Le Monde fait l’éloge de L214

C’est une opération de promotion de la plus haute qualité. Hier, le quotidien a mis l’association L214 en tête d’affiche de sa version papier, ainsi que sur le site du Monde, avec plusieurs articles mis en avant, et deux actualités.

La première est un article intitulé « Un nouveau cas de cruauté mis au jour dans un abattoir français« , avec une vidéo vue en exclusivité par Le Monde. Ce qui signifie bien évidemment que cela a été préparé en amont, avec l’aval de la direction du quotidien, à l’occasion d’une vidéo « choc » où l’on voit des animaux martyrisés lors de leur mise à mort.

La seconde, intitulée « L214, la méthode choc pour dénoncer les abattoirs » mais disponible en lien sous le titre « L214, des végans contre les abattoirs », consiste en une biographie des deux dirigeants.

Les deux articles ont été écrits par la journaliste du Monde Audrey Garric, que nous critiquions tout récemment en raison de sa position relativiste par rapport à un écocide de manchots (voir Écocide de manchots : « la réalité est beaucoup plus nuancée »).

Sur le fond, elle a « très bien travaillé » : L214 est présentée comme une association entendant radicalement abolir l’exploitation animale, avec des dirigeants sérieux et légalistes actifs depuis longtemps dans cet esprit institutionnel et médiatique, disposant d’un vaste budget de 600 000 euros par an, etc.

On trouve également, preuve de la bonne organisation, deux réactions suite à ce nouveau scandale de maltraitance dans un abattoir (ce qui est tout de même un pléonasme) : celle du directeur « choqué » de l’abattoir, ainsi que du directeur général de l’alimentation, qui exprime des propos allant dans le sens de L214, ce qui ne doit bien entendu rien au hasard :

« S’ils sont confirmés, ces faits sont inacceptables, et entraîneront une enquête judiciaire et administrative, avance Patrick Dehaumont, directeur général de l’alimentation, qui dépend du ministère de l’agriculture, avant d’avoir pu voir les images. S’il y a bien une nouvelle dérive, nous ne pourrons pas en rester là : il faudra renforcer les contrôles, avec une présence d’agents plus fréquente et peut-être une pose de caméras. »

Par la suite, l’abattoir en question a été fermé, le ministère de l’agriculture a demandé une enquête dans chaque abattoir dans les trente jours, le vice-président de la Confédération française de la boucherie s’est dit sur BFMtv scandalisé par ce qu’on voit dans la vidéo,  etc.

C’est un fait que l’on peut sans doute qualifier d’historique. Il faut voir les choses de manière concrète, et cela signifie comprendre que l’Angleterre a eu dans les années 1990 l’ALF, porté par les gens aimant les animaux et liés aux refuges, faisant face à une répression totale, une criminalisation terrible.

La France a, quant à elle, eu dans les années 2010 une vague de « végéta*isme » bobo et médiatique, cherchant à tout prix un ancrage institutionnel et commercial, avec le rêve de devenir professeur de faculté ou d’ouvrir son restaurant au moyen d’appel à financement fait en ligne.

Il n’est guère étonnant qu’un système prompt à s’aménager et à se réaménager soit tout heureux de dévoyer la cause animale dans un tel cul-de-sac. Au lieu d’appeler cet article « Le monde fait l’éloge de L214 », il aurait d’ailleurs été peut-être plus clair de dire : « Le quotidien des milliardaires Pierre Bergé, Matthieu Pigasse, Xavier Niel fait l’éloge de L214 ».

Il s’agit véritablement de deux approches qui, culturellement n’ont rien à voir et les gens de L214 en sont totalement conscients, puisque historiquement ils représentent les lignes anti-ALF et anti-Nature portées par les Cahiers Antispécistes.

On peut lire à profit comment par exemple la revue anglaise Arkangel – nous conseillons vivement nos articles La revue Arkangel, Les couvertures d’Arkangel, La couverture d’Arkangel numéro 12 – se faisait dénoncer par les Cahiers Antispécistes pour sa position pro-ALF et pro-Nature.

Ont également un intérêt certain les propos tout récents du porte-parole de L214 expliquant que, dans certains cas, il peut manger des oeufs et cautionner la vivisection.

Il y a deux visions du monde et la nôtre est très claire : ce n’est pas l’antispécisme, mais la défense de notre mère la Terre, l’amour des animaux, la libération animale comme valeur universelle non négociable, le véganisme démocratique porté par les gens.