Nouveau rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants

L’Organe international de contrôle des stupéfiants, un organisme de l’ONU, vient de rendre son rapport, en anglais, avec une partie traduite en français.

Voici quelques passages intéressants.

12. Les résultats des conventions sont difficiles à mesurer car il est difficile de savoir ce qui se serait produit si l’on ne s’était pas mis d’accord au niveau international sur des mesures de contrôle des drogues. En 1906-1907, alors qu’aucun accord international en matière de contrôle des drogues n’avait encore été adopté et que la Terre comptait moins de 2 milliards d’habitants, la production mondiale d’opium était estimée à 41 600 tonnes.

Alors que la Terre compte maintenant plus de 7 milliards d’habitants, l’estimation la plus récente de la production mondiale illicite d’opium publiée dans l’édition de 2015 du Rapport mondial sur les drogues de l’ONUDO donne un chiffre de 7 554 tonnes, ce qui ne représente qu’une fraction des quantités qui étaient produites il y a un siècle. En outre, la mise en oeuvre effective des conventions par les gouvernements peut expliquer, au moins en partie, qu’il est difficile de détourner des stupéfiants, des substances psychotropes ou des précurseurs chimiques du commerce international licite.

13. Par ailleurs, l’abus de drogues a été contenu par rapport à la consommation d’autres substances plus facilement accessibles comme l’alcool et le tabac, dont l’abus est beaucoup plus répandu. Ealcool entraîne plus de violence et le tabac nuit davantage à la santé que toutes les drogues placées sous contrôle réunies, principalement parce qu’ils sont plus faciles à obtenir et que les personnes qui en consomment et en abusent ou qui sont susceptibles de le faire sont plus nombreuses.

De fait, ces deux substances font infiniment plus de victimes que les substances placées sous contrôle. Ces exemples de produits disponibles dans le commerce montrent les dangers qu’il y aurait à utiliser à des fins non médicales des substances placées sous contrôle. Les conventions ont pour objectif de protéger la santé physique et morale des populations en prévenant ces dangers.

14. La difficulté pour les États lorsqu’ils s’acquittent de leurs obligations conventionnelles est de bien équilibrer leurs efforts de lutte contre la drogue. Ils devraient veiller à ce que ces efforts ne produisent pas des effets secondaires non désirés. Les usagers problématiques, qui ne représentent qu’une minorité des usagers de drogues, consomment l’immense majorité des drogues, généralement plus de 80 % du volume total.

En outre, c’est aux consommateurs qui se droguent en permanence ou régulièrement qu’est imputable la plus grande partie des dommages sanitaires et sociaux. L’un des moyens les plus efficaces de décourager les trafiquants serait de les priver de leurs clients.

Le fait d’éliminer une partie importante de cette source de demande grâce à des mesures de prévention et de traitement opérantes affaiblirait n’importe quel marché illicite de la drogue. Des efforts visant à prévenir l’usage de drogues de manière efficace et systématique devraient être entrepris dans ce contexte.

16. S’attaquer aux problèmes sociaux, économiques et politiques qui sont susceptibles de créer des conditions propices à la violence et à l’usage de drogues peut être aussi efficace que de cibler directement les drogues proprement dites.

Comme l’OICS l’a noté par le passé, la pauvreté, la faim, les inégalités économiques, l’exclusion sociale, le dénuement, les migrations et les déplacements de populations, l’accès limité à l’éducation et à remploi, et l’exposition à la violence et aux mauvais traitements sont au nombre des facteurs socio-économiques qui ont une incidence à la fois sur l’offre et sur la demande de drogues. Ces facteurs jouent un rôle important dans le problème de la drogue et ils doivent être pris en considération dans le cadre d’une approche globale.

Lors de la conception et de la mise en oeuvre de politiques visant à aider les personnes présentant des troubles liés à la toxicomanie, les États doivent examiner de plus près les facteurs socio-économiques tels que la pauvreté, la marginalisation, le genre et le développement de l’enfant. On ne saurait trop insister sur le fait qu’il incombe aux familles et à la société de protéger les enfants en créant des conditions propices à la prévention de l’abus de drogues.

24. La violence est peut-être la conséquence la plus visible et la plus pernicieuse du trafic de drogues. Les perspectives économiques intéressantes qu’ouvre la demande illicite de drogues attirent les criminels et renforcent leur volonté et leur capacité de recourir à la violence pour protéger les opérations illicites liées à la drogue.

Les conflits territoriaux entre organisations rivales de trafiquants, les règlements de comptes et les actes d’intimidation génèrent une violence dont l’objectif est la domination du commerce illicite de drogues; c’est le cas en particulier dans les communautés situées dans des zones de production illicite ou à proximité, sur les itinéraires de trafic et dans les quartiers où la revente a lieu au grand jour.

De nombreux pays de transit sont également concernés par la violence liée au trafic de drogues. Des niveaux élevés de violence peuvent être atteints lorsqu’un groupe de trafiquants dispute le contrôle d’une zone à un autre groupe ou à l’État. L’imbrication du commerce de drogues et des conflits politiques peut aboutir à des niveaux terrifiants de violence.