Le principe du « salarié référent de la protection animale »

Le ministère de l’agriculture, après la nouvelle vidéo « choc » de L214, a pris une mesure qui est la seule chose que peut faire une telle institution dans une telle société : jeter de la poudre aux yeux.

Beaucoup de gens croiront, malheureusement, à cette fausse mesure, et c’est bien le problème de ce genre de stratégie fondée sur des croyances irrationnelles en les institutions.

Il s’avère donc que le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé que chaque abattoir, quelle que soit sa taille, allait avoir désormais « un salarié référent de la protection animale ».

Cela signifie qu’au sein d’une entreprise, une personne salariée va devoir s’occuper de la « protection animale », en sachant qu’il dépend de son patron, voire qu’il est lui-même lié à celui-ci en étant contremaître ou à un niveau de responsabilité quelconque.

Concrètement, cela sera juste une personne qui contribuera à masquer les crimes les plus criants, à moderniser l’industrie de l’exploitation animale pour qu’elle passe mieux dans l’opinion publique.

Cela existe même déjà depuis le règlement européen numéro 1099/2009 du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort :

1. Les exploitants désignent, pour chaque abattoir, un responsable du bien-être des animaux qui les aide à assurer le respect des dispositions du présent règlement.

2. Le responsable du bien-être des animaux est placé sous l’autorité directe de l’exploitant et lui fait directement rapport sur les questions relatives au bien-être des animaux. Il est en mesure d’exiger que le personnel de l’abattoir prenne les mesures correctives nécessaires pour garantir le respect des dispositions du présent règlement.

3. Les compétences du responsable du bien-être des animaux sont énoncées dans les modes opératoires normalisés de l’abattoir, et le personnel concerné en est concrètement informé.

4. Le responsable du bien-être des animaux est titulaire du certificat de compétence visé à l’article 21, délivré pour l’ensemble des opérations réalisées dans l’abattoir dont il est responsable.

5. Le responsable du bien-être des animaux tient un registre des mesures prises pour améliorer le bien-être des animaux dans l’abattoir où il exerce ses fonctions. Ce registre est tenu pendant au moins un an et mis à disposition de l’autorité compétente sur demande.

6. Les paragraphes 1 à 5 ne s’appliquent pas aux abattoirs qui abattent moins de mille unités de gros bétail (mammifères) ou 150 000 oiseaux ou lapins par an.

Les petites entreprises échappaient à cela, désormais elles devront faire comme les grandes, qui de toutes façon achètent de plus en plus les petites ou bien les poussent à la faillite. Ce renforcement de l’exploitation animale se développe sous le couvert de modernisation, y compris s’il le faut d’amélioration du « bien-être animal ».

C’est cela le grand enjeu et il ne faut pas être dupe : l’économie française n’a aucune intention de se passer de l’exploitation animale. Cela signifie donc que L214 accompagne ce qui sera la modernisation, l’adaptation à une situation changée, demandant en quelque sorte une exploitation animale à « visage humain ».

Le ministre de l’agriculture n’a pas hésité il y a trois jours à « rappeler » qu’il a fait de la protection animale « une priorité d’action pour son ministère ». D’ici une semaine se tiendra également un conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV), qui prendra des mesures.

Et dans ce cadre, comble de l’horreur, le ministère de l’agriculture parle du véganisme ! Non pas du vrai véganisme historique, qui veut la libération animale, mais de cette forme bobo d’individus soucieux de sa « bonne conscience ».

Voici ce dont parle le ministère de l’agriculture :

« Une évolution sociétale en cours

Des attentes sociétales nouvelles apparaissent en matière de BEA :

– Une évolution des consommations alimentaires (végétarisme, véganisme, attrait du consommateurs pour les filières plein air ou bio…)

– Un débat nourri sur le statut de l’animal qui se traduit tant par des colloques ou publications que par des propositions de lois qui ont abouti à la modification du code civil en 2015 ;

– Une médiatisation forte des questions de BEA des animaux d’élevage et des conditions d’abattage

– Une contestation renforcée de la production agricole française par certaines associations de protection animale »

Comme nous l’avions dit, les végans sont ici considérés comme une simple variable d’ajustement, le petit pourcentage de la population qui ne veut pas participer à tout cela et qu’il faut contenter de diverses manières en l’intégrant institutionnellement.

La plus grande catastrophe historique serait alors que le véganisme ayant progressé ces dix dernières années ne soit que le petit accompagnateur de l’explosion de l’exploitation animale à l’échelle mondiale.

Hors de question d’accepter cela et de faire un compromis avec le véganisme anthropocentrique : les animaux doivent être au coeur de la libération ! La Nature doit être protégée ! Pas de compromis en défense de notre mère la Terre !