L’alcool, vecteur de la brutalité

L’alcool enivre et permet à toutes les influences déraisonnables de prendre le dessus. Le résultat en est régulièrement, chaque week-end en particulier, un déferlement de brutalité.

Dans les situations les plus précaires, quand le désespoir côtoie le désœuvrement et la misère, cette brutalité est acharnée.

Voici ce qu’on lit dans La voix du Nord au sujet d’une rixe dans un camp de migrants proche de Dunkerque ces derniers jours :

Un règlement de compte entre réseaux de passeurs sur fond de guerre de territoire ? Pas du tout. Ce soir-là, d’après des sources policières, l’alcool a coulé à flots dans le camp. Les esprits se sont échauffés. Dans ce contexte d’alcoolisation, une trentaine de migrants, principalement des ressortissants irakiens, ont décidé d’en découdre.
À coups de bâtons, de battes de base-ball et de couteau, dans la mêlée, trois Irakiens ont été blessés à l’arme blanche.

Cela est vrai aussi pour les pauvres en général, avec le plus souvent les femmes qui sont des cibles, comme ici en Charente, comme le raconte Sud-Ouest:

Monsieur a un problème avec l’alcool. Madame est son défouloir. (…) Lundi, il a pris sa journée pour s’occuper de ses deux jumelles de 3 ans. Sa compagne, élève infirmière, est absente. Quand elle rentre le soir, son conjoint, ex-alcoolique, a bu. Une dispute éclate, les insultes fusent.

Alertée par le bruit, une voisine intervient et pousse l’homme à partir. Ce n’est que le mardi, vers 8 heures, qu’il rentre à la maison après avoir copieusement abusé de l’alcool une grosse partie de la nuit. C’est là qu’il empoigne la mère de ses enfants par le cou, la plaque au mur. En pleurs et enfermée dans les toilettes, elle appelle la police qui vient rapidement interpeller le compagnon violent.

On aurait tort de penser que ce n’est pas toute une culture. Voici ce que nous raconte le journal 20 minutes :

Samedi dernier, juste avant la rencontre de Ligue 1 entre Lyon et Nantes (2-0), les buvettes du Parc OL avaient préparé comme à chaque fois depuis janvier de nombreux verres de bière afin d’anticiper le rush des commandes d’avant-match.

Sauf que ce coup-ci, la plupart des supporters ont rebroussé chemin en constatant qu’il s’agissait de boissons sans alcool. « Au total, nous avons vendu deux fois moins de bières que lors des six premières rencontres au Parc OL. Et celles sans alcool coûtent un euro de moins », constate le stadium manager lyonnais Xavier Pierrot.

Comme on le voit, c’est bien l’ivresse qui est recherchée. L’article raconte ensuite comment c’est le club lui-même qui a appuyé cette tendance à l’alcool, en prenant des « libertés » avec la loi.

Sauf que l’OL, qui a déjà vendu de l’alcool à six reprises dans son nouveau stade, n’avait nullement prévu de se plier à cette loi [de dix autorisations par an de vente d’alcool dans les enceintes sportives].

« Nous ne sommes pas sur ce schéma-là. Nous nous appuyons sur le rugby, qui a beaucoup plus l’habitude de vendre des bières que le football. Les mairies de Vénissieux, Toulon ou Clermont-Ferrand n’imposent pas cette limite. Nous assumons la sécurité des spectateurs, notamment grâce à une vidéosurveillance bien meilleure qu’à Gerland », répond Xavier Pierrot.

Dans son antre historique, l’OL avait déjà introduit la vente de bières alcoolisées depuis deux ans. Le club évitait juste d’en faire la demande à la Ville de Lyon lors des matchs de gala (OM, PSG, ASSE…), au vu « du dispositif global de sécurité pas optimum » au cœur de cette enceinte ouverte en 1920.

L’article mentionne également la réaction du président du club lyonnais, qui est d’un cynisme complet.

L’affluence est liée à l’ivresse : c’est bien là un éloge de la déraison. Quant au motif, il est bien entendu économique.

Une sacrée preuve de la guerre des riches contre les pauvres: ceux-ci doivent rester déraisonnables, se cantonner dans la brutalité, travailler pour enrichir d’autres!