A propos de l’arrêt temporaire d’une partie de la production de « foie gras »

Le foie est un organe bien précis du corps qui a trois fonctions : il épure, il synthétise et il stocke. Comme on le sait, en France des oiseaux sont gavés afin que cet organe soit malade, pour être ensuite consommé.

Une perspective horrible et un tel goût ne peut être que celui de la mort (ce qui veut dire que vouloir consommer son équivalent « végétal » relève de cette même approche morbide).

De manière intéressante historiquement, depuis hier, il n’y a plus de production de « foie gras » dans 18 départements du sud-ouest. Les abattoirs et les usines sont fermés jusqu’au 15 août 2016, l’objectif étant de stopper la grippe aviaire : les industriels cherchent à protéger leur production.

Cela représente 71% de la production nationale qui est stoppée pour un temps et il y aura 9 millions de canards de « produits » en moins, 38 millions l’étant normalement chaque année.

Ces chiffres sont gigantesques. On a beau le savoir, raisonner en termes de millions d’êtres qui vont être directement rendus malades, par un gavage brutal, est quelque chose qui ne peut que provoquer de l’aversion.

On se doute également de la dimension industrielle d’une telle démarche. Loin de l’image d’Épinal du « petit producteur », 90 % des animaux subissant la torture pour développer un foie gras sont « produits » par les groupes Maïsadour et Euralis.

Ce que cela montre, et c’est un argument pour le futur, c’est qu’il est possible de mettre un terme à l’exploitation animale. Si l’on est capable de cesser une partie de la production de foie gras pendant plusieurs mois, alors on peut la fermer pour plus longtemps, pour tout le temps, et cela même pour toute la production.

L’exploitation animale, ce n’est pas que l’alimentation, c’est aussi énormément de superflu, de manière de se faire davantage de profit en systématisant son utilisation, même lorsque ce n’est pas nécessaire.

Il y a ici un aspect essentiel, parce que tant qu’on aura pas un document de 250 pages expliquant de A à Z comment supprimer la production de l’exploitation animale dans notre pays, comment réorganiser la production, en maintenant les emplois ou en créant, le tout en haussant le niveau de vie, le combat contre l’exploitation animale ne sera pas crédible.

Évidemment, un tel programme ne saurait exister dans un cadre libéral où les entreprises font ce qu’elles veulent. Cela veut dire que le projet est fondamentalement autoritaire, expropriant des gens, faisant fermer administrativement des entreprises, interdisant des productions, etc.

Si l’on refuse cela, alors il n’y a que deux alternatives : espérer que tout le monde devienne vegan et que les entreprises s’adaptent à cette consommation vegane devenue majoritaire. Sauf que dans une société comme la nôtre, la majorité ne pourra pas devenir vegane, car les gens consomment ce que les entreprises leur imposent, et non l’inverse.

De par leur poids, leur influence, leur capacité à faire du profit, il est par ailleurs absurde de rêver et de penser que le capitalisme « vegan » sera capable de renverser le capitalisme non vegan.

Cela veut dire qu’on a besoin d’un mouvement vegan fort, strict sur les principes, formant un pôle moral irradiant et influençant massivement la bataille pour le changement social.

Vu que la France est très à droite pour l’instant et que les personnes contestataires n’en ont rien à faire de la Nature, la situation est plutôt mauvaise pour l’instant… mais demain les choses seront forcément très différentes.

En ce qui concerne le succès actuel du véganisme, force est de constater qu’il n’est pas une avancée en tant que « conquête », mais un simple rattrapage culturel d’une démarche existant depuis des années dans d’autres pays.

C’est quand il sera intégré comme sous-culture au sein du système général de l’exploitation animale que les choses vont commencer à être très sérieuses. Les personnes désireuses que la tendance au véganisme ne s’arrête pas mais triomphe vont porter quelque chose de très fort, qui va être en confrontation directe avec l’exploitation animale.

L’égalité animale, l’abolitionnisme, l’antispécisme, tout cela ce sont des mots : c’est d’une révolution dont on a besoin… dont les animaux ont besoin, pour que cesse l’anthropocentrisme, dans les idées comme dans le mode de vie de la société.