais aussi en Grèce. Les anarchistes de l’assemblée contre le cannibalisme social ont en effet décidé de rompre avec un certain « libéralisme » aboutissant à la tolérance de comportements anti-sociaux, ce qui donne un aspect indéniablement « autoritaire ».

Derrière l’assemblée, il y a également une pratique, polémique chez les anarchistes d’attaques contre les mafias, afin de les chasser de certaines zones, les mafieux n’hésitant pas à attaquer un squat (le Centre Social Occupé Vox) avec des armes à feu, etc.

Le problème est donc saisi, mais tardivement. Cela fait des années qu’il y a plusieurs centaines d’histoires comme cela, qui ont touché la population « normale ». La police a laissé faire afin d’isoler dans une sorte de « ghetto » les contestataires, n’hésitant pas à pousser les trafiquants et consommateurs de drogues à s’installer dans cette zone.

Comme on s’en doute, la police fait tout pour faire en sorte que les drogues se diffusent, servent de vecteur à la dépolitisation, etc. A cela s’ajoutent la corruption directe des forces de police, qui est paraît-il, très grande là-bas et la mentalité de fuite individuelle, de consommation « alternative » de drogues, etc.

L’image du quartier d’Exarcheia s’est donc particulièrement dégradée, n’ayant pas l’air du tout d’être un bastion révolutionnaire, mais plus une zone de non-droit et l’assemblée contre le cannibalisme social tente de renverser la tendance.